Ancienne colonie française, les Comores, autrefois composées de quatre îles (Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), ont proclamé leu...
Ancienne colonie française, les Comores, autrefois composées de quatre îles (Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), ont proclamé leur indépendance en 1975. Mais la France a décidé d'occuper illégalement l’île de Mayotte. Territoire non décolonisé aux yeux des Nations unies, l’île est bel et bien « comorienne », selon l’organisation internationale. Entre 1973 et 1994, pas moins de 20 résolutions non contraignantes ont été adoptées par l’assemblée générale de l’ONU.
Rien n’y a fait : depuis 2011, la France a transformé Mayotte en 101e département français.
La « vache à quatre pattes », comme disait l’ancien président comorien Ahmed Abdallah, a été amputée d’une patte et ne peut plus avancer. Quarante-trois ans après l’indépendance, l’archipel est « en sursis », craignent certains. Le pays est plombé par la misère, la corruption, le manque de perspectives et de stabilité, avec une vingtaine de tentatives de coups d’Etat depuis l’indépendance et un contentieux territorial avec la France encore loin d’être réglé.
Des familles déchirées
La dislocation de l’archipel a provoqué une fracture bien au-delà de la sphère politique. La séparation a dessiné une frontière à l’intérieur même des familles, dont certaines ont été déchirées à l’instauration, en 1995, d’un visa pour les Comoriens souhaitant se rendre à Mayotte. Cette dernière a donné l’illusion d’un eldorado, creusant davantage les inégalités entre deux peuples proches aussi bien géographiquement que culturellement.
La crise migratoire qui en a découlé a non seulement entraîné la mort de plusieurs milliers de Comoriens, mais a aussi déstabilisé l’ensemble de l’archipel, jusqu’à Mayotte, où les habitants pourchassent ceux qui ont été leurs frères et qu’ils appellent désormais des « clandestins ».
Au moment où les risques de tensions communautaires occupent toutes les pensées et alors que le gouvernement de Moroni a décidé de durcir le ton face à Paris, Ghalia Kadiri, journaliste au Monde Afrique, s’est rendue dans l’archipel, côté comorien, pour comprendre, à travers une série de quatre épisodes, les origines et les conséquences de ce conflit dont les échos résonnent jusqu’au cœur de la France. Extrait d'un article du journal Le Monde