Dans une déclaration lue par le ministre malgache de la Défense mercredi 2 mai et signée par les chefs de l'armée, de la police et de l...
Dans une déclaration lue par le ministre malgache de la Défense mercredi 2 mai et signée par les chefs de l'armée, de la police et de la gendarmerie, les responsables des forces de l'ordre demandent à l'opposition et au gouvernement de trouver une solution pour mettre un terme aux contestations. Depuis près de deux semaines, les députés de l'opposition et leurs partisans occupent chaque jour la place du 13-Mai, dans le centre de la capitale. Ils dénoncent l'adoption des nouvelles lois électorales qu'ils jugent favorables au régime et exigent la démission du chef de l'Etat.
Le ministre malgache de la Défense, Béni Xavier Rasolofonirina (au centre), a donné une conférence de presse mardi 2 mai 2018. © Laetitia Bezain/RFI |
C'est le général Béni Xavier Rasolofonirina, ministre malgache de la Défense, qui a pris la parole en personne.
« Nous, responsables des forces de l'ordre, interpellons haut et fort les chefs de partis politiques concernés par les tensions actuelles pour qu'ils prennent leur pleine responsabilité pour trouver une solution, et ce dans les plus brefs délais. Nous lançons un appel à tous les citoyens malgaches à ne plus se laisser manipuler par les politiciens. Ça suffit le sang versé et les pertes en vie humaine. Ne faites pas de l’égoïsme, de la cupidité, de l'amour du pouvoir des raisons pour sacrifier nos compatriotes. Nous serons tous jugés pour nos actes par l'histoire et les générations futures. Nous, forces de l'ordre, déclarons vouloir coûte que coûte la sécurité du peuple. Cela est la priorité du pays. »
Le 21 avril, lors de la première manifestation de l'opposition, au moins deux personnes ont été tuées. Une manifestation qui avait été interdite par les autorités et qui avait dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre.
Nouvelles actions des députés d'opposition
Cette prise de parole intervient alors que les députés de l'opposition se sont une nouvelle fois mobilisés mercredi 2 mai. Ils ont défilé dans les rues d'Antananarivo, la capitale avec environ 800 personnes, s'arrêtant dans plusieurs ministères. Ils ont tenté encore une fois de bloquer l'administration et ont appelé les fonctionnaires à les rejoindre.
Des chaînes et des cadenas, c'est ce que les députés de l'opposition ont utilisé pour bloquer les entrée des ministères, et ce après avoir demandé aux fonctionnaires de sortir des bâtiments. « On vous donne cinq minutes pour sortir sinon cela veut dire que vous êtes complices de ce régime corrompu ! N'ayez pas peur car nous sommes là pour vous protéger », lance Hanitra Razafimanantsoa députée du TIM, parti de l'ancien président Marc Ravalomanana.
Devant le ministère de l'Aménagement du territoire, Tsilavina est l'un des rares fonctionnaires à bien vouloir s'exprimer. Il n'a pas osé rejoindre les manifestants. « J'ai hésité parce qu'on nous surveille, explique-t-il. Notre leader nous a tous pris en photo pour savoir qui était parti avec les manifestants et qui était resté. Je ne suis pas le seul à avoir peur, la plupart de mes collègues aussi car peut-être qu'ils peuvent nous licencier. Je suis d'accord à 100% avec les manifestations des députés. »
Des députés qui ont décidé de prendre le chemin de la Haute Cour constitutionnelle, chargée d'examiner quatre de leurs requêtes, notamment celle concernant leur demande de destitution du chef de l'Etat.
« On vient ici pour leur dire qu'on ne lâche plus rien. Il faut qu'ils répondent. Il ne faut plus qu'ils refusent de trancher », martèle Paul Bert Rahasimanana, député du Mapar, parti de l'ancien président de la transition Andry Rajoelina.
Après avoir bloqué le quartier pendant une demie-heure, les députés et les manifestants ont finalement regagné la place du 13-Mai. Une nouvelle mobilisation est prévue ce jeudi matin dans les rues de la capitale. RFI