Depuis l’annonce d’une réforme constitutionnelle ayant pour but de vider la tournante de son esprit et de son contenu, afin de permettre ...
Depuis l’annonce d’une réforme constitutionnelle ayant pour but de vider la tournante de son esprit et de son contenu, afin de permettre à M. Azali d’avoir un nouveau mandat de 5 ans renouvelable, beaucoup de nos compatriotes ont déjà intégré l’idée que le match était déjà joué. Les membres de la CRC, les alliés d’Azali, les courtisans et les opportunistes de toutes les générations ne cachent pas leur assurance d’avoir déjà remporté les futures élections.
Par tout moyen. Corruption, trafic, vol ou achat de conscience. Peu importe les conséquences, Azali doit gagner. D’une manière ou d’une autre. Et depuis des mois, on vit une succession de scénarios dans ce sens : arrestations arbitraires, harcèlement des opposants, déstabilisations des médias, licenciements de journalistes, organisation de procès à la chinoise, etc. Et cerise sur le gâteau, samedi dernier, l’invalidation recommandée par Beit-Salam des candidatures de l’opposition qui paraissaient les plus menaçantes par la Cour suprême. Cela est venu renforcer leur conviction. C’est ce qui permet à M. Azali de croire désormais à une réélection dès le premier tour.
Et beaucoup de nos concitoyens y compris des personnes engagées dans la politique depuis des années perdent espoir de jour en jour. Les cadres, les intellectuels ont tendance à se rallier pour éviter la marginalisation après la nouvelle victoire annoncée du camp du pouvoir.
Je voudrais, à travers cette opinion, appeler tout le monde à la lucidité, à la sérénité, et à la résistance. Comme disait Boris Cyrulnik, « le malheur n'est pas une destinée, rien n'est irrémédiablement inscrit, on peut toujours s'en sortir ». Le neuropsychiatre, auteur du « Merveilleux malheur », veut nous dire par là que peu importe le traumatisme qu’on a subi, il y a toujours un moyen de le surmonter et à se développer positivement.
Certes, il est difficile de chanter un avenir radieux à nos concitoyens quand l’on voit quel type de marionnettes sont devenues la justice et l’armée nationale. Pas évident d’espérer un sursaut quand la classe politique constituant l’opposition est incapable de rassembler ses forces contre ce régime rétrograde, et surtout quand une poignée importante de cadres et intellectuels se laissent entraînés pour des petits intérêts et de fausses promesses.
Et pourtant, je reste persuadé que le rêve du peuple comorien pour sortir de cette crise multiple est plus fort, que les jeunes ont une immense volonté de se libérer du chaos. A part les aveuglés par une certaine idée de pouvoir, tout le monde voit la colère qui monte partout dans le pays contre la dictature engagée depuis plusieurs mois, le désarroi qui gagne de terrain, et le malaise profond qui envahit toutes les couches de la société.
C’est la raison pour laquelle je fais appel à la résilience si nous voulons espérer un avenir moins sombre. Le glas risque de sonner pour tout le monde si l’on continue à adopter cette posture de résignation, synonyme de déni.
Chacun peut avoir sa forme sa résilience. L’essentiel c’est que l’on se débarrasse, à l’occasion de cette élection anticipée, d’un régime corrompu jusqu’à la moelle épinière, d’un clan d’agitateurs qui déstabilisent le pays et menacent notre cohésion sociale. Ce clan azaliste se vante d’une popularité électorale, alors qu’en réalité, il a la peur au ventre. Soyons tous des lilliputiens pour vaincre le gros animal qui a déjà un pied à terre. Yes we can ! Au XIXesiècle, Nietzsche nous disait déjà que « ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort ».
ALI MMADI
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