Les dépositaires du pouvoir public, jadis reconnus et aujourd'hui contestés en raison de la mascarade électorale du 24 mars 2019, son...
Les dépositaires du pouvoir public, jadis reconnus et aujourd'hui contestés en raison de la mascarade électorale du 24 mars 2019, sont actuellement en France pour organiser une conférence dite des partenaires au développement.
Une initiative de ce genre ne peut qu'être très bonne et salutaire en ce qu'elle constitue une occasion de rassembler les partenaires pour leur présenter des projets bancables et les convaincre de débloquer les financements pour aider au développement du pays.
Seulement, il se trouve qu'il s'agit ici d'un énième détournement. En effet, après le détournement des assises nationales, les autorités de fait s'efforcent avec leur complice de mobiliser des fonds conséquents pour lancer des projets de grande envergure afin de justifier dans un premier temps et d'imposer dans un deuxième temps une présidence à vie qui ira à n'en point douter à l'encontre des intérêts des Comores.
Elles feignent d'oublier que nous vivons dans un pays doté de lois qui limitent la durée du mandat présidentiel à cinq ans et qui ne permettent pas de renouveler ce dernier et ce pour que le pouvoir puisse passer d'une île à une autre pour ainsi parer aux velléités séparatistes qui se sont exprimées par le passé et qui sont encore fraîches dans les esprits des citoyens.
Il faut rappeler que la paix et la stabilité du pays n'ont pas de prix. Nous n'avons pas besoin de politiciens particuliers pour le développement de notre pays. Respectons les lois et faisons tout de façon inclusive pour assurer la pérennité requise. Le développement suivra logiquement sans avoir besoin de s'accrocher au pouvoir pour voir l'aboutissement des projets lancés sous son régime.
Mais nous ne sommes pas dupes. Nous comprenons que ce à quoi nous assistons depuis ces 3 longues années de terreur et de condescendance est l'expression d'une volonté manifeste d'empêcher le retour au pouvoir de l'homme politique le plus populaire du moment. Ce faiseur de rois est gênant et on ne lésine pas sur les moyens de l'Etat pour le neutraliser et le mettre à l'écart au risque d'une division des îles.
Le peuple, qui en a marre, exerce ses droits reconnus par la Constitution - et bien entendu c'était le cas de nos mères et soeurs samedi dernier - pour manifester son désapprobation et réclamer le rétablissement de l'état de droit mais hélas les forces de sécurité toujours à la solde de ces autorités et non au service de la Nation font usage de la force publique pour réprimer tout mouvement de contestation.
Où voulons-nous conduire notre pays? Et quelle est la place de l'unité nationale dans tout ça? Et quelle serait la réaction des uns et des autres si cette déviation était l'oeuvre d'un autre homme politique du pays? Est-il acceptable de laisser des égoïstes prendre notre pays en otage pour leurs propres intérêts tout en nous prenant pour des bourriques?
Je tiens à adresser un message très important à la communauté internationale. Nous vous sommes très reconnaissants pour vos efforts constants qui vont dans le sens de la prospérité de notre pays. Mais nous aimerions vous rappeler l'importance de l'état de droit et de la démocratie dans un pays aspirant à la paix.
Vous êtes représentés physiquement aux Comores et vous connaissez donc nos réalités et notre histoire surtout politique et institutionnelle. Ne fermez pas les yeux sur le mépris des lois de notre République et les violations des droits de l'homme. Montrez combien vous êtes préoccupés et agissez en conséquence.
Vous avez une arme très efficace à votre disposition. Cessez d'aider les régimes qui menacent et qui cherchent à asservir leurs populations par manque de respect à leur égard. Nous savons qu'il y a parmi vous des pays qui défendent leurs intérêts personnels et qui, en l'occurrence, gardent un oeil vigilant sur notre pétrole et notre gaz. Ne jouez pas leur jeu. Pesez de tout votre poids pour la justice et le droit sous toutes leurs formes. Et ainsi vous aurez véritablement aidé ce pays.
Babayou Houmadi
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