Madagascar : chaque finaliste de la présidentielle pense avoir gagné L’ancien président Marc Ravalomanana s’oppose à Andry Rajoelina, l...
Madagascar : chaque finaliste de la présidentielle pense avoir gagné
L’ancien président Marc Ravalomanana s’oppose à Andry Rajoelina, l’homme qui l’a renversé en 2009 à la suite de grandes manifestations.
Les deux finalistes de l’élection présidentielle malgache, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, se sont déclarés convaincus d’avoir remporté la victoire, mercredi 19 décembre au soir devant leurs partisans, quelques heures à peine après la clôture du scrutin. « Le changement arrive demain et, dès aujourd’hui, vous pouvez dire que “Dada” [“Papa”, son surnom en malgache] est élu », a lancé M. Ravalomanana à son quartier général. « Quoi qu’il arrive, une seule chose compte, on va remporter la victoire ! »
Son rival lui a emboîté le pas peu de temps après. « C’est le numéro 13 [son numéro sur la liste des candidats] qui mène dans tout Madagascar, a asséné M. Rajoelina. Je suis persuadé de remporter une victoire, mais on va attendre les résultats officiels. »
Inimitié
Toute la journée, les Malgaches ont voté pour départager les deux anciens chefs de l’Etat, engagés dans un duel au couteau aux airs de règlement de compte personnel. Selon le chef de la mission des observateurs de l’Union européenne (UE), Cristian Preda, la participation était en baisse d’environ 4 % à 5 % à la mi-journée par rapport à celle du premier tour (54 %).
La rivalité, voire l’inimitié exacerbée, entre les deux hommes fait planer le risque d’une nouvelle crise politique dans un pays qui en a connu de nombreuses depuis son indépendance de la France, en 1960.
Dès la fermeture des bureaux de vote, les opérations de dépouillement ont débuté. Dans le lycée J.-J.-Rabearivelo, dans le centre de la capitale du pays, Antananarivo, le comptage de chacune des voix des candidats no 25 et 13 a été salué par les cris de joie de leurs partisans chauffés à blanc, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse.
Rancunes
La Commission électorale (CENI) a promis de publier les premiers résultats significatifs après Noël. Lors des dernières semaines de campagne, tous les deux ont laissé libre cours à leurs rancunes personnelles, nées de la crise de 2009.
Elu président en 2002, M. Ravalomanana avait été contraint à la démission sept ans plus tard par une vague de violentes manifestations ourdies par M. Rajoelina. Maire de la capitale, ce dernier avait alors été installé par l’armée à la tête d’une présidence non élue. Ils avaient été privés de revanche en 2013, interdits de candidature à la faveur d’un accord de sortie de crise validé par la communauté internationale.
Pour retrouver le pouvoir, MM. Rajoelina et Ravalomanana n’ont pas lésiné sur les moyens financiers, apparemment illimités, ni à s’accuser de fraude. Dès leur second débat télévisé, M. Ravalomanana a reproché à son rival de préparer la fraude, faisant état de la circulation de « fausses cartes d’identité et de fausses cartes d’électeurs ». Il a assuré mercredi qu’il n’accepterait « jamais » les résultats « s’il y a de la fraude ». Quelques heures plus tard, le camp de M. Rajoelina a riposté en dénonçant les « nombreuses manipulations, actes de corruption et tentative de détournement des voix de la part des partisans du candidat 25 ».
Enjeux
Pour nombre d’observateurs, ces échanges laissent présager de très vives tensions dès la confirmation des premières tendances. « Les résultats pourraient être très serrés et, dans ce contexte, même des irrégularités très minimes pourraient amener l’un ou l’autre candidat à les contester », a pronostiqué Marcus Schneider, analyste à la fondation allemande Friedrich-Ebert.
Comme l’a souligné l’ancien ministre de l’éducation et candidat malheureux au premier tour, l’universitaire Paul Rabary, la défaite leur est interdite. « Pour Marc Ravalomanana, c’est une question de vie ou de mort. Son groupe ne peut pas survivre s’il ne reprend pas le pouvoir, a-t-il résumé. Quant à Andry Rajoelina, son histoire personnelle est salie par le coup d’Etat. Il doit gagner pour laver son honneur. »
Le premier ministre en exercice, Christian Ntsay, a appelé les deux candidats à la raison. « Je suis sûr qu’ils sauront calmer leurs partisans (…), le pays ne mérite pas d’autres troubles », a-t-il déclaré.
Le Monde avec AFP
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