Il fut un honorable grand homme. Il doit servir d’exemple. Il doit inspirer. Sa biographie doit faire l’objet d’un travail de recherche s...
Il fut un honorable grand homme. Il doit servir d’exemple. Il doit inspirer. Sa biographie doit faire l’objet d’un travail de recherche sérieux des historiens du pays. Déjà sa date de naissance 1934, semble ne pas correspondre à la réalité. A son époque il était difficile d’établir une vraie date de naissance. Puis la pratique de la diminution des ages des personnes étaient courantes.
Lui rendre hommage pour moi, revient à faire part de mon expérience personnelle. De la matière pour les chercheurs.
M. Ali Bazi Selim fut un dirigeant de premier plan des « verts », le parti d’origine des partisans de Said Mohamed Cheikh opposé au parti « blanc » du prince Said Ibrahim. Il me semble qu’il a toujours été fidèle aux valeurs idéologiques de ce parti, des valeurs foncièrement traditionnelles comoriennes, le terroir, la personnalité comorienne contre l’assimilation coloniale. C’est ainsi qu’on peut comprendre son soutien aux régimes d’Ahmed Abdallah puis de Taki.
Son divorce avec Ahmed Abdallah est lié aux événements de mars 1985. Des éléments de la garde présidentielle projetaient de se révolter contre les pratiques des mercenaires. Par un tour de passe passe cette « tentative de malfaires de drogués » (déclaration d’Ahmed Abdallah a RFI) est devenu une tentative de coup d’État du Front Démocratique qui était alors à la pointe du combat patriotique comorien. Ahmed Abdallah et les mercenaires voulaient exécuter les principaux dirigeants du FD. Bazi qui assurait l’intérim, le président se trouvant à l’étranger, refusa d’obéir. Il reçut le soutien du Moufti de l’époque.
Son bilan politique s’intègre dans celui des politiciens verts de l’époque. L’indépendance leur est attribué. Le MOLINACO(Mouvement de Libération Nationale des Comores) et le PASOCO(Parti Socialiste des Comores), principaux artisans de l’indépendance furent écrasés et disparurent. L’indépendance dans l’amitié et la coopération avec la France, slogan des « verts » a accompli des prouesses. L’indépendance unilatérale avait-elle rattrapé le coup ? Certainement pas quand on considère la réalité de l’indépendance du pays, une indépendance bidon à l’image de celle de nombreux pays africains dits francophones. Maore maintenue sous colonialisme. Et puis comment gommer la période des mercenaires !?
Après la mort de Taki, Bazi s’éloigna de la politique et se consacra à ses affaires. Il se souciait toujours des intérêts du pays. J’en porte témoignage eu égard aux rares conversations que j’avais avec lui. J’avais gardé une sorte de reconnaissance de 1985 et son intégrité forçait le respect. La crise que traverse la pays l’avait amené à échanger avec des jeunes chefs de nouveaux partis politiques qui l’ont déçu. Il se rapprocha du Collège des Sages. Et c’est ainsi qu’il fut conduit à parler à la place de l’indépendance le 11 août 2015. Hommage aux jeunes sportifs comoriens qui ont relevé la tête face aux provocations françaises sur la question de l’île comorienne de Mayotte. Discours mémorable qui remua l’auditoire et suscita un vif enthousiasme.
Surfant sur cette vague, plusieurs forces d’origines diverses, se rapprochèrent de Bazi pour donner une suite à l’élan créé par son discours. Ainsi est né le Mouvement du 11 août et le projet d’assises nationales inclusives pour dresser le bilan des 40 ans de naufrage « indépendante ». Durant plus d’un an, malgré son âge, Bazi déploya une activité incroyable (sa constance aux réunions, la pertinence de ses positions). Lorsque le président Azali s’empara de l’idée des assises, Bazi manifesta à plusieurs reprises son mécontentement sur le cours des événements. Il refusa même d’intervenir à la cérémonie d’anniversaire du M11 en août 2016.
L’AVC qui a emporté Bazi est lié à un déplacement ad hoc qu’il effectua à Foumbouni pour aller consulter M. Said Hassane Said Hachim sur la riposte à engager contre la récupération des assises qu’il pressentait. Son indisponibilité a pesé lourd dans les destinées des assises et du M11.
Rendre sincèrement hommage à M. Ali Bazi Sélim c’est entre autre affirmer et haut et fort que les assises de février 2018 n’ont rien à voir avec Bazi ni avec le M11. Ce sont des assises d’une fraction du pays, les partisans du régime Azali, ceux qui étaient dans le pouvoir et ceux qui servaient le pouvoir au sein du M11.
M. Bazi est parti pour toujours mais il restera dans nos cœurs et nos pensées et l’Histoire retiendra son nom.
Idriss (11/01/2019)
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