Lettre ouverte Monsieur le président de la République, Nous avons été très surpris d’entendre vos propos sur le journal de l’Etat, ...
Monsieur le président de la République,
Nous avons été très surpris d’entendre vos propos sur le journal de l’Etat, Al-watwan, lors de votre allocution ce matin au stade de Hombo, à l’occasion du 45ème anniversaire de l’indépendance. Vous nous dites que vous ne lisez pas Al-watwan. A qui la faute Monsieur le président de la République ? Vous êtes-vous demandé pourquoi et comment nous en sommes arrivés là ? Avez-vous réellement pris la peine de vous demander pourquoi le traitement de l’information à Al-watwan diffère bien de La Gazette, Al-fajr voire Ortc aujourd’hui ?
Si vous aviez pris le temps de vous poser toutes ces questions et surtout d’essayer de voir de plus près la situation qui est la nôtre, vous auriez compris, Monsieur le président de la République, que ce qui arrive aujourd’hui a commencé depuis que VOUS avez choisi et nommé un nouveau directeur général pour s’occuper de la publication d’Al-watwan. Nous ignorons, monsieur le président de la République les missions que vous lui aviez assignées ce 12 juillet 2018.
Ce que nous savons par contre, c’est que depuis Al-watwan n’est que l’ombre de lui-même pourtant ce sont les mêmes journalistes qui écrivent le journal. L’information est triée au parfum des gouvernants. Est-ce sa mission ?
Ce sont ces mêmes journalistes qui durant des années ont lutté tant bien que mal pour leur liberté d’expression, pour un Etat de droit et pour une pluralité dans le journal d’Etat. Vous nous dites aujourd’hui, Monsieur le président de la République que vous ne nous lisez pas parce que nous vous vantons. Voulez-vous nous faire comprendre que vous avez mis à la tête du journal une personne qui n’a pas suffisamment compris vos directives ? On commence à en douter.
Lorsqu’en 2016, le journal, alors dirigé par un confrère, aujourd’hui devenu un de vos collaborateurs, a fait le choix de publier les résultats des élections présidentielles lesquels vous plaçaient premier à l’issue de la partielle qui a eu lieu à Ndzuani, Al-watwan a pris position pour le choix du peuple et la démocratie et assurément pas pour vous "vanter". C’était un énième combat d’Al-watwan pour un Etat de droit. Nous n’allons pas revenir sur tous ces conflits qui nous ont opposés à vos prédécesseurs ni même à vous lors de votre PREMIERE mandature.
Non Monsieur le président de la République, nous allons nous contenter de vous rappeler qu’il n’y a pas si longtemps vous vous offusquiez de voir vos opposants s’exprimer dans les colonnes d’Al-watwan alors que c’est vous qui payez les journalistes. Et si depuis vous ne trouvez que des articles qui vous "vantent" dans ces mêmes colonnes, c’est parce que tous ceux qui relèvent des faits sur votre action, critiquent votre gouvernement et le "régime" sont systématiquement censurés par celui même que VOUS avez nommé. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé mais tous ceux qui ont osé aller à contre sens ont été clairement remis à l’ordre. L’entêtement de Faiza Soulé Youssouf à persévérer lui avait valu un licenciement. Certaines plumes se sont tout simplement retirées pour ne pas voir leur encre diluée au final.
Cependant, Monsieur le président de la République, nous vous prenons aux mots et vous promettons que les articles qui vous "vantent" seront bannis. Out donc les articles sur les cérémonies sans fondement, les inaugurations dont vos ministres en raffolent ou encore notre impossibilité, à cause de la ligne défendue par votre protégé, de donner la parole à l’opposition et de relever les erreurs de votre gouvernement. Fini les interviews "qui n’en sont que de nom" comme celles de certains hauts responsables du gouvernement ou les pseudo-conférences de la "jeunesse pro pouvoir" et des "cadres du pouvoir". Fini aussi à tous ces directeurs, collaborateurs, ministres et autres "pro pouvoir" qui veulent "faire de la figuration dans le journal". Fini la propagande et nous osons espérer que vous nous lirez quand nous écrirons des enquêtes qui évidemment ne "vanteront" pas l’action gouvernementale.
Monsieur le président de la République, si nous avons choisi la voie d’une lettre ouverte, sachez que c’est parce que notre réaction n’aurait pas l’agreement du responsable de la publication, que VOUS avez nommé, pour une insertion dans le journal Al-watwan.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre haute considération.
Signataires
- Nassila Ben Ali
- Abdillah Saandi Kemba
- Mohamed Soilihi Ahmed
- Faïza Soulé Youssouf
- Cheha Ali Hamadi
- Elie-Dine Djouma
- Abdallah Mzembaba
- Ibrahim Youssouf Hamidou
- Abouharia Saïd Abdallah
- Sardou Moussa
- Chaarane Mohamed
- Ali Abdou
- Abdou Moustoifa
- Nazir Nazi
- Ramlati Moegni Bacar
- Mahdawi Ben Ali
- Chamsoudine Saïd Mhadji
- Bahiya Soulayman Ben Bacar
- Hamidou Ali
- Abdallah Saïd Ali
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