Des collectifs d’habitants délogent les étrangers et volent leurs biens alors que la colère continue de gronder sur l’île. Ils les ...
Des collectifs d’habitants délogent les étrangers et volent leurs biens alors que la colère continue de gronder sur l’île.
Ils les "incitent" à se rendre à la gendarmerie, effectuent des rondes "préventives" dans les villages, interceptent les étrangers sur les plages où ils débarquent ou encore détruisent leurs habitations…
Depuis plusieurs semaines, en marge du mouvement de lutte contre l’insécurité et alors que le nouveau préfet a pris ses fonctions vendredi, des habitants de Mayotte prennent en chasse les comoriens des autres iles.
Les premiers faits identifiés remontent à mi-mars, un des membres du collectif des habitants du Nord ayant affirmé effectuer des "rondes" afin "de démanteler les groupes d’étrangers" présumés en situation irrégulière sur le territoire.
Le 24 mars, ces exactions ont été qualifiées pour la première fois par le parquet de Mamoudzou de "décasages", des expulsions illégales d’étrangers, plus ou moins violentes, souvent suivies de la destruction de leurs habitations.
Expulsions et vols crapuleux
Ces opérations se multiplient ces derniers jours. Dans la nuit de mardi à jeudi, des décasages "proches du banditisme et de la délinquance", avec des vols crapuleux sous la menace d’armes, ont eu lieu à Kani-Kéli (sud de l’île).
Les familles ont été expulsées et les habitations détruites en partie. La ministre des Outre-mer Annick Girardin a fermement condamné ces exactions :
"Ce genre de pratique, ça n’existe pas dans un département. J’ai pris des engagements en matière de sécurité (…) J’invite les habitants à laisser les forces de l’ordre faire leur travail".Annick Girardin
"Les gens n’osent plus sortir"
Ces actions sont similaires à celles de 2016 lorsque, de janvier à juin, des collectifs d’habitants de Mayotte avaient chassé des Comoriens des autres iles, jugés en situation irrégulière ou non, de leurs domiciles.
Près d’un millier d’étrangers auraient ainsi été délogés, selon l’antenne locale de la Cimade.
"Les gens n’osent plus sortir, se déplacer… Même les étrangers qui sont en situation régulière se mettent à avoir peur des contrôles aux barrages et des interpellations massives". Solène Dia, responsable de l’antenne de la Cimade à Mayotte.SudOuest.fr avec AFP