Le président Comorien actuel Azali Assoumani / © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Le 24 mars prochain se profile le premier tour des élections...
Le président Comorien actuel Azali Assoumani / © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP |
Le 24 mars prochain se profile le premier tour des élections présidentielles anticipées aux Comores. A Marseille, où plus de 80 000 personnes issues de la diaspora comorienne vivent, cette situation est scrutée à la loupe dans un contexte politique tendu et d'arrestations arbitraires.
Le moins que l’on puisse dire c’est que les conditions d’organisation de ces élections présidentielles se font dans un climat tendu : arrestations de journalistes, pressions sur les principaux rivaux du président sortant candidats à sa succession.
Le moins que l’on puisse dire c’est que les conditions d’organisation de ces élections présidentielles se font dans un climat tendu : arrestations de journalistes, pressions sur les principaux rivaux du président sortant candidats à sa succession.
Le président actuel Azali Assoumani n’a pas hésité à assigner à résidence l’ex-président, Ahmed Abdallah Sambi.
Sept candidats écartés...
Sur 20 candidats déclarés à l’élection présidentielle anticipée de mars 2019, il n’en reste plus que 13 en campagne. Samedi dernier, la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire de l'archipel, a bousculé la politique comorienne en écartant 7 des 20 candidats enregistrés.
Parmi les débarqués, l'ancien vice-président Mohamed Ali Soilihi, chef de l'Union de l'opposition, et Ibrahim Mohamed Soulé, du parti Juwa. Les juges reprochent au premier d'avoir menti dans sa déclaration de patrimoine, au second une erreur de forme dans son dossier de candidature.
Le parti Juwa a proposé un candidat de substitution, l'avocat Mahamoudou Ahamada, qui défend son président et ex-chef de l'Etat Ahmed Abdallah Sambi emprisonné depuis six mois.
Mais il est moins réputé. Pour ses opposants, le président sortant est surtout débarrassé de ses deux plus dangereux rivaux.
... et une presse muselée
La pression politique se porte aussi sur la presse. Ces derniers jours, deux journalistes qui travaillaient pour la station "Facebook FM", très critiques sur le président comorien Azali Assoumani, ont été arrêtés et incarcérés.
Au même titre, depuis plusieurs mois, de nombreux opposants au régime d'Assoumani ont également été arrêtés.
"Je crains pour mes amis comoriens"
Officiellement, 80.000 Comoriens vivent à Marseille. Ce n'est pas sans craintes que la diaspora comorienne suit la montée au pouvoir du président Azali Assoumani. S’il venait à être réélu, il resterait en poste jusqu’en 2029.
"Ce qui est inquiétant c’est que nous soyons plus capables de parler de politique librement et ouvertement dans nos familles et dans nos cercles d’amis là-bas aux Comores" , confie Saïd, un père de famille installé à Marseille.
"J’avais monté un spectacle avec d’autres artistes comoriens, nous avions écrit à propos de politique en général, de l’importance de la conscience politique et sensibilisé les gens sur l’importance de changer la façon de faire de la politique", explique Soly, écrivain et artiste à Marseille.
"Mais en l’état actuel des choses, vu toutes les arrestations arbitraires, j’ai changé d’avis. Le spectacle ne se fera pas. Non pas que je craigne pour moi, car j’ai la nationalité française, mais je crains pour mes amis comoriens là-bas avec qui je travaille. Je suis malheureux de cette situation."
D’autres qui prévoyaient de revenir s’installer aux Comores craignent que cela devienne compliqué avec un état autoritaire.
"Il se passe des choses qu’on a jamais vu avant; on ne sait pas où on va, le référendum en est la preuve", pour Kassim Oumouri, journaliste marseillais d’origine comorienne, avant d’ajouter : "Trop de gens se font arrêter".
"Deux solutions s’offrent aux Comoriens: soit bouder les urnes, soit voter en masse contre le président sortant. Mais le risque, c’est d’assister de nouveau à des élections truquées comme pour le référendum", avance Mamadou, commerçant à Marseille.
Des soupçons de bourrage d’urnes
Azali Assoumani, président de l'Union des Comores depuis 2016, aurai dû rester jusqu’en 2021.
Mais en juillet dernier, il organise un référendum pour changer la constitution, passer le mandat présidentiel de 5 à 10 ans, supprimer la cour constitutionnelle et mettre en avant la cour suprême qui lui est totalement dévouée.
Il fait également de l’Islam la "religion d’Etat", dans ce pays à 99 % musulman. Et provoque des élections anticipées dont le premier tour doit se tenir le 24 mars prochain.
Azali Assoumani se présente à sa propre succession, fait impossible avec l’ancienne constitution.
Même si le référendum est approuvé à 92.64%, il s’est déroulé dans un climat tendu. Les observateurs de la Force en attente de la région Afrique de l’Est (EASF) mettent en doute la crédibilité du processus électoral.
Ils ont de sérieux soupçons de bourrages d’urnes et autres irrégularités entre nombres d’inscrits et votants.
Dans ces conditions la plupart des comoriens de la diaspora redoutent un simulacre d’élection et de voir Azali Assoumani prendre les pleins pouvoirs pour dix ans. Remettant en cause l’équilibre déjà fragile du petit Etat des Comores.
Par Sidonie Canetto ©France3
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