Le gouverneur d’Anjouan placé en mandat de dépôt La Cour de sûreté de l’Etat a décidé de placer le gouverneur d’Anjouan sous mandat d...
Le gouverneur d’Anjouan placé en mandat de dépôt
La Cour de sûreté de l’Etat a décidé de placer le gouverneur d’Anjouan sous mandat de dépôt. L’élu est "inculpé: (d') atteinte à l'unité nationale, participation à un mouvement insurrectionnel, complicité de meurtre, rébellion, port illégal d'arme et trouble à la sécurité publique", suite de l’insurrection à Anjouan, opposant civils armés et militaires, avec un bilan de deux morts et quatre blessés.
Les autorités viennent de se débarrasser d’un opposant de taille, en l’occurrence le gouverneur d’Anjouan. Après une première audition par les limiers de la gendarmerie lundi 22 octobre, Abdou Salami Abdou est présenté devant la Cour de sûreté de l’Etat ce jeudi dans l’après-midi. La juge d’instruction, Noura Oussene a décidé de le placer en mandat de dépôt, selon le procureur de la république de Mutsamudu, officiant en qualité de substitut du commissaire du gouvernement près de la Cour de sûreté de l’Etat.
Le substitut n’a pas souhaité nous révéler le lieu de détention de ce gouverneur dont la destitution s’annonce imminente. Mais le mandat de dépôt portant N°02/RI/18 précise que "l'inculpé susnommé" doit être conduit "à la maison d'arrêt de notre siège". Les chefs d'accusation sont qualifiés d'"atteinte à l'unité nationale, participation à un mouvement insurrectionnel, complicité de meurtre, rébellion, port illégal d'arme et trouble à la sécurité publique".
Abdou Salami Abdou avait abandonné son domicile de Mutsamudu pendant les manifestations qui ont pris une tournure inattendue ; à savoir l’affrontement armé entre civils et militaires au cœur de Mutsamudu, le chef-lieu de l’île d’Anjouan. Sans surprise, les autorités l’accusent d’avoir armé les insurgés, ce que le gouvernorat rejette en bloc, reconnaissant néanmoins avoir appelé à une manifestation pacifique.
Neuf civils armés seraient entre les mains de la gendarmerie. Et ils auraient cité Salami comme étant leur commanditaire selon la Cour de Sûreté de l’Etat. La Cour accuse celui qui refuse de prendre acte des reformes constitutionnelles issues du referendum du 30 juillet, de « meurtre », « sécession » et « port illégal d’armes » entre autres chefs d’accusation.
Avant de se rendre le dimanche 21 octobre, le gouverneur d’Anjouan, connaissant le sort qui pourrait être le sien, a pris le soin de procéder à un remaniement technique au sein de son cabinet, plaçant à la tête du secrétariat de son gouvernorat un pur et dur de son parti Juwa. Comme le veut la constitution, c’est ce dernier qui devra prendre les rênes en cas d’empêchement du gouverneur. Seulement, cette stratégie pourrait ne pas fonctionner comme prévue. En effet, en moins de temps qu’il ne faut pour être nommé, le nouveau secrétaire général est déjà dans le viseur de la justice pour « complicité », a annoncé la Cour de sûreté de l’Etat.
Ceci démontre parfaitement la volonté affichée du pouvoir en place de ne laisser aucune molécule du parti Juwa dans les affaires. Ce parti de l’ancien président Sambi, est qualifié de «terroriste» par le régime. Sambi, grâce à qui Azali est président aujourd’hui, est le premier à manger son pain noir. Il était gardé en résidence surveillée depuis le 19 mai avant d’être placé sous mandat de dépôt le 20 août. Dans la foulée, les membres de l’opposition qui s’opposent au changement constitutionnel se font emprisonner les uns après les autres. C’est le parti Juwa qui paie le lourd tribut dans cette justice expéditive.
Selon nos confrères d’Al-watwan, le pouvoir central s’arroge les compétences de l’île d’Anjouan et procède de facto à des nominations. Le siège du gouverneur est assiégé par les forces de l’ordre, bloquant l’accès.
Par TM ©Masiwa - titre©la rédaction
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