Chassé en 2016, Mamadou veut sa revanche
Photo d'archives : Présidentielle de 2016 |
Il a formulé cette proposition aux dirigeants de l’Union de l’opposition dont il est lui-même le chef de file. Aussi, il veut une candidature unique des adversaires d’Azali.
Un revirement pour le moins inattendu. Le chef de l’opposition Mohamed Ali Soilihi demande à l’ensemble des partis de l’opposition de le désigner comme rempart pour faire barrage à Azali Assoumani, candidat à sa propre succession et dont les réalisations faites en seulement deux années sont éclipsées non seulement par son impétuosité à s’en prendre aux voix discordantes mais aussi par son aisance à fouler aux pieds les principes démocratiques. Mamadou comme on le surnomme a écrit sa missive depuis le 6 janvier.
Le courrier de deux pages était censé rester secret, le temps que les destinataires se décident. Or, il n’aura fallu que trois jours pour qu’il fuite sur le réseau social Facebook. « J’ai décidé de vous proposer ma personne pour diriger le combat électoral qui s’annonce », peut-on lire en substance.
Mohamed Ali Soilihi justifie sa décision par « les circonstances actuelles, le contexte national, les nouveaux développements de la situation du pays... » entre autres.
« Ces politiques du pays ont pour résultat aujourd’hui l’état de ruine de toutes les institutions de la République, l’état de délabrement avancé du droit et de la démocratie, l’état de paralysie des libertés individuelles et collectives », déclare-t-il. « Les Comores sont malades, elles sont malades de la gestion chaotique et calamiteuse d’Azali Assoumani », renchérit cet ancien vice-président en charge du ministère des finances qui est tombé de son piédestal en 2016 pour, ironie de l’histoire, sa « gestion chaotique et calamiteuse du pays ».
Plus particulier encore, Mohamed Ali Soilihi demande une candidature unique de l’union de l’opposition. Une option que nourrissaient jadis certains décideurs de l’opposition avant d’être battue en brèche par les velléités du Juwa, de Mouigni Baraka et autres, qui veulent se présenter absolument. Il faut dire que Mamadou a pris de vitesse ces compagnons de route puisqu’aucun parti ou personnalité de l’opposition n’a encore désigné un prétendant de manière officielle.
Qu’à cela ne tienne. « Nous avons pris acte de la demande mais cela ne nous empêche aucunement de continuer sur notre lancée notamment les préparatifs d’une éventuelle primaire au sein de notre parti », nous confie un gros bonnet du parti Juwa, précisant au passage que les chances pour une candidature unique sont « infimes ». « D’abord cela devrait se discuter bien avant. Mais encore, une candidature unique au nom de l’union de l’opposition risque d’être bouffée d’une manière ou d’une autre avant même le début du match ». Notre interlocuteur garde en mémoire la candidature de Sambi en 2016, rejetée d’un revers de main par la Cour constitutionnelle.
Dès l’annonce de la modification constitutionnelle, Mohamed Ali Soilihi est monté au créneau pour démonter la politique d’Azali Assoumani. Ses interventions lui ont valu dans une moindre mesure une certaine audience au point qu’aujourd’hui, il croit avoir mis le grappin sur l’opinion et se considère comme unique rempart contre le régime en place. Si entre deux maux, il faut choisir le moindre, entre un dictateur qui esquisse quelques signaux pour le développement et un insouciant bradeur des biens publics, le choix n’est point embarrassant.
Toufé Maecha, article paru dans la version électronique du journal Masiwa de ce vendredi 11 janvier
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