La France passe « au niveau 3 » de ses mesures de rétorsion contre le gouvernement comorien après la décision prise par Moroni d’interdire ...
La France passe « au niveau 3 » de ses mesures de rétorsion contre le gouvernement comorien après la décision prise par Moroni d’interdire les bateaux transportant « des expulsés » en provenance de l’île comorienne de Mayotte.
Une note affichée à l’entrée du Service consulaire indique l’arrêt de l’opération de délivrance des visas aux Comoriens souhaitant se rendre en France à partir du 4 mai 2018. Les autorités consulaires françaises ont pris le soin de préciser que la mesure ne concerne pas les ressortissants d’une autre nationalité.
Sauf méconnaissance de ma part, cette précision concerne surtout les Comoriens ayant la nationalité française. Les binationaux, comme certains le disent avec grande fierté. Normal puisqu’ils sont Français. Mais jusqu’où ira la France dans ce qui s’apparente à une crise larvée entre Moroni et Paris ?
Au-delà du symbole, il y a de quoi à interroger les spécialistes en sciences diplomatiques. Ce n’est pas la première fois que la France et les Comores nous plongent dans un cinéma diplomatique. En 2010, une crise similaire a provoqué des tensions parfois houleuses entre les deux pays. Et au finish, c’est la France qui en sort renforcée dans son combat de faire de Mayotte une région ultrapériphérique de l’Union européenne. La partie comorienne, malgré la gueule du gouvernement de l’époque, a subi une humiliation sans précédent. On aime la guerre mais on ne se donne pas le moyens pour la bien mener !
L’actuel gouvernement va-t-il résister à ces mesures de rétorsions de la France ? Les Comoriens ont-ils vraiment les moyens de leurs causes ? L’actuel ministre des Affaires étrangères, Soeuf Mohamed Elamine, au Bangladesh pour la réunion de l’OCI, compte arracher une déclaration de principe dénonçant « l’occupation illégale » de l’île comorienne par la France. La Ligue arabe l’a fait à l’occasion du sommet de Dammam en Arabie Saoudite. Est-ce suffisant ?
Allons-nous vivre une nouvelle capitulation, côté comorien comme en 2011 ? L’actuel gouvernement est-il capable d’éviter une nouvelle humiliation qui collera sans doute au peuple comorien ? On peut saluer le courage et la fermeté du ministre comorien des Affaires étrangères. Mais a-t-il vraiment les moyens de ses ambitions ? Jusqu’où la France et les Comores veulent-elles nous mener ? Les deux pays sont ils vraiment animés d’une vraie volonté de trouver une solution à leur différend ? Rien ne nous rassure. On y a vu et entendu des choses invraisemblables (...).
On se rappelle de l’histoire des Jeux des îles, la participation décidée unilatéralement par les autorités comoriennes et « le cadeau » obtenu par Moroni… à l’époque (…). Une enveloppe de 400 millions d’euros estampillée « Aide budgétaire exceptionnelle »confirmée par des sources officielles françaises (…). Du cinéma !!!
On se rappel du fameux « compte-rendu » rédigé à l’ambassade de France sous Luc Hallade et imposée à la partie comorienne sous Fahmi Saïd Ibrahim, représenté par le ministre Djaffar Mohamed Ahmed Mansoib début 2011 ayant mis fin à la crise diplomatique. Moroni ne cherche-t-il pas encore aujourd’hui à obtenir quelque chose comme on a l’habitude de le vivre honteusement depuis 2005. L’histoire le dira (…).
A.S.KEMBA
Journaliste