C'est plus qu'un simple sacrifice, l'hecatombe qui frappe la jeunesse comorienne a plutôt des allures d'un désastre human...
C'est plus qu'un simple sacrifice, l'hecatombe qui frappe la jeunesse comorienne a plutôt des allures d'un désastre humanitaire. Pour aller vite en besogne, on peut avancer que plus de 65% de la population des Comores a moins de 30 ans.
Ce qui voudrait dire que, sur une population estimée à environ 1 million, ou bien 1,2 million d'habitants, un peu plus de 600.000 ont moins de 30 ans. Ceux-ci avaient donc 10 ans au moment du putsch d'Azali, en 1999. À la date d'aujourd'hui, ils auront eu Azali à la tête de l'État, pendant 10 ans.
Qu'est ce qu'ils peuvent se prévaloir d'avoir obtenu en 10 ans d'Azali ? Rien. À part un sentiment désabusé de laissés pour compte. Et le même spectacle dégueulasse du mensonge érigé en philosophie de pouvoir, de la corruption généralisée, de l'arbitraire et des abus en tous genres, du mépris des institutions de la République, ainsi que des valeurs des mœurs comoriennes, de la terreur, de la délation, bref de la tyrannie érigée en mode de gouvernance.
Rien. À part les licenciements de plus de 1000 jeunes sitôt le putschiste revenu au pouvoir. Rien. À part l'absence d'encadrement technique pour les 3/4 de ces jeunes en décrochage scolaire précoce. Et pour le 1/4 qui auraient poursuivi jusqu'à la fac, pas de débouchés. Et, pour ceux qui sont à la fac aujourd'hui, qui ont entre 18 et 25 ans. Environ 40.000 étudiants. Pendant une bonne moitié de leur vie, Azali était leur président. Et, il n'y a jamais eu quelque chose pour eux.
Et, sur les 400.000 qui seraient dans la rue, sans formation, sans moyen de subsistance, à la merci de tous les vices, et de tous les psychopathes. Avec comme seul moyen d'échapper à cette fatalité, le départ en kwassa vers Mayotte. On ne quitte pas son pays si les gouvernants proposent un avenir meilleur.
C'est ainsi à la recherche d'un présent, et bien sûr d'un avenir que 400.000 jeunes qui forment cette génération sacrifiée, ne pensent qu'à partir. Et le putschiste ose encore leur mentir sans vergogne, en leur promettant monts et merveilles. S'ils acceptent de lui accorder encore 10 ans, voire plus... Il les prend vraiment pour des cons.
Par Ali Mohamed
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