Bonjour à tous, Dans ce pays, les difficultés de circulation routière ne sont pas à démontrer. Les chauffeurs devraient faire le néces...
Dans ce pays, les difficultés de circulation routière ne sont pas à démontrer. Les chauffeurs devraient faire le nécessaire pour adapter leur manière de conduire à la situation. C’est-à-dire éviter d’appuyer trop sur l’accélérateur. Les dégâts causés par l’irresponsabilité d’entre eux sont suffisants, on n’a pas besoin d’en rajouter. Il y a quelques semaines, un jeune de Mitsoudjé a été fauché par un bus de Mbadjini.
Il passera le restant de sa vie avec un handicap physique lourd. Au cours de cet accident, le chauffeur a été frappé dit-on par des jeunes de la localité, le bus renversé. Personne à Mitsoudjé n’a soutenu ces maladresses. Le propriétaire du véhicule s’est allié avec la famille de la victime à l’hôpital et leur cohabitation s’est passée de la plus belle des manières.
Seulement, à notre grande surprise, ces chauffeurs qui sont habitués à tuer et blesser à Mitsoudjé, se sont ligués pour ne plus transporter des personnes et des biens en provenance et à destination de cette ville. Dans cette situation inédite, il se trouve qu’un candidat à la présidentielle prochaine manipule ces chauffeurs jusqu’à rallier l’autre Mbadjini (mbadjini ya mboini) dans ce qui ressemble à un scenario de mauvais goût.
Quand on dénombre une bonne douzaine de citoyens de Mitsoudjé (des blessés graves et des morts), fauchés par des chauffeurs du Mbadjini et quand on observe le comportement des citoyens de la ville de Mitsoudjé, on ne peut que s’interroger sur l’origine de l’agression d’un des droits les plus élémentaires qu’ est la circulation des personnes et des biens.
Comment peut-on admettre que l’autorité coutumière et administrative de ces deux régions accepte de demeurer passive face à une crise que l’on monte de façon artistique pour masquer l’irresponsabilité de ces chauffeurs ? Cela me fait penser à cette dame de Mitsoudjé, fauchée par un bus à l’intérieur de sa maison et amputée de l’un de ses pieds ? Comment peut-on oublier la mort tragique du chef de cette localité, dont le bus est allé le chercher et l’assassiner loin de la route ?
Comment ne pas garder en mémoire le souvenir tragique de cette fillette de 8 ans, parée de ces plus beaux habits le jour de l’Aid et dont la vie est volée par ce motard de Mbadjini ? Je me passe de dresser toute une liste qui serait trop longue.
Pourquoi un chauffeur frappé vaut plus qu’un jeune de 22 ans, condamné à vivre sur une chaise roulante durant le reste de sa vie ? Si Monsieur le candidat aux présidentielles trouve opportun de manipuler les chauffeurs aujourd’hui et maintenant, qu’en pense-t-il pour demain ?
Les pauvres vendeuses qui viennent écouler leurs produits alimentaires au marché de Mitsoudjé sont-elles responsables des maladresses de ces chauffeurs ?
C’est à elles que je pense en ce moment car les habitants de Mitsoudjé iront librement dans les marchés avoisinants pour se ravitailler. Et elles ? Elles seront conduites de force dans des grands marchés à Moroni pour plus de frais et moins de chance d’écouler leurs produits.
Je voudrais pour finir m’adresser aux responsables des régions et villages pour attirer leur attention sur leur silence. Mbadjini et Hambou ont une histoire formidable de paix, de respect mutuel, de sang et de fraternité. Ils doivent enfin se réveiller et se dire que ce ne sont pas des chauffeurs (dont certains ne sont même pas de Mbadjini) qui viendront mettre en péril la stabilité inter régionale qui a caractérisé ces deux espaces de vie.
J’appelle aussi la jeunesse de Mitsoudjé et de Hambou à ne pas céder à la panique en voulant empêcher eux aussi la circulation des bus en question, des bus qui transportent les personnes et les biens, ce ne serait qu’une amplification du mal et un piétinement du droit. Merci
Par Mohamed Ali Mgomri
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