La sélection des Comores en stage au CTR de Châteauroux avant d'affronter le Cameroun La sélection comorienne a passé quelques jo...
La sélection comorienne a passé quelques jours au CTR de Châteauroux. Avant de s’envoler pour le Cameroun, où elle peut vivre un moment historique.
Drôle de sentiment que celui vécu par Chaker Alhadhur, mardi. Il était sur la pelouse du CTR de Châteauroux, occupait son habituel poste de latéral gauche avec sa sélection des Comores pour une rencontre amicale… face à ses coéquipiers de la Berri. Des sentiments, il n’en a fait aucun sur le terrain : les Comoriens l’ont emporté 3-0.
« C’était un match particulier pour moi, jouer contre mes coéquipiers en club c’est spécial. Ils aiment beaucoup me chambrer sur la sélection, ça m’a donné encore plus envie de battre la Berri ! Cette belle victoire, avec la manière, nous permet d’engranger de la confiance. Et puis comme ça, ils vont arrêter de chambrer quand je rentrerai… C’était une superbe opposition. »
“ On partait de rien du tout ” Bien plus qu’un galop d’essai, en réalité. Ce samedi, les Comores ont rendez-vous avec le Cameroun dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (Can), qui se déroulera en Égypte du 21 juin au 19 juillet. Les données sont simples : actuellement 3es du groupe B derrière le Maroc et le Cameroun, les Comoriens doubleront les Camerounais en cas de succès à Yaoundé, lors du dernier match de cette phase éliminatoire. Et gagneraient ainsi leur ticket pour cette Can 2019.
Ce qui ne donne que plus d’importance au séjour castelroussin d’Alhadhur et ses copains : « Pendant ces trois jours au CTR, on a bien travaillé. On aurait pu aller avant au Cameroun, on a préféré se préparer ici, rester dans notre cocon. Ça nous a permis de peaufiner les détails avant le match de samedi, qui est déterminant pour tout le pays et pour nous. C’est le match le plus important de toute l’histoire des Comores, qui n’a jamais participé à une Can. Ce serait une première… C’est l’un des matchs les plus importants de ma carrière, aussi. »
On peut imaginer ce qui attend les Comoriens à Yaoundé, face à un public hostile qui poussera derrière ses Lions indomptables. Mais les Cœlacanthes (*), qui rallient le Cameroun ce jeudi, vont tenter de réaliser l’exploit : « On fera l’entraînement de veille de match dans le stade de Yaoundé. Ce sera un match très difficile, à l’extérieur, devant leur public. Il faudra tout donner, ne pas se poser de questions. J’espère que tous les Comoriens nous soutiendront. »
Au-delà de l’aspect historique que revêt ce rendez-vous, la sélection des Comores a beaucoup évolué ces dernières années. « Elle est constamment en progression, assure Chaker Alhadhur. On partait de rien du tout. Le nouveau sélectionneur francophone (Amir Abdou) a réussi à attirer beaucoup d’expatriés alors qu’auparavant, c’était uniquement des joueurs qui évoluaient aux Comores. Je ne dis pas que le championnat du pays est nul, mais c’est sûr que c’est différent… Maintenant, il n’y a quasiment que des joueurs qui jouent en Europe. Au fil des années, un groupe s’est construit, on aurait pu se qualifier pour des compétitions comme la Can, on a échoué mais on a pris beaucoup d’expérience. Aujourd’hui, je pense que les autres sélections nous reconnaissent, c’est important vu d’où on est parti. Le match de samedi, si on arrive à se qualifier, ce sera une reconnaissance pour tout le travail qu’on a accompli depuis des années. »
Pour le latéral de la Berrichonne (27 ans, 21 sélections et un but), rejoindre ses compatriotes est aussi une bouffée d’oxygène, dans un moment pénible avec son club. « J’aurais aimé venir au rassemblement heureux, en gagnant contre le Paris FC. On a perdu, c’est frustrant. La sélection, ça te fait changer d’air, ce sont d’autres objectifs. Là, je suis concentré sur la sélection, mais dès mon retour il faudra que je me reconcentre directement sur le championnat parce que le maintien n’est pas encore acquis. On est dans une phase plus difficile, il faudra bien se préparer après cette semaine de trêve pour impérativement aller gagner à Ajaccio. Mais bon, on va prendre étape par étape, là c’est la sélection. » Qui s’apprête à disputer le match d’une vie.
(*) Un poisson préhistorique qu’on croyait éteint et qui a réapparu au large des Comores, donnant son surnom à la sélection.
Sébastien BOURCIER
Journaliste, rédaction des sports de Châteauroux©La Nouvelle République
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