Azali n’ayez pas peur ! Mon nom est Aboubacar, je suis un progressiste libéral et féministe. Il y a quelques semaines, j’ai pub...
Azali n’ayez pas peur !
Mon nom est Aboubacar, je suis un progressiste libéral et féministe.
Il y a quelques semaines, j’ai publié un témoignage sur les conditions de détention et l’état de santé du président Sambi: [J’ai visité Sambi et l’indignité!]
Vous avez été nombreux à être touchés par ce témoignage. Aujourd’hui il est de mon devoir de vous informer de l’état d’avancement de ce dossier et de m’adresser à Azali pour le rassurer.
Il faut sauver Sambi
Au cours des derniers mois, il y a eu différents niveaux de mobilisation:
Les avocats de Sambi ont déposé un dossier solide qui met en évidence la fragilité de la santé de leur client. Je tiens à saluer le travail et le dévouement de ces avocats. Le medecin de Sambi a pris la peine de confirmer publiquement (très rare) la dégradation de l’état de santé de Sambi. Cette dégradation était prévisible vu les conditions de détention. Je ne suis pas étonné de cette dégradation et d’ailleurs je l’avais prédit dans mon témoignage quand j’ai fait mention des conséquences d’une exposition répétée à de la moisissure. On est rendu là malheureusement.
Des hautes personnalités du pays ont fait différentes interventions auprès des dépositaires de fait de l’autorité en Union des Comores. Un grand merci à ces personnalités (qui, comme moi, sans etre proche de sambi politiquement) ont compris qu’il faut laisser un espace de pacification (Pvahanu pvowandzaniya)
La mobilisation des comoriens en faveur de Sambi est sans égale. Cette mobilisation à travers les réseaux sociaux est impressionnante. Certains le font par amour pour Sambi alors que d’autres par attachement à la règle de droit sans nécessairement partager un lien idéologique avec Sambi.
A ce travail, s’ajoute une mobilisation diplomatique sans précédente en faveur de l’évacuation de Sambi pour qu’il puisse recevoir les soins dont il a besoin. La pratique veut que je me limite à cette phrase pour ce qui est de ce volet malgré les récents écarts d’Amine Soeuf. Juste lui rappeler que le droit d’ingérence existe. C’est ce droit qui a légitimé sa nomination au Mali. Je dois aussi reconnaitre qu’il a travaillé fort sur ce dossier mais il se heurte à l’intransigeance de son chef. Dommage qu’il n’a pas le courage de tirer les conséquences des humiliations récurrentes dont il fait l’objet dans ce gouvernement.
A l’issue de ces mobilisations, des avancées notables ont été enregistrées:
Le juge d’instruction a signé une ordonnance autorisant l’évacuation de Sambi. Je tiens à rapporter une anecdote très humanisante pour le juge d’instruction. Quand je suis allé chercher le permis pour visiter Sambi, le juge était pressé de sortir car il devait rejoindre sa grand-mère hospitalisée. Le juge a quand même pris le temps de signer mon permis avant de courir au chevet de sa grand-mère. J’y ai vu un signe d’espoir malgré l’obscurité du tunnel dans lequel se trouvent les Comores en ce moment.
Un dossier complet a été préparé en vue de l’évacuation de Sambi. Tout était en place pour permettre au président Sambi d’aller se faire soigner. Personne ne s’attendait à ce qu’Azali intervient PERSONNELLEMENT pour bloquer l’évacuation.
Sambi est toujours détenu illégalement mais la donne a changé car la communauté internationale est hautement sensibilisée à ce dossier. Sambi est de plus en plus de la « la viande cervicale pour ce régime ». Nous devons continuer la mobilisation car notre désire de sauver le soldat Sambi, c’est la nation ya Komori que nous somme entrain de libérer.
La peur au cœur de l’indignité et de la cruauté
La peur excessive qu’Azali manifeste envers Sambi conduit non seulement à de l’indignité mais aussi à de la cruauté. Cette même cruauté qui a contraint un ancien premier ministre à prendre un Kwassa pour aller mourir à Mayotte. Quelle indignité et quelle cruauté! Mon Dieu, les espaces de réconciliation et de pacification se font de plus en plus restreints.
Les chancelleries présentes à Moroni ont constaté cette peur il y a fort longtemps et l’une d’elle écrira dans un câble : « une peur paranoïaque qui les pousse à poser des gestes insensés ».
Par gestes insensés, comprenez exécution, détentions arbitraires, torture, arrestations, bâillonnement…
Dans mon témoignage, j’ai mentionné que la stratégie d’Azali consiste à neutraliser le peuple en neutralisant les personnes qu’il estime capables de le mobiliser en sa défaveur : Sambi et Campagnard.
En 2016, j’avais écrit à Azali ([Azali marquera-t-il enfin l'histoire des Comores?]) mais je pense qu’il ne m’avait pas lu. Maintenant que j’ai la confirmation qu’il lit mes publications et que ses services s’intéressent à moi, je vais le rassurer en lui disant que Sambi et Campagnard ne constituent aucunement une menace pour son régime. Il serait temps de laisser tomber les accusations grotesques qui pèsent sur Campagnard et de laisser Sambi aller se soigner. J’ai eu la chance et le privilège de discuter avec ces deux hommes en toute indépendance et avec mon sens de l’écoute et de l’observation. Tous les deux sont attachés à un pays paisible et orienté vers l’avenir.
Quelle sagesse pour Colonel Campagnard. Il m’a clairement signifié que l’idée de recourir à la force ne lui a jamais traversé la tête. Azali est d’ailleurs au courant des intentions nobles de Campagnard.
Quelle endurance pour Sambi. Il m’a confié son attachement à un pays paisible et orienté vers l’avenir de sa jeunesse malgré son incarcération injuste. Sambi s’y était engagé par écrit quelques mois avant ma visite.
Azali, n’ayez pas peur car les deux hommes qui ont à la fois les moyens et toutes les raisons (vu le mal que vous leur avez fait) pour vous neutraliser n’ont jamais eu l’intention de déstabiliser le pays par la force.
Azali n’ayez pas peur, il est temps de saisir l’occasion pour sortir dignement de ce tunnel sombre et de bâtir un pont vers la lumière. Il est temps d’ignorer les conseils maléfiques des trois plus UN conseillers qui vous enfoncent chaque jour. Je vous invite à recréer un espace de réconciliation en libérant immédiatement les prisonniers politiques détenus ici et là et en cessant les intimidations de tous les jours particulièrement à Anjouan.
Azali je vous invite à lire ma lettre de 2016 et ma récente publication sur les investissements ([Pourquoi investissent -ils?]). Dans ces deux textes, il y a les fondements d’un pays orienté vers l’avenir.
Azali n’ayez plus peur, il y a eu assez de morts, d’orphelins, de veuves, de torturés, d’humiliés, de détenus, de destins brisés, de spoliation...
Azali, croyez-moi, votre ennemi n’est pas en prison. La menace à votre régime se trouve dans les villes et villages des Comores. Cet ennemi s’appelle le peuple dans sa souffrance à jouir de sa liberté, à se nourrir, à se sentir en sécurité, à se soigner et dans son incapacité à rêver d’un avenir meilleur. Ce peuple finira par se révolter car voilà bientôt quatre ans de règne et aucune évolution structurelle à l’horizon.
Un de vos ministres se demande pourquoi autant de balai d’investisseurs et pas le moindre dollar investi? La réponse est pourtant simple : le risque élevé lié à l’environnement politico-judiciaire que vous avez créé dissuade les investisseurs sérieux, non mafieux et créateurs de richesse et d’emploi. J’ai la chance de connaitre le fonctionnement de ce monde. Certains sont sérieux mais je vous garantis qu’ils n’investiront pas un dollar avant la disparition de ce nuage sombre de nature politico-judiciaire qui recouvre les Comores.
La communauté internationale dans son aversion au vide et au désordre vous supporte mais elle se rangera vite du côté du peuple comorien si ce dernier décide de se révolter contre vous.
Azali, n’ayez plus peur et surprenez les comoriens et la communauté internationale dans un discours qui commencera ainsi : Il y a quelques heures, j’ai ordonné la libération de tous les prisonniers politiques et instauré les libertés individuelle...
Faites-le pour le pays et avant qu’un autre discours sur vous soit écrit et lu.
Dieu bénisse les Comores, le Canada et les USA.
Par Madi Aboubacar, MSc, MBA
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