LA RETRAITE AUX COMORES Parmi les questions que je me pose ces derniers temps il y a celle qui touche les conditions de vie de nos pè...
Parmi les questions que je me pose ces derniers temps il y a celle qui touche les conditions de vie de nos pères, mères et tontons à la retraite. Aux Comores la retraite est synonyme de fin de vie, permettez-moi de le dire. Pendant qu’en France ou aux Seychelles par exemple les retraités sont les mieux lotis, aux Comores, ces derniers sont les plus démunis de tout.D’ailleurs, étant actifs, leurs maigres salaires ne les suffisent pas n’ont parlons plus quand ils gagnent la moitié de ce qu’il percevait jadis.
Imaginez un parent qui a travaillé comme planton ou chauffeur dans l’administration publique, il gagnait à peu près30.000 FC, soit 60 euros mensuel. Une fois à la retraite il devait gagner la moitié de son salaire, soit 30 euros. Mais pire encore, ce 30 euro il les perçoit chaque troisième ou cinquième mois s’il connait un agent du trésor public qui accepte d’étudier son dossier. Comment vivent ces hommes et femmes pendant que les autres : Président et Ministres, gagnent des millions chaque jour avec leur montagne d’indemnités : per diem, bakchich et leur salaire mensuel...etc.
Pourquoi, la société civile et le patronat comorien ne se sont jamais posés la question sur ces conditions de vie très difficiles des centaines et milliers de parents condamnés à perpétuité à vivre dans l’extrême pauvreté ? Aujourd’hui, partir à la retraite est synonyme de suicide. La vie de ces braves travailleurs devient un sacré « Dukkha », c’est-à-dire une épouvantable souffrance comme disait le Bouddha. Ce qui fait que beaucoup de fonctionnaires en âge de partir à laretraite pour se reposer refusent catégoriquement, et d’autres falsifient leur bulletin de naissance pour retarder leur échéance. Avec un salaire mensuel et misérable de 64 Dollars soit 30.OOO FC d’après la Banque mondiale (données de 2016), le travailleur comorien vit dans l’extrême pauvreté.
Je cite à titre d’exemple l’histoire d’un vieil qui, après avoir travaillé un peu plus de trente ans dans l’administration, falsifia son acte de naissance (-15 ans de son âge), pour pouvoir rester le plus longtemps possible actif. Aujourd’hui, il assure un poste très honorifique dans l’actuel gouvernement(Au ministère de la défense).
Mais il y a pire, le cas de ceux qui travaillent dans le secteur privé. Une fois qu’ils atteignent un certain âge, soit ils sont remerciés par leur patron sans aucune couverture sociale ni financière, soit ils sont expulsés comme des vauriens, des pacotilles, après être exploités vingt, trente voire quarante années. Il suffit qu’un beau jour le patron décide tambour battant de le mettre à la porte en lui disant : Demain c’est bien ta dernière journée car la société est en faillite. Ces chefs de famille qui n’ont pas plus de force à vendre car épuisés par le joug de l’âge rentrent chez eux bredouille et se trouvent du jour au lendemain sans ressource. Au pays, si tu travailles dans le secteur privé rassure-toi que tu vas devoir travailler jusqu’à ta mort car si tu décides d’arrêter un jour, tu ne percevras rien.
Profitant de l’ignorance de ses employés, les partons ne les déclarent nulle part et ne cotisent rien pour eux. Que font le Syndicat des Travailleurs Comoriens (STC) ? quel est son rôle et quels sont ses objectifs ? Les grands patrons n’en disent rien car profitant de ce jeu malsain et surtout de l’absence ou de la non-application des textes censés protéger ces travailleurs, ils profitent de ce vide pour en tirer le maximum de profits à cette main-d’œuvre bon marché. Y-a-t-il complicité entre Etat, syndicat et patronat ?
Aujourd’hui, ceux qui ont les rênes du pouvoir s’en passent de ces questions, c’est-à-dire de la vie des faibles et des exploités, oubliant que demain ils quitteront leur haute fonction et sombreront à coup sûr comme simples agents de l’Etat avec leurs pensions très dérisoires. Accepteront-ils de partir à la retraite ou falsifieront à leur tour leur âge pour beurrer davantage leur pain ? Un autre exemple très récurrent est celui de l’actuel président qui gagne cinq cent fois le salaire d’un fonctionnaire lambda. Ce dernier ne perçoit que les miettes du système.
Qu’attendent les dirigeants Comoriens pour amorcer une réforme structurelle qui touchera la base et le sommet de la pyramide et qui n’oubliera aucune frange de la société ? A quand l’instauration d’un Smic répondant au stricte minimum les besoins des travailleurs comoriens qui se font exploiter par l’oligarchie politique et financière à savoir les grands commerçants ? qu’attendons-nous pour démarrer ce grand chantier ? Pour mettre à terme ces maux il faut espérer la naissance d’un Daula yawu haki na usawa (un Etat de droit) à l’horizon 2020 car il est vraiment grand temps de mâter cette injustice.
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