« ka'imu », oyi wambwa notable, est une tutelle sacrée dans la vie quotidienne. Ces derniers temps, être notable devient un engouement d...
« ka'imu », oyi wambwa notable, est une tutelle sacrée dans la vie quotidienne. Ces derniers temps, être notable devient un engouement donc un « pourquoi pas moi aussi ». Et aujourd’hui cette institution est dépréciée par ceux qui prétendent l’avoir.
En ce moment, dans nos localités... la notabilité est traduite uniquement en « l’accomplissement du grand mariage », or les « dar’esh » bien dulcifiés l’étaient de même. Mais ça c’est avant. Donc après le mariage coutumier, il suffit qu’au niveau local tu disposes d’un poignet de jeunes discourtois pour imposer ta notoriété. La tonne de mensonges, est aussi un avantage.
Des notables, nous en avons vus. A Ngazidja bien sûr. Si le pays a pu échapper au pire des ères passées, c’est qu’il y avait du charisme, de la bonne foi, de la propreté morale… donc du mérite dans cette classe notoire d’autrefois. Le respect avant tout. Pas forcément qu’ils partageaient les mêmes opinions ni les mêmes courants politiques. Mais pour eux, c’était le pays d’abord. Bien sûr que dans le socle d’aujourd’hui on trouve quelques-uns dignes de ce nom, aussi conscients du crime, qu’ils commettent au peuple comorien par leur complicité et culpabilité à la fois…
« Une notabilité digne de ce nom »
Ce n'est pas coter le parler ou l’art de savoir louer un homme, un criminel d’Etat, un voleur d’honneur…, non. Sinon il y aurait une autre appellation, « griot ». Un notable, donc « ka'imu », on le voit lorsque le pays franchit le cataclysme, lorsque le peuple nage en eau trouble, vit dans l’angoisse… comme maintenant. Ce notable est sans couleur ni inclinaison. Il répare sa localité avant de viser ailleurs. Il doit dans un premier temps, être un homme propre. Ce n'est pas de « djuba » de marque Pierre Cardin ni Mharuma Yves Saint-Laurent… mais sa posture. Un homme envers qui, le regard d'autrui doit être craintif par respect. Une autorité morale disposant d'une compétence d'arbitrage... Un apôtre de la Paix, qui refuse d’aller là où sa faim l’oriente.
Et si l’on parle des noms icônes dans le quotidien du passé des comoriens ? Tant pis pour les ulcérés. Avant cette époque de « pourquoi pas moi aussi », des notables, nous avons vu. Avec les feux, Mkubwa Hassani, Uela Mitsamiuli, Abdou Mmadi Bangwa kuni, Muinyi Mondoha, Mkazi, Hadji, Abdoulfatah Mandjani, Kwambani, Said Salim Dahalani, Moroni… et tant d’autres. Cette génération a succédé celle de Hamada Mboreha, Dzahani II, Said Mohamed Abdurahmani, Hahaya, Alyamani, Mitsudje, Hadji Soefeini, Dembeni, Aliwa Habdallah, Funga, Aliwa Bwana, Moroni... et consorts. Avec ces hommes, les comoriens avaient un pays doté de mœurs, d’attente, de Paix et de stabilité. Ces hommes étaient des notables charismatiques dignes de ce nom. Ils stabilisaient avec bonne gestions leurs localités avant de prétendre s’imposer dans l’ensemble du territoire national… D’ailleurs, c’est l’histoire de leurs milieux qui les a imposés...
« Notables ou force du mal » ?
Et aujourd’hui, des nombreux hommes à l’écharpe, viennent des villes et villages en difficulté ; division, délinquance, prise de substance, dégradation des mœurs, pudeur attentée… le control de leurs milieux leurs échappe. Mais quand-même ils sont avides d’être appelés « Notables de la Nation », en grand « N ». Mais quelle ironie ? Ces hommes, « notables », marchant au rythme assimilé… et sélectif, assistent à la chute de notre l’Etat, à la fuite des valeurs traditionnelles de notre pays et même y sont parfois des causes.
Le mal frappe le pays en plein fouet depuis quatre ans. Leur protégé, colonel Azali a tué des enfants du pays à balles réelles ; des connus comme Fayçal Abdoussalam, Major Mutwi, Salim Nassor, Ahamada Gazon… et d’autres qui sont morts dans ses manœuvres noires..., ces hommes à l’écharpe, plongent dans leurs léthargies profondes. Azali et son équipe ont tué la pudeur, l'espoir, l'avenir. Ils ont asséché les caisses d’Etat, tué l'éducation, l'avenir en laissant foisonner les viols sur des mineurs aux Comores... Ces « notables », restent inertes face à ce fléau. Et même le fait que colonel Azali a torpillé le périmètre de « mila », grand modèle et patrimoine de la notabilité, ils ne disent rien.
« La profanation...»
Comme seule la CRC qui ne condamne pas les tueries des innocents par le régime en place aux Comores, ses « notables encartés » de même ne les ont jamais condamnées. Mais aujourd’hui leur Maitre, colonel Azali est hué en toute légalité à Mbeni, ces hommes se mobilisent avec leurs « écharpes » estampillés toute en discrétion CRC pour défendre « Fezinda ». Aujourd’hui, Ahmed Abdallah Sambi passe ses jours injustement en prison, on n’entend aucune voix de ces hommes qui veulent imposer leur pouvoir à un peuple déçu, trahi et qui s’indigne légitimement. Et pourtant certains parmi eux ont bénéficié directement ou indirectement le régime Sambi...
Quel ordre que ces hommes veulent mettre au pays qu’ils démolir par leur parrain, colonel Azali ? Ne serait-il pas intelligent et idéal de commencer à ajuster leurs localités souffrant avant de viser le pays ? Nous qui avons vu des notables, certes, ces encartés masqués de la CRC, sont loin de marcher sur les ornières de nos pères et grands-pères, apôtre de la Paix, artisans de la pudeur, des mœurs… d’autrefois. Eux qui ont construit un pays qui s’appelait Comores.
Par Said Yassine Said Ahmed
COMORESplus
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