"Anjouanaises, Anjouanais, J'ai pensé à nous écrire afin de condamner fermement l'une de nos caractéristiques repréhensibl...
"Anjouanaises, Anjouanais,
J'ai pensé à nous écrire afin de condamner fermement l'une de nos caractéristiques repréhensibles qui n'est autre que notre insouciance légendaire.
J'aimerais commencer par nous rappeler que le monde musulman, dont nous faisons partie, a perdu beaucoup de ses dirigeants, bons ou mauvais, emportés par l'impérialisme occidental.
Ces dirigeants se sont apparemment détestés les uns les autres. Par conséquent, ils n'ont fait que se regarder disparaître l'un après l'autre sans doute avec délectation alors qu'ils auraient pu avoir le poids de faire face à l'impérialiste voire même de contribuer à sa chute en avalant leur fierté pour se liguer ensemble afin de défendre leurs intérêts communs.
Je crains que les Anjouanais n'aient beaucoup à apprendre de ces évènements malheureux vu les moments difficiles que nous traversons actuellement dans ce pays appauvri.
Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, qui se trouve être Anjouanais et malheureusement le politicien Comorien le plus populaire du moment et peut-être même de tous les temps, est détenu depuis des mois pour des raisons purement et simplement politiques. Sa popularité dérange alors qu'il est envisagé de faire durer l'actuel régime jusqu'en 2030.
Face à cette injustice qui saute aux yeux de tout un chacun, les Anjouanais que nous sommes ont préféré laisser faire au lieu de se mobiliser contre l'injustice imposée à l'un des leurs.
Mes chers frères et soeurs Anjouanais, ne pouvons-nous pas prendre conscience du fait que si un ancien Président qui, de surcroît, est le politicien le plus aimé de tous les temps peut se fait arrêter, enfermer chez lui et priver de presque tout sans la moindre réaction ne serait-ce que pour dénoncer l'humiliation gratuite, les simples citoyens que nous sommes connaîtront pire que ça?
Si, chers Anjouanais, nous ne savons pas prendre d'initiatives, inspirons-nous des autres.
Il y a quelques années de cela un ancien chef d'état major, [next] qui n'était pas un élu, avait été mis en résidence surveillée soupçonné par la justice, et non l'éxecutif, de complicité dans l'assassinat d'un frère d'armes. Il n'a été abandonné ni par ses frères et soeurs de la même île ni par certains autres comoriens des autres îles.
En effet, une tension vive régnait à Ngazidja pour ne pas dire à travers le pays car sa mort en détention était redoutée puisqu'elle pouvait provoquer de violents affrontements entre communautés résidant sur l'île abritant la capitale. Cette tension a duré, il faut le rappeler, tout au long de sa détention.
Comment se fait-il donc, chers Anjouanais, que nous restions silencieux et insouciants alors que notre frère, un ancien élu qui a servi et beaucoup fait pour ce pays, se fait neutraliser politiquement par ceux-là mêmes qui le jalousent alors qu'ils sont loin d'être meilleurs que lui? Pourquoi est-ce que nous ne nous accordons aucune valeur?
Personne ne nous demande d'user de la violence pour libérer notre frère. Personne ne nous conseille de semer la pagaille dans le pays. Il serait juste raisonnable et souhaitable que nous nous levions pour réclamer justice au profit de notre honorable frère.
Il semble qu'il est maintenant accusé de détournement de fonds publics. Soit! Mais qu'il soit jugé au plus vite pour prouver qu'il a bel et bien volé et lui infliger la peine qu'il aura méritée. Il ne peut pas continuer à être détenu juste le temps de la mise en oeuvre d'un plan machiavélique.
A mon sens, Sambi mériterait plutôt la reconnaissance de tout un peuple pour lui avoir ouvert les yeux. Il se passait bien des choses dans ce pays à l'insu de la population. Grâce à Sambi, le peuple arrive à comprendre le fonctionnement du pays. Il a mis fin à une source illégale d'enrichissement pour certains, l'une des raisons pour lesquels il se fait punir aujourd'hui.
Anjouanais et autres comoriens, luttons pour la justice dans notre pays. Si nous laissons l'injustice se répandre, c'est nous qui en pâtirons. Nous n'en sommes sans doute pas victimes aujourd'hui. Mais notre tour finira par venir. Qui vivra verra".
Babayou Houmadi
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