Des prêts d'une valeur d'une centaine de millions gagés sur de l'or en pacotille. Des agents mis en congé forcé. Des contrôleurs...
Des prêts d'une valeur d'une centaine de millions gagés sur de l'or en pacotille. Des agents mis en congé forcé. Des contrôleurs de la BCC mobilisés.Cette tempête se déroule avec un fond de règlements de compte entre bons amis. Et pendant ce temps, la direction et le CA refuse de communiquer. HaYba FM avait pris rendez-vous avec la Directrice mais, le jour arrivé, elle l'a annulé sans préavis.
Cela témoigne des difficultés que les journalistes ont pour avoir accès à l'information. Alors que de nombreuses personnes de l'intérieur comme de l'extérieur de l'entreprise nous pressent d'écrire sur cette affaire. Nous pensons que les dirigeants de la Meck seraient mieux inspirés, en ne faisant pas de la rétention d'informations un modèle de gouvernance. Nous avons été informés dès le début de l'affaire.
La direction de HaYba, a donné comme consigne de prendre le temps d'investiguer, pour éviter au maximum les risques de paranoia, et les rumeurs mal intentionnées qui pourraient porter préjudice à l'institution et aux clients. Les responsables des entreprises comme ceux des services publics causent plus de tort à leurs établissements en croyant "gérer l'information ".
Pour nous média, le respect du devoir d'informer est ce qui fonde le droit d'informer. Ce, au-delà de toute autre considération.
Une enquête est bel est bien en cours de la part du régulateur, la Banque Centrale des Comores, pour mesurer le degré de responsabilité, de tout ceux qui seraient mêlés à cette affaire, agents et cadres. Ce n'est pas un secret. D'éminents membres du Conseil d'Administration (CA) le confirment tout en prêchant la prudence. Si tant est qu'il y'ait affaire, tempère un haut cadre.
L'élément déclencheur fût la découverte par les services de contrôle après l'affichage dans le tableau de bord, d'une série de prêts tombés en perte dans la même période pour ne pas dire le même jour. Ces prêts seraient l'œuvre d'un bijoutier véreux qui aurait contracté plus d'une dizaine de prêts (15, déclare une source), auprès de la Meck Moroni avec des noms différents (prêtes noms).
Après c'est une succession de découvertes qui risquent d'entacher la réputation de la première institution financière du pays. Comme par exemple le fait que des agents achèteraient de l'or venu à échéance (avant d'être mis aux enchères) auprès des clients, puis le remettent en gage avec des taux ne dépassant pas les 3%.
Cinq cadres seraient concernés par le contrôle en cours. Les services crédits et celui de l'exploitation seraient dans le collimateur des enquêteurs. Chargé de gérer le crédit et l'épargne, le service de l'exploitation serait particulièrement visé.
Sur les cinq cadres mis en cause, 4 étaient envoyés en congé, nous-dit-on pour ne pas gêner l'enquête. Certains sont dejà revenus à leur poste. Est ce le signe qu'ils sont lavés de tout soupçon ? Rien n'est moins sûr. C'est la fin de l'enquête qui le déterminera. Toujours est-il qu'un des cinq cadres serait passé à travers les mailles du filet et n'a pas été mis en congé.
Normal, il bénéficierait d'une protection nucléaire explique un agent excédé et convoiterait le poste de chef de l'exploitation nous a confié un ancien salarié. Ce traitement est diversement apprécié au sein du CA. Certains parlent de deux poids et deux mesures un homme, au détriment du chargé de l'exploitation.
"Avant, pour nous aider à authentifier l'or en cas de doute on faisait appel à des bijoutiers, vu qu'on n'avait pas l'équipement de vérification. Je necomprends pas cette faille du service authentification renchérit un ancien agent de l'institution. Comble de négligence (?) en plus de la fausseté de l'or, les poids déclarés seraient aussi faux. On parle d'un préjudice qui avoisinerait les 2kg d'or.
Ce bijoutier n'est pas un inconnu de la Meck. Dans le passé il achetait l'or mis aux enchères pour ensuite aller le vendre à l'extérieur particulièrement à Dubaï. Ce qui explique peut-être, qu'il ait pu bénéficié d'une forme de complaisance de la part de certains agents. Un habitué de la maison en quelque sorte. Sinon comment expliquer que le service de contrôle d'authenticité ait pu faillir à ce point ?
On nous dit qu'à l'époque la mutuelle n'avait pas encore acquis l'outil de contrôle de l'or. Une argutie, dans la mesure où depuis toujours la Meck a toujours prêté sur gage et que jamais une faille de cette ampleur n'a été constatée.
Comment la cartographie censée mesurer les risques liés à toute opération de prêt a t-il pu passer à côté d'un tel abus ? Les possibilités d'occurrence des risques ont été minimisées voir sous-évaluées. Le mécanisme de gestion des risques a failli sur toute la ligne nous dit un spécialiste de la finance et des banques.
Le risque d'intégrité qui consiste à préserver l'institution contre les escroqueries intentionnelles a été totalement ignoré par le gestionnaire du dossier. Il faut rappeler que dans la microfinance, c'est le comité de crédit qui a le dernier mot pour l'octroi ou non des prêts.
Après une étude approfondie, le gestionnaire donne son avis et envoi le dossier au comité avec la fiche d'analyse qui contient entre autres les garanties proposées par le client. Le risque était trop élevé pour que les services concernés passent à côté . Une négligence impardonnable qui aura forcément un impact négatif et sur les ratios prudentiels et sur les fonds propres de la mutuelle.
On parle d'une perte sèche d'une centaine de millionsKMF voir plus. Quel serait l'impact sur les avoirs des clients si ces pertes devaient se confirmer ? En attendant l'Assemblée Générale Ordinaire du mois de novembre, le rapport du 3ème trimestre (octobre), peut donner un début de réponse à cette histoire rocambolesque.
Il est regrettable que Mme la Directrice, dont HaYba a, jusqu'ici, toujours apprécié la disponibilité pour éclairer les médias sur les affaires de la première institution financière du pays n'ait pas voulu répondre à nos questions.
Ahmed Said Badraoui
HaYba FM la Radio Moronienne du Monde
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