Au service et aux ordres d'un pouvoir dictatorial qui les rétribue, ou leur promet des avantages de toutes sortes, certains ...
Au service et aux ordres d'un pouvoir dictatorial qui les rétribue, ou leur promet des avantages de toutes sortes, certains intellectuels comoriens mentent et excellent dans l'art de la perversion.
Leurs voltes-faces, leurs renoncements, leurs reniements et leurs contradictions mettent à nu le cynisme qui les amène à vouloir dissimuler et confisquer la réalité.
Leurs voltes-faces, leurs renoncements, leurs reniements et leurs contradictions mettent à nu le cynisme qui les amène à vouloir dissimuler et confisquer la réalité.
Ils soutiennent la violence d'Etat, l'arbitraire, la désorganisation et les injustices. "Aucun bénéficiaire d'un système n'aime l'insolent qui analyse et démontre les logiques dont procèdent ses avantages...", selon le philosophe Michel Onfray dans Célébration du génie colérique[1].
Pour eux, prendre le parti de la démocratie, du peuple et des victimes des injustices n'offre aucun bénéfice pour les carrières, les postes et l'accès aux différentes tables bien garnies de la République. Ces intellectuels ou cadres, comme on les appelle, ont compris que les places les plus convoitées sont réservées aux laudateurs les plus zélés, aux porteurs d'eau les plus obéissants et aux meilleurs domestiques. Voilà la vraie raison de leur engagement aux côtés d’un système qui les méprise, les dénigre et les humilie.
Contre cette engeance, il y a besoin urgent d'un courant qui s'oppose et résiste à la tentation deshumanisante. Celui-ci deviendra évidemment la cible de la meute des laudateurs qui ne fait que reproduire les même futilités et absurdités pour tenter de masquer la brutalité d’un régime qui, comble de l’ironie, les ignore. Ces diplômés, pour la plupart jeunes, n’ont pas le sens du tragique ni la logique du bon sens. Ils relativisent tout, dès que ça vient de ceux-là à qui ils obéissent. Ils estiment que le mal n’est pas si mal que ça, que la victime l’a bien cherché et que le bourreau n’a pas le choix. En fait, la douleur des autres ne les émeut pas, la misère du peuple ne leur regarde pas, la déchéance du pays n’est pas leur affaire.
Le 26 mai, ils seront tous là, au stade de Malouzini flambant neuf, bien sapés « comme jamais » pour assister à l’énième coup d’Etat de M. Azali. Ce jour-là, qui approche à grands pas, chacun d’eux voudra monter sur un piédestal qui le distinguerait et qui le permettrait de dépasser les autres pour être vu par le bienveillant dictateur.
Mais le même jour, partout dans le monde, notamment en France, des milliers de comoriens libres et préoccupés par le désastre en train de s’abattre sur l’archipel, vont défendre la dignité de leur peuple et dénoncer la forfaiture. Ils seront la voix des opprimés de la dictature azaliste, des victimes de la justice arbitraire, des torturés du Peloton d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (PIGN) devenue une milice chargée des basses œuvres du ministre de l’intérieur.
Oui nous serons nombreux à exprimer, à la face du monde, notre désolation, notre consternation et notre opposition claire à un homme qui a choisi le chaos du peuple afin d’assouvir son arrogance et ses désirs les plus fous.
En mai 2016, dans une lettre adressée au président Azali, fraîchement élu, nous avions promis « d’accompagner les bonnes politiques publiques et soutenir celles et ceux qui incarneront l’imagination et le courage en faveur du peuple ». Hélas, nous voici aujourd’hui, contraints d’ouvrer pour son départ après avoir liquidé « les valeurs de démocratie, de justice, de paix et de développement » Karibu Hebdo, Edition 78 du 19 mai 2016
ALI MMADI (paru dans Massiwa, du 22 mai 2019)
[1] Edition Galilée, 2002.
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