FRONT DÉMOCRATIQUE: Face au référendum d'Azali Tout ça pour ça? Pourquoi le président Azali, qui avait toute la latitude pour orga...
Tout ça pour ça? Pourquoi le président Azali, qui avait toute la latitude pour organiser en toute légalité constitutionnelle, un référendum pour modifier la loi fondamentale, a-t-il choisi de procéder au préalable à une multitude de violations de la loi, puis, plus récemment de la constitution elle-même en s'attaquant à une institution comme la CC, garante de la loi, du déroulement des élections et autres consultations comme le scrutin référendaire?
C'est ce que nous allons décortiquer ici, car par ces actes anti constitutionnels qui aboutissent à la rupture de l'ordre constitutionnel, Azali a par là même, mis la patrie en danger, un état de fait intolérable qui appelle la prise de conscience et la mobilisation de tout le peuple pour rétablir l'État de droit, la paix sociale et la stabilité dont le pays jouissait jusque là.
Que l'on vive une époque de République sans républicains, de démocratie sans démocrates, de démolition arrogante de l'État de droit et de confiscation des libertés fondamentales, c'est le défi à la nation du Colonel Azali Assoumani dont le clou sera le projet de référendum en pleine période d'un état d'exception déclaré.
Comment en est-on arrivé là? C'est qu'une fois arrivé au sommet de l'État, Azali se met à rêver d'un pouvoir pharaonique. Alors il invente la roue: ce petit gadget que le FMI et la Banque Mondiale vendent à l'Afrique, l'émergence! Une stratégie est dès lors mise en route: tout casser pour laisser le passage à la réalisation des ambitions sans limites de l'imam Colonel. L'entreprise consiste à démolir pierre par pierre les institutions qui balisent l'État de droit instauré en février 2001.
Depuis un an et demi, les événements s'enchaînent. À commencer par la Commission anti corruption établie par une loi, qu'un simple décret va supprimer. On est en 2016, la CC alors au complet, y oppose un arrêt irrévocable? Qu'importe, le cabinet du Président Azali affiche à son égard un mépris hautain, assorti d'une menace : "cette Cour est inutile, elle doit disparaître". Il s'ensuit en effet que l'arrêt, contrairement à l'usage, n'est pas appliqué.
Le pouvoir a passé outre!! Chemin faisant, c'est le tour des Droits de l'homme de passer par pertes et profits, ce qui ouvre un boulevard aux attaques tous azimuts contre les libertés fondamentales dont les symboles sont Abdallah Agwa et Labaraka FM, les députés qui voient leur immunité constamment bafouée, et les partis politiques de l'Opposition interdits de manifestations publiques.
Vient ensuite l'électrochoc, l'infâme " Décision" de suspension de la Cour Constitutionnelle. Une attaque au coeur de la Constitution, suivie dans la foulée, d'une autre abomination, le transfert péremptoire des compétences de la Cour Constitutionnelle à la Cour Suprême.
Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites. Azali a commencé par prendre des décrets pour suspendre une loi, et à présent, voilà qu'il s'adjuge le pouvoir de la souveraineté populaire, pour supprimer un institution constitutionnelle, puis affecter des prérogatives constitutionnelles à une Cour Suprême incompétente pour les exercer. En clair, il n'y a plus de constitution. C'est le règne de l'arbitraire.
C'est dans ces circonstances que va intervenir l'annonce du référendum toxique, supposé ouvrir la voix à une modification de la Constitution, pourtant déjà mise en pièces. Dès lors, qui choisir pour mener sûrement le scrutin illégitime sinon une CENI moribonde, avec à sa tête celui qu'on est allé sortir de prison et sur qui, pèse les lourds soupçons de détournement de plusieurs millions?
La CENI, la Cour suprême et au sommet Azali, voilà le triangle de la mort qui étrangle la démocratie et l'État de droit. Un triangle qui signe la rupture de l'ordre constitutionnel et républicain.
Tant de pouvoir, concentré en la personne d'Azali, nous fait revivre les lendemains de malheurs du coup d'État d'avril 1999, une descente aux enfers de l'arbitraire. Nkodo Nkodo, Moissi ho Inani est de retour.
Que faire? Il faut résister, résister.
Comment? Par un appel massif à la mobilisation populaire, contre cette dictature rampante qui met en péril l'unité nationale, la paix civile et la démocratie. Il est temps de prendre conscience que l'émergence promue par Azali c'est le paradis pour les prédateurs, et la mort à crédit, le voyage au bout de la nuit du peuple comorien.
Il faut faire reculer cette force du mal, qui étouffe nos libertés. Mettons nous debout pour exiger ensemble le retour à l'ordre constitutionnel et le rétablissement des libertés publiques, qui se résument en un seul mot d'ordre: restaurer la Cour Constitutionnelle.
Fait à Moroni, le 11 Mai 2018
Le BEN
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