Covid-19 aux Comores : «De la panique générale à la manipulation politique»

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Daté du mois de juillet 2020, le numéro 14 du journal Uropve est paru. Après moult soucis, liés à l’impression et à l’acheminement, il paraî...


Daté du mois de juillet 2020, le numéro 14 du journal Uropve est paru. Après moult soucis, liés à l’impression et à l’acheminement, il paraît avec un questionnement musclé autour de la gestion de la pandémie dans l’archipel.

Une bonne petite nouvelle ! Le n°14 de Uropve est paru ! Certes, avec retard, mais il est bien sorti des presses pour le plus grand plaisir de ses lecteurs-contributeurs. Sept pages d’information sur la covid-19 aux Comores. De la panique générale à la manipulation politique, du rapport de la Cellule d’investigation et de veille sanitaire (CIVS) au plan de relance économique à Moroni, en passant par les petites histoire de l’ARS à Mamoudzou : le journal s’offre un petit tour d’horizon sur les grandes questions posées par la gestion de la pandémie. 

Avec des articles signés Kamardine Soule, Housni Kassim, Mahamoud Attoumani, A. O. Yazid et Soeuf Elbadawi. Principalement llustré par MAB Elhad, le numéro comporte, entre autres, un entretien accordé par le Dr Anssoufouddine Mohamed, un des médecins engagés sur le terrain contre la Covid-19, à Ndzuani comme au niveau de l’Union. Tout en pointant du doigt sur les dérives et les limites d’un système, Anssoufouddine Mohamed appelle à la nuance : « La covid-19 a surpris les systèmes de santé du monde entier, qui, on a vu, ont tangué, chancelé ou navigué à vue. Pour le cas des Comores, oui, il y a eu de l’improvisation, au début. Mais je crois que ce n’est pas le moment de s’auto flageller ».

Sur les sept pages de contenu, il y en a une sur Maore, où « le préfet, quand il parle haut et fort d’insécurité sur l’île, arrive à faire à croire que tous les problèmes, même le virus n’a rien de « comorien », viennent des îles voisines ». L’article, qui déborde quelque peu ce numéro de juillet, sorti avec énormément de retard, ramène à la confusion entretenue par les autorités françaises de l’île, qui, après des années de communication sur les Comoriens venant se faire soigner à Mayotte, se rendent bien compte que les moyens de l’ARS ne ne sont sont pas aussi concluants, comparée au bordel organisé du système de santé dans l’Union des Comores. 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ce numéro spécial sur la covid-19 mérite donc d’être lu et relu pour saisir un certain nombre d’enjeux sur le plan de la santé publique. Un numéro qui a eu toutes les peines pour sortir de l’imprimerie. A cause de contenus qui ont eu beaucoup de mal à remonter du terrain. « La panique de cette maladie fait dire tout et n’importe quoi. Nous ne sommes pas à l’abri des fakes-news et de l’instrumentalisation. Ajoutez-y le fait que les réseaux se font porte-parole des pires âneries sur la question, cous comprendrez notre difficulté » résume Soeuf Elbadawi, directeur de la publication. « Nous avions aussi des problèmes à solutionner sur un plan strictement pratique. Des problèmes nouveaux, liés à l’impression et à la diffusion ».

« Mais la covid-19 ne nous aura pas ». La phrase résonne telle une devise de scout. La rédaction de Uropve reconnaît que les temps sont durs. « Des soucis avec l’impression et l’acheminement du journal sont venus perturber nos acquis. il va falloir réfléchir, autrement, désormais ». Le numéro de mars, conçu à l’heure où débutait la grande panique du coronavirus, a même failli ne pas sortir. « On se demandait comment nous allions faire ? » Consacré aux femmes, il devait s’inscrire dans une dynamique plus large. Avec des événements publics au programme. 

Une rencontre à Sevran, en partenariat avec la PFAC (Plate-forme des associations comoriennes de la Seine Saint-Denis) et une exposition réalisée, en lien avec Washko Ink. « Tout a été annulé » selon le directeur de la publication. « Au-delà des contingences, on a du s’interroger sur notre avenir. Tout le monde nous parlait de diffusion numérique. On a mis presque deux mois à prendre une décision ». Au final, le numéro de mars est sorti, diffusé gracieusement (+2.000 envois). Il a été présenté comme un moyen de relancer le projet dans sa globalité. « Nous paraissons depuis juillet 2015. Nous avons atteint les limites de notre modèle économique. C’était l’occasion pour nous de le réinterroger, en long et en large, et de nous faire un peu de promo au passage ».

Une des premières solutions avancées durant le passage à vide du journal a été de se refuser à la diffusion numérique. « Nous appartenons à un marché de niche. Nous ne pouvons nous permettre de jouer avec le feu. Je pense à certains journaux comme Al-Watwan ou La Gazette que je reçois, parfois, sans y être abonné. Des amis, qui me veulent du bien, qui ont payé leur abonnement, trouvent normal de les partager. Ce qui est de nature à les fragiliser, économiquement ».

La rédaction de Uropve choisit de se maintenir en vie, en gardant son format papier. « Ce numéro de mars, nous l’avons considéré comme un cadeau offert à tous nos lecteurs, passés et à venir. On peut le télécharger sur notre site. Maintenant, il nous faut réfléchir à une autre manière d’exister, sachant que nous avons réduit la liste de nos abonnés pour ce re-démarrage. Avant, nous demandions une contribution à chaque parution au lecteur-contributeur. Désormais, nous privilégions la formule abonnement ». Certains lecteurs se plaignent ainsi de ne plus le recevoir comme avant. « C’était compliqué. Souvent, les gens prenaient le journal et nous promettaient leur contribution pour plus tard, parce qu’ils n’avaient pas d’argent sur eux, quand on livrait. Il arrivait qu’on oublie de les relancer ».

Désormais, il faudra régler son abonnement – 4 numéros/ l’année – à l’avance. « La question financière réglée, on peut parler d’autre chose avec le lecteur ». En réalité, c’est loin d’être gagné. Le journal, qui ne fait pas de profits, mais gagne juste assez pour financer ses contenus, se fondait parfois sur une subvention de Washko Ink. pour tenir. « Pas assez business. On n’a pas le profil d’une entreprise. On fonctionne presque en bénévoles de l’info. Et heureusement que la correctrice, pour ne citer qu’elle, ne rechigne pas à la tâche. Seuls les journalistes sont payés, et pas tous ». 

L’équipe a donc donc dû se trouver une nouvelle source de financement avec la publicité. « On avait juré qu’on en ferait jamais. Il nous aurait fallu nuancer notre discours. Ne jamais dire « jamais fontaine, je ne boirais de ton eau ». La quatrième de couverture est désormais dédiée à la pub. En phase-test sur cet aspect, les numéros 12 à 14 ont servi à communiquer sur des projets soutenus par Washko Ink. le principal soutien de Uropve. Il y a eu les pubs notamment du Fuka festival, du Muzdalifa House et de Ulimiz-b.com. « Maintenant, il nous faut trouver d’autres annonceurs, sachant les avantages que nous offrons en plus ».

Le promoteur de ce qui apparaît encore aujourd’hui comme un projet cite les expériences passées de Kashkazi et de l’Archipel pour dire sa difficulté à maintenir la tête hors de l’eau. « Ce n’est pas évident, mais nous restons un des rares supports indépendants de la place. Ni pouvoir, ni opposition, nous défendons l’intérêt commun ». Le journal n’a jamais cédé sur ce point. « On nous a déjà contacté pour savoir si on pouvait un numéro en lien avec des partenaires au développement. Nous avons dû refuser, pour ne pas risquer de tout mélanger. On a vite fait de devenir le communiquant d’une entreprise de soft power, sans s’en rendre compte ». 

La règle est donc toute simple, désormais. « Céder une page, mais ne jamais soumettre nos contenus au chantage des moyens. L’argent a vite de te changer les idées, et nous nous en méfions ». Le support peut ainsi continuer à interroger le destin commun, sans mollir dans ses positions. Annoncé sur la plate-forme ulimiz-b.com justement, il essaie de ne pas tourner le dos aux promesses de ses débuts. 

« On ferait autre chose, si on voulait gagner du fric. Mais il nous reste à aller au-delà de l’écrit. Nous comptons mettre en place une série d’événements dans l’année, par exemple, afin de renforcer nos liens avec nos lecteurs sur ce qui nous occupe, le contenu ». Des conférences, des show-cases, des expositions, en partenariat avec d’autres acteurs. En novembre, par exemple, Uropve se joint à un événement parisien, organisé par les éditions Bilk & Soul, en partenariat avec le restaurant Upisi. « Une occasion pour nous de défendre l’avenir d’un tel support, avec d’autres arguments que ceux de l’argent », confie Soeuf Elbadawi.

Med ©muzdalifahouse.com
Ambiance Covid-19 en plaine ramadan. Une photographie de MAB Elhad

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