Seine-et-Marne. La fausse aide-soignante avait volé des milliers d’euros aux seniors des Ehpad La fausse aide-soignante qui avait ache...
Seine-et-Marne. La fausse aide-soignante avait volé des milliers d’euros aux seniors des Ehpad
La fausse aide-soignante qui avait acheté un faux diplôme a volé des milliers d'euros aux seniors résidant dans les Ehpad d'Île-de-France, notamment en Seine-et-Marne.
La technique était plutôt bien rodée. En tout cas, elle a fonctionné un certain temps avant que les enquêteurs ne puissent remonter à la source et appréhendent enfin une femme de 35 ans, d’origine comorienne, et qui sévissait dans de très nombreux Ehpad(Établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes).
Cette technique était simple, méthodique et en apparence imparable. D’abord Salimat se faisait embaucher en tant qu’aide-soignante pour des missions courtes de remplacement dans des établissements très dispersés en Île-de-France, notamment en Seine-et-Marne : Dammarie-lès-Lys, Le Mée-sur-Seine ou Saint-Fargeau-Ponthierry.
Chèques et cartes volés
Dans la plupart des cas, il s’agissait de dérober un ou plusieurs chèquesespacés dans le chéquier de ses victimes et d’attendre un certain temps avant de les falsifier puis de les débiter. Souvent elle choisissait de les faire endosser contre remboursement en espèces ou marchandises – par une vague relation de la communauté comorienne ou africaine, ce qui rendait encore plus difficile le repérage de l’escroquerie. La dispersion du trafic sur tout le territoire du sud-francilien et même du Loiret, rendait encore plus indétectable l’auteur des faits.
Autre méthode, le vol direct de cartes bancaires avec achats en ligne ou en boutique et les prélèvements aux distributeurs de billets. C’est d’ailleurs comme cela qu’elle a fini par être identifiée formellement grâce aux caméras de surveillance des banques… avec un sac Yves Saint-Laurent en bandoulière. Interpellée à son domicile du Mée-sur-Seine, elle a depuis déménagé à La Courneuve (93).
À l’audience correctionnelle
Lundi 8 avril, face à ses juges de la chambre correctionnelle de Melun, la prévenue ne nie rien et avoue tout en bloc de la très longue liste de méfaits qu’on lui reproche entre 2017 et 2018. La seule chose qu’elle réfute, c’est une déclaration relevée par la police lors de son interrogatoire : « C‘est plus fort que moi, je ne peux pas m‘empêcher le faire ! »
Elle sent le piège et préfère sangloter sur son sort de femme abandonnée avec trois jeunes enfants à charge. Surtout, elle ne veut pas passer pour une accro à l’arnaque des personnes âgées choisies parmi les plus vulnérables.
Personnes vulnérables
Car elle les choisit bien : des femmes souvent, avec si possible un peu d’argent de côté. Elles ont 90, parfois 96 ans, l’une est aveugle, l’autre en fauteuil. Une retraitée a même sa carte bancaire dans sa poche avec, collé au dos, un post-it où figure le code écrit en évidence…
Pour commettre ses méfaits, la voleuse attend l’heure du déjeuner. Quand les pensionnaires sont au restaurant, elle écume les chambres et les armoires. Le lendemain, elle sera ailleurs.
Le président du tribunal peine d’ailleurs à énumérer la liste sans fin de prélèvements aux distributeurs et de chèques falsifiés. Les sommes donnent le vertige : 2 800 € ici, 3 000 € ailleurs, 4 900 € en 21 retraits successifs, 12 900 € en 48 opérations.
L’enquête a recensé 75 opérations d’achats, tant chez le boucher du coin que dans des magasins de luxe pour des baskets ou un sac à main. La délinquante procède parfois à 5 ou 6 retraits sur un même DAB, de minutes en minutes tant que la carte accepte de débiter des billets.
10 mois ferme
Dans son réquisitoire, le procureur rappelle ses antécédents au casier, notamment ces dix années entre 2005 et 2015 où elle a déjà commis quantité de délits similaires.
En outre, il apparaît au fil des débats que la prévenue n’est même pas aide-soignante et qu’elle exerce illégalement sa fonction. Elle avait acheté son diplôme falsifié 300 €auprès de la communauté africaine. Une autre pièce à verser au dossier déjà lourd des Ehpad en France…
Comparaissant sans avocat, la prévenue a écopé de dix mois de prison ferme mais sans mandat de dépôt. Enceinte de quelques mois, sa peine sera en effet aménageable.
Jean-François CALTOT ©Actu
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