Photo d’archives : Des militaires détruits le minaret d’une mosquée chiite à Anjouan En début des années 1980 commença à rentrer les pr...
Photo d’archives : Des militaires détruits le minaret d’une mosquée chiite à Anjouan |
C'est la première fois qu'on découvre que la Sunnah est une manière d'être et une doctrine traduisant le message coranique, mais avant cela, la Sunnah se résumait aux unités de prières accompagnant la prière obligatoire ou le jeûne du lundi et jeudi par exemple.
La consultation des sorciers et l'invocation des esprits, les Daïra des confréries soufies, les cérémonies de Madjliss, les commémorations de la naissance et de la mort de certaines personnalités religieuses ou politiques, les réunions de lecture du Coran pour les morts, le grand banquet le troisième jour en souvenir du mort, ajoutés aux sacrifices des bêtes pour les voyageurs revenus, la célébration de l'année par un grand feu de bois, l'égorgement d'un animal le quarantième jour de la mort, et bien d'autres pratiques réprouvées, tout ceci est déclaré, totalement ou en partie, non-conforme aux traditions du Prophète Muhammad.
La première conséquence en est que ces nouveaux prêcheurs plus tard appelés sunnites seront rejetés par les comoriens pratiquants, en plus particulier à Ngazidja.
La deuxième conséquence est que ces sunnites sont marginalisés parce qu'ils s'attaquent en même temps aux coutumes comme contraires à la Sunnah, c'est-à-dire, contraires au message du Prophète Muhammad. Depuis, une véritable guerre de conscience est engagée entre les musulmans sunnites et les musulmans qui mêlent le paganisme et l'animisme. On voit bien qu'ici ce sont ceux qu'on désigne par sunnites qui sont incompris, alors que les confusions concernant ceux qu'on qualifie de chiites sont d'apparition récente. Au-delà donc des revendications séduisantes, depuis quand les Comores sont un pays sunnite?
Certes, historiquement on n'a jamais entendu aux Comores une personne ou un groupe de personnes insulter les compagnons du Prophète Muhammad, se flageler ou se donner des coups d'épée à la tête, et c'est probablement une des raisons qui font classer les comoriens un pays majoritairement musulmans.
Certes aussi, le fait que les comoriens font les cinq prières quotidiennes, accomplissent le jeûne du mois de ramadan et vont en pèlerinage à la Mecque rassurent en principe que nous sommes des musulmans.
Mais à considérer l'état de l'Islam animiste aux temps des sultans batailleurs et du grand sultanat envahisseur, à regarder nos dirigeants depuis l'indépendance administrative des Comores, à contempler nos mœurs sociales, à étudier la matière de nos lois et constitutions, en dehors du fait que nous faisons les obligations rituelles, qu'est-ce qui fait de nous des musulmans appliquant le Coran et la Sunnah?
Appliquent-ils la Sunnah ces hommes qui vont consulter leurs sorciers pour briguer le pouvoir, pour avoir un emploi ou un poste? Appliquent-ils la Sunnah ces Présidents et ministres ou cadres qui ont instauré un régime de corruption et des détournements des biens publiques? Enfin, pratique-il la Sunnah un peuple croyant qui applique des lois laïques alors qu'il n'est pas soumis de force par une puissance étrangère mécréante?
Est-ce le Président et l'assemblée qui font adopter la laïcité qui représentent l'Islam ou est-ce le mufti qui est là pour légitimer les caprices et les dérives des gouvernements? Ou est-ce encore ces ministres ivrognes qui ne fréquentent d'ailleurs pas les mosquées?
Malgré ce qui précède, une exception se dégage à l'horizon de l'histoire comorienne, Sambi est le premier dirigeant comorien affublé du titre de savant religieux à la culture générale reconnue , on attendait donc de lui des réformes et de la rigueur dans les domaines religieux et administratifs en plus particulier, et contre toute attente, le pays s'est lancé dans la même voie de corruption au sein de l'équipe gouvernementale et en matières de religion rien n'est entrepris pour améliorer les conditions d'apprentissage et de mise en pratique de l'Islam.
Et du coup les réalisations d'ordre économique initiées en son administration portent moins l'empreinte de l'espoir associé à son image, car si les comoriens sont meurtris par la pauvreté et la misère, l'éloignement vis-à-vis de l'application de l'Islam faisait croire au peuple à un sauveur qui vient les délivrer des excès des péchés et de l'ignorance qui en sont les causes principales.
Alors que faut-il conclure de la responsabilité des officiels religieux de tous bords dans une nation musulmane où l'Islam n'est pas appliquée? N'est-il pas temps de penser à retourner vers les valeurs fondamentales de l'Islam établies par le Coran et la Sunnah du Prophète Muhammad?
Muhammad Soidrouddyne Hassane.
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