Dr Djaza, président de la CENI La " machine est en route, rien ne peut l'empêcher " ! Vous avez dit "consensus"...
Dr Djaza, président de la CENI |
La question à laquelle devrait réfléchir le Président est celle de l'environnement propice ou pas à l'organisation d'un référendum constitutionnel. Bien sûr que M. Azali s'est trop engagé, qu'il lui est difficile de revenir en arrière mais il est de notre droit et de notre devoir d'attirer son attention sur les dangers consécutifs à l'usage exclusif de la force que confère le pouvoir pour imposer sa volonté, quelle qu'en soit par ailleurs la pertinence, la légitimité ou le bien-fondé. A danser plus vite que la musique on peut se mêler les pieds !
Les questions brûlantes sont gravissimes et ne peuvent pas être éludées par un revers de main d'un dirigeant de premier plan habitué à mettre les pieds dans le plat.
Comment le juge électoral peut relever uniquement du Président et espérer de l'impartialité ? D'autant que le Chef de l'Etat vient de nommer quatre membres supplémentaires dans la perspective de la tenue du référendum. Un juge électoral qui vient de se déjuger dans l'examen du recours d'un jeune demandant l'annulation de la convocation du référendum pour un vice de forme flagrant : le texte des modifications proposées non joint au décret de convocation du corps électoral ! La pirouette de la Cour Suprême n'a absolument pas rassuré, au contraire ! Rappelons que dans des circonstances similaires la Cour Constitutionnelle avait dit le droit au Président Sambi.
Quelle peut être la crédibilité d'un Djaza à la tête de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), lui qui fut accusé de détournement de fonds de la CENI la bagatelle de 300 millions de francs comoriens et qui a fait de la prison pour cela. Djaza dont la responsabilité [next] dans le déroulement chaotique des dernières présidentielles, le fameux troisième tour, est écrasante. Un tel personnage devrait être écarté à jamais de l'organisation d'élections.
Et enfin le texte dont l'ampleur conduit bien d'observateurs à considérer qu'il s'agit pratiquement d'une nouvelle Constitution. Car il ne s'agit pas de modifier une disposition de la Constitution mais de la modeler profondément. Les 33 pages de la brochure spécifiant les modifications proposées fournissent une preuve tangible de l'ampleur des changements qui vont être introduits. Cela ne devrait-il pas induire plus de circonspection ? Suffit-il d'avoir le droit d'initier un référendum pour le faire sans un minimum de précaution, de consultation y compris et peut être surtout des adversaires politiques ? Les assises nationales apparaissent comme un faux alibi. N'y ont participé que les partisans du régime comme chacun le sait, les voix dissonantes se sont désistées ou ont été écartées.
L'on ne peut terminer l'analyse du contexte du référendum sans parler de l'usage exagéré de la force pour réprimer les manifestations de l'opposition dont les principaux responsables sont neutralisés. Un référendum sans la participation d'une partie non négligeable de la population est-il sérieusement envisageable ? Peut-on continuer sur la voie des assises, croire qu'on peut continuer "à travailler pendant que d'autres bavardent", vers quelle émergence avancera-t-on ? Le pays peut-il progresser sur un pied, clopin clopan ?
La mise en avant des véritables intérêts du pays commanderait une autre démarche : focaliser l'attention sur la question de Mayotte et le combat actuel mené avec intelligence par le Ministre des Relations Extérieures sous la direction du Président, se saisir de ce combat national pour rassembler et ouvrir la voie à une refonte nécessaire des institutions du pays.
L'Histoire est un juge impitoyable !
Idriss
03/07/2018
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