Arrêtons de mentir aux Comoriens ! Le président Azali Assoumani ne fait pas campagne sur le référendum, détrompons-nous. Il fait camp...
Arrêtons de mentir aux Comoriens !
Le président Azali Assoumani ne fait pas campagne sur le référendum, détrompons-nous. Il fait campagne sur son programme comme s'il était déjà en campagne pour la prochaine élection présidentielle. Et donc la position du boycott et l'appel de l'union de l'opposition Sambiste à s'abstenir font le jeu de Azali.
Azali ne veut surtout pas que l'on parle du contenu du texte car il est conscient que ce texte transgresse les conclusions des assises nationales, ne garantit pas un état de droit, ne respecte pas les principes d'un État fédéral, ne respecte pas l'autonomie des îles garantie par l'article 42, créé une nouvelle république unifiée en lieu et place d'une république fédérale décentralisée, met en place une CS dont tous les membres seront nommés par le président, met en cause la citoyenneté des comoriens de l'extérieur, pose les bases d'une guerre de religion, réduit l'assemblée nationale à un chambre d'enregistrement, met en place une justice sous la main du chef de l'Etat...et pire encore.
Expliquer tout cela aux comoriens en pointant du doigt les dangers de ce texte est un devoir de toute organisation politique et même civile. C'est la raison pour laquelle nous appelons-les comoriens à voter le NON massivement. C'est la seule manière à notre portée pour arrêter ce texte. Toute autre solution basée sur le boycott ou l'appel à l'abstention est une leure et un une caution donnée à Azali pour valider son texte, qui est sans doute le plus mauvais des constitutions que notre n'ait jamais connu. Je pense que l'union de l'opposition autour de Sambi devrait faire la différence entre deux temps : le temps de la lutte pour le respect du droit et la constitution qui est épuisé et l'autre temps qui est purement politique.
Confondre les deux, c'est faire preuve d'ignorance ou de naïveté politique. Le temps politique prend le dessus avec l'organisation de ce référendum coûte que [next] coûte malgré la contestation et la mise en garde de l'union africaine. Et ce temps politique s'accélère comme il s'est accélère en 2001 sous Azali premier et en 2009 sous Sambi. A chaque fois il y a eu contestation, en 2001 et en 2009 et pourtant les deux constitutions ont été adoptées. L'histoire nous montre que le boycott et la politique de la chaise vide n'ont jamais réussi à faire reculer le pouvoir. En revanche, à chaque fois que le peuple s'est manifesté dans les urnes il l'a remporté.
C'est le cas lors de l'élection de TAKI Abdoulkarim, Elback, Sambi, Hassane Hamadi, Azali 3...le mouvement Badili a passé crible toute la situation politique de ces 30 dernière année, avec une comparaison appuyée par ce qui ce passe en Afrique, avant de décider de faire appel à voter le NON. Le NON massif pourrait faire reculer Azali dans son élan de création de présidence monarchique. En revanche le OUI le met dans une situation confortable pour réaliser et valider et légaliser son coup d'Etat constitutionnel. C'est un cadeau inespéré, c'est pourquoi il ose parler d'une victoire du OUI à 89%. Ne soyons pas dupes chers amis de l'opposition autour de Sambi. Ni l'union africaine ni aucune organisation ne viendra invalider un référendum d'un pays souverain.
L'opinion interviendra seulement s'il y a guerre civile prolongée avec des morts et nous ne souhaitons en arriver là. N'oublions pas que ce régime serait soutenu par deux grands belligérants au moins: la France et l'Arabie saoudite pour des intérêts stratégiques liés à l'exploitation du pétrole pour l'un et l'extension du sunnisme pour l'autre. Face à cela, seul le recours au peuple est possible pour arrêter ce texte. Toute autre solution est un rêve. Arrêtons de mentir au peuple !
Par Ahmadou Mze
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