Ahmed Ibrahim vient de tirer sa révérence vendredi soir dans la ville de Tamatave à Madagascar. Natif de Nioumadzaha Bambao, il est décédé ...
Ahmed Ibrahim vient de tirer sa révérence vendredi soir dans la ville de Tamatave à Madagascar. Natif de Nioumadzaha Bambao, il est décédé à l’âge de 49 ans.
L’écrivain passait sa vie entre la France, les Comores et Madagascar. Sa dépouille est attendue aux Comores, dans les jours qui viennent. Lundi, peut-être.
Ahmed Ibrahim a fait des brillantes études supérieures de philosophie, jusqu’au troisième cycle (DEA). Au cours de la préparation de sa thèse de doctorat, il a eu avec succès deux autres DEA dont l’un en anthropologie et sociologie politique et du développement, et l’autre en sciences politiques.
Auteur du roman « aux villages de l’océan (Print Express, 2004), il était également docteur en sciences de l’éducation dans le cadre d’analyses institutionnelles. Il enseignait la philosophie et la sociologie, en France. Il fut, pendant très longtemps, le coordinateur de l’action sociale de l’association « amis de la maison verte ».
En dehors de son costume d’écrivain, Ahmed Ibrahim s’était engagé dans la politique. Cet engagement ne sera qu’éphémère et n’a pas pu hélas se faire remarquer peut-être par sa nature discrète, et taciturne. Aux dernières présidentielles, il a soutenu la candidature de Mohamed Ali Soilihi lequel sera battu à plates coutures par le tandem Sambi-Azali.
« Aux villages de l’océan », son premier roman est un œuvre littéraire qui décortique les différents ennuis que rencontre la culture locale, dans une modernité mal définie et mal construite. Il constitue une inévitable problématique sur la transition entre tradition et modernité.
De Madagascar où il est passé de vie à trépas, Ahmed Radar, pour les intimes, devait rentrer aux Comores avec un autre roman dont la sortie a été prévue le 22 mars prochain. « De l’espoir dans la douleur », sera malheureusement publié à titre posthume. Les amis proches et la famille vont se concerter sur la date de sortie car oui, ses œuvres vont vivre, et faire vivre son nom, au-delà de sa mort. Par Toufé Maecha
Voici l'extrait de l'une de ses œuvres: De l’espoir dans la douleur
« Djabal, pays respectif des Wanazikofia est vraiment à l’agonie. Depuis la prise de son indépendance, il stagne et peine à se développer : situation absolue de mise en danger ! Les prises illégales d’intérêts ; l’émergence de l’ignorance ; l’influence des coups bas et de la corruption ; le zèle des folies de grandeur (Wudjira Wenda Mno); tous ces parasites de contre culture ne cessent quotidiennement de plonger ce pays, dans un abîme de doutes et de sous développement.
L'intellectualisme dans ce pays, manque de rigueur, d'ambitions, de régulations efficaces, et d'ouverture d'esprit. Beaucoup d’élites se voient dresser des barrières qui les empêchent d’accéder aux postes de responsabilités nationales. Aucun Etat démocratique ne doit se distraire de ses devoirs et de ses droits envers son peuple. Par ailleurs, quel est le sort de Djabal, pays considéré comme une maison dévastée, dans son quotidien ennuyeux ?
A Djabal, les mots apportent peu de bon sens et d'appréciations. Les critiques sont gratuites dans ce pays ; et tout le monde croit tout connaître. Ainsi, il est temps que les Wanazikofia fassent leurs autocritiques, en trouvant les racines du mal, qui empêchent le développement de leur pays. L’espoir est encore de mise dans la conscience de ce peuple courageux.
Blessé et démoralisé, il rêve toujours d’un Renouveau, capable de le libérer un jour de son manque d’éducation de base ; de sa souffrance, de sa douleur et de sa pauvreté. « Djabal ngayi djendawo ; tsi nyangu ! (Djabal s’en va tout seul; ce n'est pas facile!)... » Qu'il repose en paix!
Mmadi Salim Ali