Alors que le Président AZALI ASSOUMANI vient d'annoncer l'ouverture prochaine d'une enquête judiciaire à Moroni, alors qu'u...
Alors que le Président AZALI ASSOUMANI vient d'annoncer l'ouverture prochaine d'une enquête judiciaire à Moroni, alors qu'une commission d'enquête parlementaire s'interroge sur les conditions dans lesquelles la "citoyenneté" comorienne a été accordée à plusieurs ressortissants étrangers, et alors que le parquet belge a déjà ouvert une enquête sur les passe-droits et marchés tronqués relatifs à la délivrance de documents d'identité (passeports, cartes d’identité…), il me semble pertinent de m'interroger sur les conséquences politiques d'un tel scandale, si les enquêtes allaient jusqu'au bout.
En effet, à l'origine de ce scandale aux Comores (il touche plusieurs pays africains), deux hommes : le patron de SEMLEX et ancien trafiquant d'armes Albert Karaziwan et l'ex-président comorien Ahmed Abdallah Sambi.
Je parle d'origine car les Comores ont marqué le commencement de toute cette histoire en 2007 lorsque Sambi fit de Karaziwan son conseiller Spécial et son ambassadeur itinérant.
Aux Comores, depuis le décret sur la citoyenneté économique signé en 2007, ce ne sont pas moins de huit proches et associés de Karaziwan qui ont été nommés à des consulats honoraires de Mombasa à Monaco de 2010 à 2012.
Que leur reproche-t-on finalement ? Enrichissement illégal ? Établissement d'un système de marchés tronqués d'attributions de passeports ? Mise en danger de la sécurité et de l'intégrité d'un pays ?
Pour l'enrichissement personnel au frais du contribuable et au détriment de la population comorienne, ce n'est malheureusement pas nouveau chez nous tant le système de corruption gangrène le pays à tous les niveaux.
Quant à l'établissement d'un système mafieux avec la complicité des autorités locales sous couvert de décret sur la citoyenneté économique, là encore malheureusement ce n'est pas nouveau chez nous. La loi servant souvent de marche pied vers l'illégalité. Le pire à mon sens, c'est considérer que notre pays est à vendre. Que l'intégrité territoriale, la culture et la tradition comorienne, la nationalité comorienne sont à vendre au plus offrant.
Mais ce qui est encore plus grave, c'est de mettre en danger la population comorienne en octroyant nos passeports à des terroristes et des personnages douteux. Pour ces gens, la sécurité de nos proches et de nos familles n'est pas importante. Ils n'hésiteront pas à se débarrasser de nous pour s'en sortir.
Après le scandale Bachar Kiwan et son entreprise de blanchiment d'argent sous le régime Sambi, voici que nous apprenons que des individus recherchés par les services de renseignements mondiaux sont détenteurs de passeports comoriens. Comment l'opinion peut-elle rester insensible et sourde ? Lorsqu'on parle de l'affaire SEMLEX, on n'entend parler que de l'argent qui a circulé ; sans doute ceux qui en parlent se disent qu'ils auraient aimé en avoir une petite part.
L'opinion va-t-elle se soulever et demander des comptes à l'ancien Président Sambi ? Je ne crois pas. Même s'il a mis en danger notre intégrité physique et territoriale. Même si notre pays se transforme en base arrière du terrorisme. Il sera accueilli comme toujours, et comme tous les autres, avec tous les honneurs, sera loué, sera élevé au rang de leader sans qu’aucun reproche ne lui soit fait. Il sera même candidat à la prochaine élection présidentielle et engrangera de nombreux soutiens !! Ses soutiens diront que l'affaire Semlex est une manipulation des américains voulant faire tomber l'Iran. Et encore une fois nous rejetterons la faute sur le "méchant blanc" au lieu de nettoyer devant notre porte !!
Et oui ce n'est jamais de notre faute!!
Cette affaire devrait nous servir d'exemple pour dénoncer les mauvais agissements de nos dirigeants sur des faits avérés comme c'est le cas aujourd'hui. Les preuves, les faits, tout est là, mais nous nous tairons comme à notre habitude et chercherons quelqu'un à blâmer pour notre malheur.
Il est temps que nous nous sauvions car personne ne nous sauvera à notre place ! Faisons le ménage dans notre classe politique !
Mais je doute fort que cela change...
Pauvre Comores, pauvres comoriens...
Par Mohamed Ahmed Bacar