L'ancien ministre des Affaires étrangères Aboudou Soefo et le Président Azali Assoumani le 5 mars 2006 à Dakar © AFP/Archives - Seyll...
L'ancien ministre des Affaires étrangères Aboudou Soefo et le Président Azali Assoumani le 5 mars 2006 à Dakar © AFP/Archives - Seyllou |
A la fin de l'interrogatoire que j'ai subi à Kandaani dans le cadre des évènements de 1985, le Capitaine Laurent, le mercenaire qui menait l'enquête, me disait ceci: " nous savons que nous ne pouvons pas continuer comme ça et nous allons en faire part au Président. C'est à lui de voir s'il démocratise ou pas ".
C'est pour vous dire que même les mercenaires en ont fini par se dire que la situation s'avère intenable pour eux sans une démocratisation.
Comment est-il concevable que vous puissiez ordonner une expédition punitive contre tout un village, au seul motif qu'il y ait eu lieu une manifestation interdite ? C'EST VOTRE PEUPLE!
Monsieur le Président , vous êtes un haut gradé de l'armée. Permettez-moi de vous rappeler quelques faits historiques :
1/ face à la détermination croissante des Portugais contre la dictature de Salazar , l'armée a fini par refuser de réprimer. Elle s'est sympathisée avec son peuple en accrochant une fleur d'oeillets au bout de leur fusil. D'où le nom de " révolution des œillets " qui a mis fin à la dictature au Portugal en 1974.
2/ Au cours du processus de la révolution islamique en Iran, face à la détermination du peuple iranien, l'armée du Shah d'Iran, et plus particulièrement la fameuse unité d'élite connue sous l'appellation de " les immortels " a fini par cesser de combattre et s'est sympathisée avec le peuple iranien jusqu'à la victoire en 1979.
3/ lors de la "révolution du jasmin" en 2011 en Tunisie, le Général Rachid Ammar , Chef d'état-major des armées, en est arrivé à refuser d'obéir à la hiérarchie, en déclarant qu'il est là pour assurer la sécurité pour le peuple.
4/ Au cours de la récente révolution égyptienne, le Maréchal Tantaoui n'a cessé de recommander aux forces militaires de ne pas se livrer à des exactions en direction des manifestants.
5/ Vous même , Monsieur le Président , en tant que chef d'état-major , vous avez refusé de donner une suite favorable à la demande de feu Abbas Djoussouf, Premier Ministre, en Mars 1999 consistant à mater le mouvement
" Ndimu, ndimu ".
Tout ça pour vous rappeler, Monsieur le Président, que la mission d'une armée qui se veut républicaine , n'est pas de réprimer la population mais de défendre le pays et sa constitution.
Il n'y a rien d'anti- constitutionnel dans le fait que des leaders politiques, accompagnés de certains partisans, honorent le 6 juillet dans la paix. Aucun acte d'incivilité n'est à mettre à leur actif.
Monsieur le Président, pour bien de citoyens de notre pays, le sentiment unanime est que trop....c'est trop. La gouvernance doit changer.
Aboudou Soefo
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