« Pour éviter de récolter les faux indices, il ne faut jamais se tromper de scène de crime » dixit Pierre BELLEMARE dans son émission fétic...
« Pour éviter de récolter les faux indices, il ne faut jamais se tromper de scène de crime » dixit Pierre BELLEMARE dans son émission fétiche les enquêtes Impossibles. Depuis l’élection du nouveau chef de l’État, il a oublié que les Comoriens ne l’ont pas reconduit pour récompenser sa personne ou pour rendre hommage sa personnalité mais plutôt ils ont été séduit par son programme. Dans l’absolu, aucun Comorien quelque soit sa couleur politique n’a été contre l’idée de passer au peigne-fin les 42 années d’indépendance du pays mais en même temps s’il y a quelque chose que tout le monde est d’accord ce que ni le fond ni la forme de ces assises étaient loin de faire l’unanimité pour des raisons évidentes.
Un Grand philosophe en la personne de Baruch SPINOZA disait dans son œuvre l’Éthique, je cite « Pour qu’il ait comparaison, il faut qu’il y ait au moins deux choses car jamais on ne compare pas une chose ». Notre tumultueuse histoire a connu deux grandes périodes. L’Une, c’est durant la période où nous vivions sous un État Unitaire avec la centralisation du pouvoir à Moroni et l’autre période depuis 2001 avec l’avènement des accords de Fomboni qui ont accouché le système de la présidence tournante entre les îles et l’autonomie de chaque île. La question que l’on doit se poser est la suivante : lequel de ces systèmes préférons-nous au nom de l’unité et la stabilité du pays ?
Le premier où le pays a connu pas moins de 4 coups d’Etat militaires et une dizaine des tentatives des Coups d’État, dont le dernier a été fomenté par celui même qui est à la tête de l’État aujourd’hui ou bien nous préférons l’autre système qui n’est certes pas le meilleur du monde mais qui a le mérite de garantir la stabilité, l’unité et une transition démocratique ? Quelle leçon avons-nous tiré des 28 ans d’État Unitaire centralisé et 14 ans de tournante et d’autonomie ? Pour avoir les bonnes réponses il faut toujours se poser les bonnes questions.
Sommes-nous prêts à revenir 28 ans en arrière et revivre une des périodes les plus sombres et sanglantes de notre histoire ?
Sommes-nous prêts à avaler le fait qu’un mohélien qui veut une carte nationale de 5.000 FC doit payer un billet d’avion d’aller et retour de 50.000 FC ou prendre la mer jusqu’à Moroni pour une carte que l’on délivre aujourd’hui dans toutes les îles dans moins de 24h ?
Sommes-nous encore prêts à revenir 28 ans en arrière que même un directeur d’une école primaire attendait sa nomination depuis Moroni ? Sommes-nous prêts à revenir 28 ans en arrière, que pour assainir un quartier on doit aller faire la queue à Beit-Salam ou au ministère des finances à Moroni ?
Sommes-nous disposés à avoir chaque année pas moins de 3 à 4 Gouverneurs par île étant donné que le chef d’État peut les remercier quand bon lui semble alors qu’aujourd’hui c’est la population locale qui choisit ses dirigeants en toute liberté ? Sans pour autant faire l’apologie de la tournante et l’autonomie des îles, ce système garantit l’égalité des îles au sein de la république. Aucune ne se sent supérieure à l’autre.
Le choix de Said Larifou au présidium du Comité de pilotage des Assises nationales n’est pas innocent. Tout le monde se souvient qu’au lendemain de l’investiture d’Azali, Maître Larifou a sillonné les 4 coins de l’archipel pour sensibiliser qui veut l’entendre des méfaits de la Tournante.
Les Comoriens ne sont ni dupes ni amnésiques. Azali ne fait qu’achever le travail macabre de Sambi. C'est-à-dire, enterrer une bonne fois pour toute la tournante et l’autonomie des îles. Sambi a fait des présidents des îles des chefs des villages et Azali veut les achever en les transformant à des conseillers municipaux. Triste réalité mais le constat est là, amer. L’une des choses qui empêchent tout avancement du pays, c’est la culture du mensonge que l’on ne cesse de cultiver, dans nos îles, nos villes, nos villages, dans les places publiques et même dans nos maisons. Ces assises étaient censées briser le mur du silence, hélas, elles ont renforcé les barrières. C’était le moment de se dire les 4 vérités de tout ce qui s’est passé au pays depuis 1975 jusqu’à ce jour.
La vérité que tout le monde feint de ne pas admettre est que la volonté ferme d’Azali est d’aller au bout de son projet de personnaliser les assises et qui s’inscrit dans un esprit de vengeance insulaire. Les Grands Comoriens n’ont pas digéré le fait que l’ancien président Ahmed Abdallah Abdérémane soit le détenteur de longévité de pouvoir aux Comores et ils n’ont jamais cessé de chercher un boulevard pour rendre aux anjouanais la pièce de la monnaie et l’idée du Mouvement du 11 Août a été une aubaine pour eux. Et ils sont prêts à aller jusqu’au bout de leur démarche hégémoniste insulaire. Le Gouvernorat d’Anjouan, l’ancien Président Sambi et le parti Juwa, à la surprise générale, se placent comme étant les défenseurs de l’Unité nationale, de la Tournante et de l’Autonomie des îles.
De qui se moque t-on ? Si aujourd’hui, nous avons atteints le point critique, c’est des reformes constitutionnelles de Sambi et sa volonté (échoué) de s’éterniser au pouvoir. Il a littéralement détruit la tournante et l’autonomie des îles. N’oublions pas que lors des élections présidentielles, il s’était même porté candidat à la Grande-Comore en arguant qu’aucune barrière constitutionnelle ne l’empêchait d’y être pourtant, il savait bien qu’il a tout détruit. Il croyait qu’à l’époque il était un monarque et aujourd’hui la réalité l’a rattrapé. A chaque fois qu’un Grand-comorien ou un Anjouanais accède au pouvoir, avant même la fin de leurs mandats, ils commencent à explorer des failles politiques possibles pour rallonger leurs mandats. Après les rêves fantasmagoriques de Sambi, vient le tour du Colonel avec son projet mirobolant d’Émergence 2030.
En 42 ans d’Indépendance, l’histoire retiendra que seul un président issu de l’Ile de Mohéli a accédé au pouvoir via les urnes et l’a quitté sans qu’aucune cartouche ne soit tirée. L’histoire retiendra que le seul président de l’Histoire des Comores qui n’a pas changé la constitution pour ce dessin au cours de son mandat est issu de l’île de Djoumbé-Fatima.
Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Il avait les mêmes prérogatives que les autres, il était le chef suprême des armées comme les autres, mais il avait pris un engagement ferme devant les Comoriens et un serment devant Dieu pour remettre le pouvoir à qui de droit, le 26 Mai 2016. L’Histoire retiendra également que c’est avec un Mohélien à la tête de l’État, que le pays a connu l’épopée des libertés publiques et de démocratie. Que c’est durant cette période que les Comores occupaient la première place dans l’océan Indien pour la liberté de presse (Rapport de reporters sans frontières).
Quelle leçon de démocratie ou d’éthique politique allez vous nous donner ? et la gourmandise, les abus de pouvoir de toute nature ? Il y a des limites à ne pas franchir. Ce n’est pas une question de faiblesse comme on peut le dire, mais une question de principe et de culture d’honnêteté. Si nous voulons objectivement reformer le pays, attendons le tour de Mohéli. Car se servir et le népotisme ont caractérisé les pouvoirs grand-comoriens et anjouanais.
La volonté d’Azali de passer en force avec son projet machiavélique, quitte à balkaniser le pays, est le signe patent d’un séparatiste avéré. Ca n‘est pas la peine d’écouter ses discours lorsqu’il fustige les mohéliens et les anjouanais. Regardez comment il entretien le népotisme et le régionalisme à Beit-Salam avec ses nombreux décrets villageois et familiaux.
Attoumane Assane Ali MAOULANA