L’hôpital pôle de Mitsamiouli connait une situation très difficile depuis la suspension de son Directeur, fin janvier 2018, par la minist...
L’hôpital pôle de Mitsamiouli connait une situation très difficile depuis la suspension de son Directeur, fin janvier 2018, par la ministre de la santé Dr Fatma Rachid Mohamed. Le médecin assurant l’intérim n’arrive pas non plus à surmonter la pression de certains membres du personnel et d’autres personnes de la région du nord, qui font tout pour le décourager de sa mission.
Entre les rumeurs inventées de toute pièce par des personnes bien conscientes mais de mauvaise foi, la récupération politique par certaines figures de l’opposition ou la manipulation des noms de familles, les Comoriens doivent savoir que la vérité est écrite noir sur blanc dans un rapport communiqué en octobre 2017, dénonçant la mauvaise gestion totale du Directeur. Ce rapport a été fait par la Direction Générale de la Santé à travers la Direction des établissements des soins publics et privés (DESPP).
Cette dernière a planifié en octobre 2017 une mission d’évaluation dans la mise en œuvre des projets d’établissements hospitaliers à 4 hôpitaux (CHRI Hombo et Fomboni / HP Mitsamiouli et Domoni) en vue d’établir un bilan d’étape après deux ans de mise en œuvre et de revoir [next] le fonctionnement de tous les appuis. Le contenu de ce rapport ne pouvait laisser indifférent, plus précisément dans la rubrique dédiée à l’hôpital pôle du nord.
Que dit le rapport ?
Le rapport souligne que le Directeur n’a aucune connaissance sur l’existence d’un manuel de procédure de l’hôpital, et pourtant, ce manuel existe depuis 2010. Il a été remarqué étrangement que le budget 2016-2017 n’existaient pas sous prétexte que l’équipe précédente n’aurait pas laissé des données et qu’aucun ordinateur n’a été retrouvé pour de tels renseignements. La remarque mentionnée est que le Directeur ne maîtrise pas le projet d’établissement de l’HP de Mitsamiouli. Il ne savait même pas que des budgets pluriannuels de cinq années étaient déjà préétablis et joints comme contribution financier de l’hôpital.
Il s’est avéré que les versements ne sont pas faits à la banque et que la petite caisse d’avance pour les imprévus n’était pas créée. Aussi, le Directeur n’arrivait pas à maitriser la mobilité du personnel soignant, ce qui fausse la pérennisation des politiques engagés par le gouvernement pour l’hôpital.
Autres sources inquiétantes ?
Les kits d’urgence livrés et les autres produits pharmaceutiques dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’établissement hospitalier ne sont pas enregistrés à la pharmacie. Il s’avère que l’ensemble du personnel présent à la séance de l’enquête n’est pas au courant de la livraison faite à l’hôpital. Le rapport évoque l’inexistence du procès-verbal de réception des médicaments livrés. Pire encore, les médicaments n’ont jamais transité à la pharmacie de l’hôpital et certains agents du centre n’étaient pas du tout au courant d’une telle livraison de kits et autres consommables [next] médicales.
Comment comprendre que le Directeur et son équipe ignoraient le règlement intérieur pourtant mise en place depuis 2013 dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme ? Comment comprendre que jusqu’à la rédaction dudit rapport l’hôpital pôle de Mitsamiouli n’avait ni rapport d’activité ni financier ? Il est clair qu’aucune forme de gouvernance n’a été appliquée à l’hôpital mais c’était le Directeur qui décidait, seul.
Situation actuelle ?
Bien d’autres choses encore pires ont été mentionnées dans ce rapport. La ministre de la santé a pris pourtant le temps qu’il fallait (3 mois) pour trouver une solution au problème avant de comprendre que la seule solution qui s’imposait pour le bien de l’hôpital était de suspendre le Directeur.
L’intérimaire a été installé pour 3 à 6 mois. C’est pourquoi très bientôt le nouveau Directeur de l’HP de Mitsamiouli sera connu et installé puisque la procédure légale visant à nommer un nouveau a été respectée. Le choix des candidats a été fait, l’arrêté de nomination est en attente de signature auprès du SGG, seule personne qui donne le dernier visa de l’arrêté signé par la ministre de la santé. En attendant, c’est plutôt tout le personnel de santé de l’hôpital qui devrait respecter leur mission en répondant à la demande et aux directives du Directeur par intérim. Et ce, pour le bien de la population.
Docteur Oulfata Abdoulbastoi
Gynécologue et Experte en Santé publique
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