Rencontre avec l'un des fondateurs du festival, DaGenius Jusqu’au 27 septembre, le festival Slamer un pied sur la lune prend ses ...
Jusqu’au 27 septembre, le festival Slamer un pied sur la lune prend ses quartiers, principalement, au Centre de Création Artistique et culturelle des Comores de Mavuna. Rencontre avec l’un des chefs d’orchestre de cette deuxième édition, l’artiste Abdou Kamal-Eddine, alias DaGenius.
Comment est né le festival ? Quelle en est la ligne directrice ?
Le festival est né d’idées de trois jeunes artistes (Fatima Salim Said Ali, Amal Athoumani Youssouf et moi-même DaGenius ABDOU Kamal-Dine). Nous faisons notamment du slam, et nous voulions donner plus de visibilité au slam, à l’art oral comorien, à la poésie. On retrouve la poésie comorienne un peu partout, lors des festivités comme les mariages, les circoncisions, les propagandes politiques, ou encore dans des berceuses. Elle a connu plusieurs formes et variantes, mais toujours il y a cette idée de la poésie comme performance.
Et au fur et à mesure que nous nous émergeons dans le slam et dans l’envie d’apprendre un peu plus sur les traditions oratoires comoriens, nous sommes arrivés à la conclusion les fondamentaux du slam sont proches de l’art oral comorien, comme les Mbandzi Mwindedji (littéralement traduit (poète errant), les Poignandu (joute aratoire), ou Koho (Poésie Chantonnée),…
Ce festival c’est tout autant un championnat national de slam pour promouvoir et encourager les artistes de l’archipel qu’une rencontre avec plusieurs artistes étrangers.
Nous faisons ce festival pour aider les slameurs comoriens en leur donnant des scènes et des challenges. Invité des slameurs étrangers, c’est donner davantage de visibilité au festival mais surtout pouvoir partager, échanger et apprendre de leurs expériences pour tous s’enrichir.
Les slameurs comoriens ont pour habitude de puiser leur inspiration et leur style chez des slameurs reconnus comme Capitaine Alexandre, Grand corps malade, Gael Faye…etc. Faire venir des slameurs étrangers, c’est pouvoir leur donner d’autres perspectives d’inspirations et les encourager à créer leur propre style grâce aux conseils avisés de ces slameurs étrangers.
Quels sont les temps forts du festival ?
Cette année, nous fêtons la 4ème édition du championnat national de slam et à chaque édition, le nombre de participants grandit. Puis, la soirée de slam découverte, une soirée complètement dédiée à la découverte de jeunes slameurs qui veulent professionnaliser cet art. Et enfin le grand concert car alors nous pourrons vraiment jouir du partage entre les slameurs locaux et étrangers.
Quelles sont les activités de l’association Sakara, qui porte « Slamer un pied sur la lune » en dehors du festival ?
Transmettre aux jeunes le goût de l’expression oral avec le slam et la poésie par le biais d’interventions et des ateliers dans l écoles. Remettre en marche notre magazine numérique « SakMag » qui parle d’Art et de Culture. C’est là nos objectifs principaux pour cette fin d’année.
Vous êtes vous-mêmes slameur. Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours, de ce que vous permet d’exprimer le slam ?
Fin 2006 début 2007, je me suis essayé au slam avec comme nom de scènes DaGenius. En 2008, je décide avec deux amis de fonder le premier collectif de slam des Comores “Les Slameurs de la Lune”. En 2013, Je décide de débuter une carrière solo dans le slam, et je me suis produit sur des scènes un peu partout à Ngazidja, accompagné par un guitariste et un chanteur. Nous avons adopté un concept de SlamMusical.
Après avoir côtoyé́ les scènes libres et fait des concerts et des spectacles de poésie et de slam, un peu partout, dans les iles des Comores ou à l’international, je prépare actuellement mon premier album « MSAFARA Voyage Poétique »
Qu’exprimez vous à travers vos textes de slam ?
MSAFARA Voyage Poétique est une invitation au voyage des mots, à la poésie, à la découverte des mélodies, des histoires d’ailleurs mais surtout d’ici, une ile de la lune, une terre volcanique, la Grande Comores (Nganzidja). Msafara c’est le mélange entre des textes de l’humain et des histoires d’hier, aux couleurs d’Afrique, mais aussi des amnésies, des pulsions qui nous mêlent et nous rassemblent. Une invitation au voyage et au partage. Entre rythme tantôt folk, reggae et musique d’ailleurs, entre langue française et comorienne, chant et slam, Msafara c’est un melting-pot coloré pour porter les fables, les contes et les murmures du vent un peu plus fort.
ENTRETIEN DE ANNE BOCANDÉ AVEC DAGENIUS ©africultures
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