«Nous attendons de vous un rapport clair sur la citoyenneté économique sous tous les gouvernements successifs»
Lettre ouverte aux députés
Messieurs les députés,
« Qui ne dit mot consent ». Cet adage est, dans certaines situations, justifiable et justifié. Surtout dans les pays où la précision sur le régime politique pratiqué est incertaine. Chez nous la situation est beaucoup plus compliquée dans la mesure où les partis et les mouvements politiques ne sont pas structurés et le manque de conviction est directeur de certains politiciens comoriens. Ce sont malheureusement, la plupart des cas, des opportunistes.
Chers députés, vous êtes, en réalité, les deuxièmes personnalités, après le chef de l’Etat, auxquelles le peuple comorien a fait confiance lors des dernières élections législatives. Même si en matière constitutionnelle, une question peut se poser sur l’article 13 de la constitution, selon lequel « ….le président et, les vice-présidents sont élus ensemble au suffrage universel direct majoritaire à un tour pour un mandat de cinq ans….). Ce qui veut dire que la démission du président de la république entraîne celle des vice-présidents, et la démission de l’un des vice-présidents entraîne celle du président de la république.
Ce système ne met-il pas en danger la fonction de président ?
Messieurs les représentants de la nation, vous êtes, comme le nom l’indique, les envoyés spéciaux auprès des institutions de l’Etat pour le peuple. Vous avez pour première mission la proposition des lois, le vote de ces lois et aussi celui des projets de lois émis par l’exécutif, article 19 de la constitution. Ensuite, vous êtes la police qui contrôle l’action du gouvernement dont fait partie le président de la république. Vous avez la possibilité de demander des comptes à toute personne occupant une fonction dans l’Etat. Enfin, vous avez des comptes à rendre au peuple comorien.
Messieurs les députés, notre Etat traverse, depuis plus de quarante (40) ans, une situation sociale, économique, institutionnelle et politique, désastreuses. La politique menée à partir du 6 juillet 1975 n’est pas du tout la bonne. Elle se justifie aujourd’hui par la situation actuelle qui prévaut dans le pays y compris dans l’île comorienne de Maoré.
Vous avez récemment, à travers une marche, montré au peuple comorien et à la communauté internationale vos mécontentements à l’égard de la situation préoccupante qui prévaut dans l’île sœur de Maoré. Cela a, à mon sens, joué un double rôle, le premier est celui pour lequel vous avez été élus, c’est-à-dire l’intérêt supérieur de la nation. Le second est celui de soutenir le gouvernement lorsqu’il va dans le bon sens.
Néanmoins, il y a un peu plus de vingt (20) mois la grande partie de l’action du gouvernement ne reçoit plus l’accueil du peuple comorien. Ce dernier vit son quotidien dans la peur, l’agressivité sous votre silence qui pourrait s’expliquer en complice sauf réaction contraire de votre part. Peur parce que s’exprimer est devenu une exception. Agressivité car les forces de l’ordre ne cessent de tabasser et frapper des gens. Deux exemples illustrent mes propos, ce qui s’est passé à Bhahani et le journaliste frappé par le soit disant premier policier de la république.
Messieurs les députés, vous êtes là par le principe de la démocratie. Abraham Lincoln disait « un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Nous peuple comorien vous demandons de vous servir de ce pouvoir pour jouer votre rôle de contrôleur de l’action du gouvernement, article 19 de la constitution. Nous vous proposons de commencer par exiger le rétablissement immédiat et sans condition de La Cour constitutionnelle et de la commission anti-corruption puis enquêter sur la commission électorale nationale indépendante (CENI) ensuite demander une enquête précise et rapide sur l’incendie de la trésorerie publique et sur l’affaire dite « des clous ». Nous attendons de vous enfin avec impatience un rapport clair sur la citoyenneté économique sous tous les gouvernements successifs y compris l’actuel gouvernement.
D’ailleurs, je vous propose de recruter deux informaticiens-programmeur et un autre pour la lutte contre la cyberattaque- afin de créer ou développer un site internet de l’assemblée nationale pour y déposer vos activités. Cela permettra la publication de vraies informations et la mise à la portée de la population des activités des parlementaires.
Messieurs les députés, vous avez peut être constaté le vide politique de toutes les législatures de notre pays. En effet, rares sont les députés qui ont osé se représenter à la législature suivante ou qui ont été réélus. Cela peut s’expliquer par plusieurs raisons. Il peut d’abord se justifier par le manque de structures politiques, ensuite par des candidatures occasionnelles-non préparées-, puis par la méfiance du peuple comorien vu son vécu, enfin par les trahisons.
« Mieux vaut tard que jamais ». Nous pouvons, vous pouvez redonner confiance au peuple comorien en créant les conditions sociales, économiques, politiques et institutionnelles, adaptées aux besoins des comoriens, tout en respectant la loi. Cela passera par votre rôle de représentants de la nation.
Mohamed ISMAILA