Cela fait déjà plus de six mois que le président Azali Assoumani et son gouvernement bafouent les libertés fondamentales du peuple comorien...
Cela fait déjà plus de six mois que le président Azali Assoumani et son gouvernement bafouent les libertés fondamentales du peuple comorien, harcèlent les opposants, achètent les consciences et intimident les journalistes, notamment des médias indépendants. Les assises dont on nous vend aujourd’hui le « succès » ont été organisées dans des conditions rocambolesques dignes d’une république bananière. Elles ont, par conséquent, non seulement accentué la fracture au sein de la société comorienne, mais aussi l’écart entre la population et les autorités politiques.
C’est dans les mêmes conditions et avec les mêmes méthodes que le chef de l’Etat et son gouvernement sifflent, ce week-end, depuis Mutsamudu, dans l’île d’Anjouan, le début d’une campagne référendaire qui ne dit pas son nom en faveur d’une réforme constitutionnelle fortement contestée par la population. Et ce, avec le soutien des mêmes opportunistes qui feignent de chercher un destin pour le pays, alors qu’en réalité ils sont en quête d’un fromage.
Mais l’interrogation provient de l’attitude et de la conduite étranges de la communauté internationale. Elle est témoin depuis le début du mandat Azali des violations des lois y compris la constitution, de la marginalisation de la Cour constitutionnelle et du retour de l’autoritarisme. Devant tout ceci, cette communauté internationale reste muette, sans mot ni réaction officielle. Elle a vécu durant les assises les provocations répétées du régime envers les partis de l’opposition. Mais cela ne lui a pas empêché de laisser ses représentants donner un quitus au président Azali et à sa démarche déstabilisatrice du pays.
Écoutant l’ambassadeur d’Arabie saoudite, lors de la cérémonie de clôture des assises, parlant en tant que doyen des ambassadeurs accrédités aux Comores dire que « ce dialogue (assises) a reflété l’intérêt du peuple comorien », on se demande de quoi s’agit-il. Pareil étonnement avec la déclaration de M. Douste-Blazy parlant au nom du secrétariat général de l’ONU : « M. le président, vous avez donné la parole au peuple, vous avez eu le courage de parler de tout sans tabou, … et tout cela dans un climat sociopolitique apaisé. Ce qui est suffisamment rare ». Quant au représentant de l’OIF, l’ancienne ministre des affaires étrangères malgaches, Beatrice Attalah, elle a affirmé grossièrement que « ces assises ont été une première pour les Comores et pour la région ».
Voilà des discours qui dénotent avec la réalité de ce que vivent les Comoriens depuis des mois, mais qui renforcent le régime Azali dans ses pratiques malsaines, son cynisme et sa volonté de saper la cohésion du pays.
Que cette communauté internationale sache dans quel bourbier elle pousse les Comores et sa population. Pour la première fois, le pays risque d’être conduit à un référendum ou à un congrès parlementaire sans juge du contentieux qui pourrait en découler, sans aucun droit à l’opposition de s’exprimer, et surtout sans aucune garantie que le résultat reflétera le vote des électeurs.
Pour la première fois, la communauté internationale va appuyer un gouvernement à créer les conditions d’un retour à la crise, seulement 10 ans après avoir réussi à en sortir. Ce sera historique, et sans le moindre doute, le peuple comorien s’en souviendra toujours. Mais en attendant, ce peuple va se mobiliser pour faire échouer toutes ses manœuvres et ainsi humilier ses ennemis de l’intérieur comme ceux de l’extérieur. Par Ali Mmadi