Le président de la Nouvelle Opaco : «Il faut revenir à la table du dialogue» Son organisation patronale, la Nouvelle Opaco a partic...
Son organisation patronale, la Nouvelle Opaco a participé aux Assises nationales et prend part au dialogue inter-comorien. Ali Mohamed Mahamoudou annonce le retrait de cette composante de la société civile et s’explique.
Masiwa : Monsieur le président de la Nouvelle Opaco, de nouveau, vous avez participé à la reprise du dialogue inter-comorien, pourquoi ?
Ali Mohamed Mahamoudou : La Nouvelle OPACO a été présente de façon permanente depuis les tous premières rencontres. J’ai été absent du pays pendant une semaine, Hamidou Mhoma a honoré de sa présence, représentant ainsi le secteur privé comorien en tant qu’entité de la société civile. Je vous le précise bien, nous avons toujours été là.
Masiwa : Et pour quelles raisons, vous retirez-vous?
A.M.M : Le dialogue inter-comorien devrait concerner tout le monde. Ceux qui l’ont initié avaient prévu au départ un dialogue entre la Mouvance Présidentielle et l’Union de l’opposition. 2 entités bien identifiées. Parmi ceux-là, le Président de l’Union des Comores avec la facilitation de deux émissaires de l’Union Africaine.
Quand j’avais appris le commencement de ce dialogue, j’avais tout de suite informé d’autres franges de la société civile afin qu’ensemble nous allions forcer la porte pour être accepté dans les discussions. Malgré le refus des facilitateurs, les 2 protagonistes avaient toléré la présence de la société civile et avaient dû céder 2 sièges parmi les 10 prévus pour l’Union de l’Opposition et 1 siège sur les 10 parmi la Mouvance Présidentielle.
Suite à cela, nous avions réclamé officiellement pour avoir une présence à part entière dans le dialogue inter-comorien. Et l’Union de l’Opposition nous a aidés à avoir cette place et il fût accordé 4 places pour la société civile contre 10 et 10 pour chacune des autres entités.
Ce format de dialogue est connu et accepté par tout le monde. Un ordre du jour accepté par tous (je précise bien accepté par tous) et composé de 4 chapitres qui sont :
- Les mesures d’apaisement et d’assainissement du climat politique
- Un cadre permanent de concertation et de dialogue entre parties comoriennes
- La promotion des principes d’autonomie des Iles et de la Tournante
- Les perspectives politiques et institutionnelles dont
- Les élections anticipées du Président de l’Union et des Gouverneurs des Iles
- Le contexte politique et les garanties
- La préparation consensuelle des opérations électorales
- L’organisation, le Contrôle et les Observations
Lors des premiers échanges entre les 3 parties dont la société civile, le Chapitre 1 fût abordé en large et a donné lieu à la rédaction de 6 mesures d’apaisement et Mr Lamamra de l’Union Africaine a rajouté une 7ème mesure. Et l’ensemble des 7 mesures a été acté. Mr Lamamra lui-même avait remis la liste des 7 mesures au Président de l’Union.
Ayant appris la renonciation de l’Union de l’Opposition, des envoyés de la société civile sont partis à 2 reprises les implorer de revenir sans succès. En l’absence de l’Union de l’opposition, le dialogue tel que prévu initialement est tronqué. C’est pour cela que nous représentants de la Société Civile estimons que notre présence n’est pas adéquate.
Masiwa : Est-ce que ce n’était pas prévisible ?
A.M.M : Si la question concerne la renonciation de l’Union de l’Opposition, alors je dis non. Les membres de l’Union de l’Opposition ont démarré le dialogue et ensemble nous sommes arrivés au consensus des mesures d’apaisement. S’ils estiment que les mesures ne sont pas respectées, alors c’est autour de la table de discussion que l’on discute. Leur abandon n’est pas judicieux d’autant qu’ils continuent à interjeter et à discuter d’une partie de ces mesures en dehors de la table de discussion. J’ai du mal à saisir ce positionnement.
Si la question concerne notre retrait, je vous dirais juste une chose. Les représentants de la société civile, surtout nous du secteur privé, avons eu le blanc-seing de nos bases d’assister au dialogue entre L’Union de l’Opposition et la Mouvance Présidentielle. Dans ce format si l’un des 2 se retire nous n’avons pas vocation à le remplacer.
Masiwa : Si je me souviens bien, vous étiez aussi aux Assises nationales et au final, la société civile n’a pas été satisfaite des résultats des Assises. Pourquoi croire que cette fois-ci ça se passerait autrement ?
A.M.M : Parce que les hommes doivent apprendre à corriger leurs erreurs. Aux assises auprès desquelles j’ai représenté le secteur privé, je me suis battu pour essayer d’imposer l’humilité d’accepter la différence amenée par « l’autre ». Je me suis battu pour faire comprendre que l’«inclusivité» annoncée dans les paroles devrait être réellement recherchée dans les postures. Je n’ai pas été entendu. Beaucoup s’estiment être floués par les résultats de ces assises qui ne reflètent pas toutes les différentes approches.
Aujourd’hui encore, je ne cesse de le répéter à nos interlocuteurs de la Mouvance Présidentielle quand ils éructent que le dialogue tel qu’il est prévu peut se faire sans l’Union de l’Opposition, et qu’ils ne vont pas se plier en quatre pour les convaincre de revenir.
Masiwa : Est-ce à dire que la société civile considère que l’absence de l’opposition reconnue légalement par la loi n’est pas préjudiciable au dialogue ?
A.M.M : C’est le format de discussion prévu qui oblige à tout interrompre les discussions et à redéfinir éventuellement un autre format qui inclurait toutes les autres franges de la vie politique de notre pays.
Si en effet d’aucuns disent que l’Union de l’Opposition n’a pas le monopole de l’opposition et d’autres peuvent incarner la vie politique de notre pays, alors disons-le mais pas en catimini et accordons nous ensemble qui sont les autres acteurs politiques. Ensuite reprenons les discussions.
Encore une fois je le répète que l’Union de l’Opposition n’a pas contesté l’ordre du jour composé de 4 chapitres et sous chapitres et nous nous devons les traiter avant de faire face aux échéances difficiles qui pointent.
Masiwa : Que répondez-vous à ceux qui accusent la société civile, surtout votre organisation patronale et Badili de cautionner de par votre présence un simulacre de dialogue ?
A.M.M : Je les renvois aux interviews de Mr Bounou de la Fédération des Droits de l’Homme et de moi-même Président de l’Organisation Patronale auprès de l’ORTC
Masiwa : La communauté internationale (ONU, UA, UE) est préoccupée par les tensions actuelles aux Comores et exhorte à la reprise d’un dialogue inclusif et apaisé, que faut-il faire pour y parvenir ?
A.M.M : Contrairement au positionnement de l’Union de l’Opposition je dis qu’Il faut revenir à la table du dialogue puisque nous avons cette opportunité. La mouvance présidentielle a son calendrier qui ne peut convenir à 100 % à l’Union de l’Opposition. Et vice-versa.
Mais justement ce sont ceux qui ont des vues différentes qui se mettent à table pour discuter. Mais le positionnement de l’Union de l’Opposition risque de les faire se disqualifier dans l’opinion. Je trouve même qu’avoir pris position pour le soutien des cagoulés de Mutsamudu est une faute énorme et inexcusable.
Dans les mesures d’apaisement convenues ensemble, Mr Lamamra nous avait tous demandé d’intégrer la 7ème mesure suivante : « Faire promouvoir une exigence de retenue et de conciliation dans l’expression publique des positions et éviter tout abus dans le langage et les comportements en toute circonstance».
Sur ce point les 2 principaux protagonistes du dialogue ont péché.
Propos recueillis par BIM ©Quotidien Masiwa
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