Extrait d'un compte rendu d'une délégation de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, qui a s...
Extrait d'un compte rendu d'une délégation de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, qui a séjourné aux Comores en janvier 2017
"Nous avons vu des dizaines et des dizaines de personnes ne rien faire de la journée, attendre dans les rues devant Western Union."
Énorme source potentielle de revenus pour le pays – "[Elle] représente 25 % du PIB, c'est vous dire l'importance que cela peut représenter" –, l'apport économique de la diaspora ne sert pourtant pas le développement du pays. Constat de la délégation sur place à travers la voix de Bérangère Poletti, députée des Ardennes : "On a entendu des commentaires de Comoriens qui étaient assez étonnants, puisque cette aide de la diaspora n'est absolument pas mise en réseau, absolument pas organisée.
Elle est envoyée aux familles de chanceux, qui ont dans leurs familles des Comoriens à l'étranger qui envoient de l'argent et qui arrivent ainsi à se payer plus de frais médicaux, plus de scolarité, mais absolument pas pour organiser le territoire. On a entendu par exemple, sur la Grande Comore, que les gens ne se pressaient pas beaucoup pour aller travailler parce qu'ils avaient cette sécurité."
Une remarque partagée par Laëtitia Saint-Paul : "Avoir une diaspora aussi peu organisée fait que les envois financiers sont en ordre dispersé, et donc ne profitent pas au pays. (…) nous avons vu des dizaines et des dizaines de personnes ne rien faire de la journée, attendre dans les rues devant Western Union parce que si le salaire mensuel moyen est à 300 euros, et bien c'est plus simple d'attendre le chèque de la diaspora".
Plus largement, la question du retour de cette diaspora pour contribuer au développement du pays est abordée, notamment en ce qui concerne les étudiants : "Des centaines d'étudiants partent à l'étranger (…) et ne repartent jamais dans leur pays. Et comme ils n'y retournent pas, ils ne concourent absolument pas au développement des Comores. (…) L'une des clés de la réussite pour les Comores est d'imposer pour chaque étudiant qui va à travers le monde, de revenir dans son pays [pour] que ce soit un investissement. (…) L'une de nos conclusions est ce lien entre les étudiants comoriens et leur pays.
Que ces personnes concourent au développement, qu'ils en soient acteurs." Et puis, les binationaux sont eux aussi au centre des débats. "On estime à 500 000 les binationaux, qui sont en France ou en Grande Comore essentiellement – les Anjouanais et les Mohéliens ont peu de doubles nationalités franco-comorienne alors que les Grands Comoriens le sont quasiment tous. Cette situation n'encourage pas au développement des îles puisque les édiles et classes supérieures dirigeantes, qui sont principalement grandes comoriennes, font leurs études en France, viennent s'y faire soigner et ne voient pas pourquoi elles chercheraient à développer leur pays", est-il déploré.
Avec Mayotte Hebdo
Avec Mayotte Hebdo
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