Le volontarisme et le patriotisme d'Ali SOILIHI continuent de séduire les Comoriens. Ayant compris le bénéfice politique qu'il po...
Le volontarisme et le patriotisme d'Ali SOILIHI continuent de séduire les Comoriens. Ayant compris le bénéfice politique qu'il pourrait tirer de la posture du « Révolutionnaire incompris », Assoumani AZALI aime s'identifier à son voisin du HAMBOU.
Personne, y compris ses farouches adversaires, n'oserait accuser Ali SOILIHI ni de népotisme ni de prédation des deniers publics. Aucun de ses successeurs n'échappe à ces accusations infamantes. En quoi AZALI ressemblerait donc à Ali SOILIHI ? L'intervention brutale de l'armée à IKONI le 10 décembre 2018 et la gestion de cette crise par le Colonel-Président laissent apparaître quelques ressemblances avec son lointain prédécesseur.
Le 09 décembre, l'armée tue un innocent dont le seul crime était de se trouver à portée des fusils des militaires lorsqu'il voulait aller rendre visite à ses parents et blesse grièvement d'autres civils. Selon le blog Mbadakome, le Colonel AZALI aurait déclaré lorsqu'il a appris cette tragédie : « Nkodo yeya hafa ndami, sha tsi gazon! ». Pourtant, 20 jours après, le Président AZALI n'a pas daigné s'exprimer sur ce déchaînement de violence disproportionnée contre des civils. Curieuse façon d'agir pour quelqu'un qui considère IKONI comme sa ville de cœur!
Ali SOILIHI qui considérait également IKONI comme sa ville de cœur et qui doit beaucoup sa carrière politique au Prince Saïd Ibrahim a eu la même réaction hypocrite après le massacre commis à IKONI le 18 mars 1978. Il aurait confié ses regrets à ses proches sur le comportement inapproprié des ses milices mais n'avait rien fait pour apaiser la situation et panser les plaies de « sa ville de cœur ». Au contraire, il ordonna la déportation à ANJOUAN des dignitaires d'IKONI qui avaient survécu aux massacres. Ces tueries ne peuvent pas être mises sur le compte d'une réaction spontanée de simples soldats indisciplinés. Ni hier ni aujourd'hui.
Le 18 mars 1978, la ville fut assiégée par l'armée dès 5 h du matin, la population regroupée à la place centrale de la ville, onze civils furent tués à bout portant, 142 personnes furent blessées et les survivants déportés à ANJOUAN. Le 9 décembre 2018, l'effet de surprise fut également au rendez-vous. Au lieu de pénétrer dans la ville par le nord, les soldats lourdement armés affluent à IKONI en passant par Mbachilé. Les militaires avaient réussi à récupérer les véhicules et à arrêter les jeunes qu'ils recherchaient sans coup férir.
Pourquoi au lieu de quitter la ville après l'accomplissement de sa mission, l'armée a fait abattre un déluge de feu à bout portant sur des civils innocents ? On ne le saura jamais puisque le Directeur de cabinet du Président chargé de la Défense a déclaré sur RFI qu'il n'y avait pas de bavure. Le déroulé des événements et la gestion de la crise trahissent, le 9 décembre 2018 comme le 18 mars 1978, une préparation et une planification décidées dans les hautes sphères du pouvoir. En définitive, Assoumani AZALI ressemble au côté sombre d'Ali Soilihi.
Par Abdourahamane Cheikh Ali
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