Lettre à mon président C’est avec joie que je vous écris cette lettre pour vous rappeler deux choses essentielles: « Ra mnyezimgu wu ...
Lettre à mon président
C’est avec joie que je vous écris cette lettre pour vous rappeler deux choses essentielles: « Ra mnyezimgu wu Stehi owa comores » (suis les Commandements de Dieu et respecte les comoriens). Ce peuple vous a choisi pour espérer sortir du marasme économique et abolir la corruption. Ce peuple vous a préféré aux autres candidats qui, certains ont dilapidé, à tour de rôle, les biens de l’Etat. Ces candidats qui se sont rangés dans l’opposition, dont Certains ont pu faire fortune par des biens mal acquis et autres qui ont envie de revenir se refaire, se rattraper sur des opportunités manquées ne nous impressionnent pas.
Monsieur le président, ce que je peux vous rappeler, vous vous êtes engagé à lutter contre la corruption, alors que certains de vos collaborateurs sont soupçonnés de torpiller et de faire saigner l’économie de la nation. Des soupçons ici et là sans plainte ni démenti, rien. Des députés jusqu’au plus haut sommet de l’Etat sont soupçonnés à tel point que ceux qui sont épargnés se comptent sur les doigts d’une main. Le misérable train de vie que les comoriens pensaient l’avoir évité reprend chemin.
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Cette œuvre de certains de vos « copropriétaires du pouvoir » ont pu réussir à vous rendre l’homme le plus haï des Comoriens et le président le plus vulnérable que les Comores n’ont jamais eu. Nous sommes nombreux à se reposer sur votre haute responsabilité, tandis que certains se rangent dans un autre camp, pour compromettre toute démarche possible de relancer le développement des Comores.
Monsieur le président, « Ria mnyezimgu ». Le chômage a atteint son apogée. Les jeunes sont désœuvrés, l’angoisse se multiplie, les hôpitaux sont quasi inexistants, l’enseignement de base est en panne, l’Université est politisée. Il est aussi à noter que des activités privées sont fermées à cause de la multiplication des taxes injustifiées. Et les projets de rêves, le trouble à l’ordre public, le manque de respect des comoriens, les atteintes à la personne, la justice quasi-partiale ? Tout ça engendre un grand désespoir, donc une stagnation de l’angoisse de la population, notamment les jeunes.
Monsieur le président, loin de moi, l’idée de prétendre qu’il y a manque d’initiatives comme le cas des investissements lancés dans les trois îles, mais la volonté n’est pas de mise. Vos conseillers vous rassurent que tout va bien. Et pourtant sur le terrain, tous ou presque vos lieutenants font repos sur le désespoir. En rajoutant l’équation des visas et l’avenir incertain de notre diaspora, il y’a un écart de richesse qui va s’enregistrer. Baisse de devises car certains de nos frères et sœurs, vivant à l’extérieur, viendront les mains vides, sans projets d’investissements à cause d’un accueil peu encourageant et des taxes variables à l’entrée, qui sont au-delà des attentes… dans un monde de globalisation des échanges internationaux.
Monsieur le président, la terreur instaurée par certains membres de votre gouvernement, qui privent une partie de la population de la liberté, notamment d’expression. Mais pourquoi le pouvoir est-il devenu une entreprise d’un clan ? Ceux qui ont voté pour vous regrettent prestement. Vous qui étiez et qui restez le seul espoir des comoriens. Vous pouvez mieux faire.
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Monsieur le président, ceux qui vous conseillent de bien faire devront être considérés comme des amis politiques, malgré la distance qui vous sépare et la barrière montée pour que vous ne soyez percé par leurs réactions. Je fais référence à nos frères, le juriste Mohamed Rafsandjani, l’écrivain, journaliste Said Yassine Said Ahmed, le journaliste Faissoil Abdou, ainsi que d’autres intellectuels comoriens de tous bords. Ils ne sont pas des ennemis de l’Etat ni du pouvoir en place, encore moins du gouvernement.
Monsieur le président, ayez l’audace de prendre les bons conseils, car « nul n’est ami que celui qui te corrige ». Mr le président. Des hommes nobles par leur passé se sont vus humiliés et torturés moralement. Les actes de provocation doivent cesser. La politique de deux poids et deux mesures doit être abolie. Ici, certains amis du gouvernement et les partis de la mouvance ont droit de se rassembler et là l’opposition est opprimée, interdite de se réunir. Nous nous approchons du référendum, ayez le courage de trouver une entente avec les partenaires et la société civile afin de garantir une élection qui ne sera pas entachée d’irrégularités. Vous sortirez victorieux.
En outre, les milliers de jeunes qui se retrouvent dans la rue, diplômes en poche, sont inquiétants. Essayez de constituer « un fond de garantie jeunes promoteurs » permettant aux institutions financières de consentir des crédits aux jeunes détenteurs de projets viables, afin qu’ils s’auto-embauchent.
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Vous devez, Monsieur le président, privilégier la consommation des produits locaux au détriment de ceux importés. Nous pouvons saluer vos efforts inlassables de vos projets déjà commencés et dont nous espérons la réalisation. C’est ainsi que je vous remercie d’avoir rendu public le texte référendaire afin que l’opposition puisse avoir le droit de s’exprimer et de donner son point de vue. Nous reposons nos espoirs sur vous et votre équipe.
Monsieur le président, je sais que vos conseillers vous disent autant. Mais un citoyen comme moi n’a droit de voir votre côte de popularité chuter et se taire. Je vous prie de bien vouloir mener une négociation franche avec les partis de l’opposition pour parvenir à un consensus acceptable.
Pour l’affaire du scandale du siècle, Sachez que les comoriens attendent de vous une réponse juste et efficace sur la citoyenneté économique et la restitution de cette manne financière dilapidée par un groupe de personnes. Oui, nous devons agir vite sans passion ni émotion. L’affaire doit être jugée impartialement et objectivement.
Quant à moi, je confirme ma disponibilité à vous accompagner tant aux reformes qu’à vous encourager pour vos bonnes initiatives. Espérant le changement du mode de gouvernance, J’appelle les jeunes à adhérer à cette vision et surtout à ne pas être malmenés par une opposition non crédible et sans proposition.
Vive les Comores
(Ma contribution parru dans le journal Massiwa du jeudi 28/06/2018)
Said Youssouf mohamed
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