Rares sont les wakomori qui osent se demander si l’introduction des orphelinats au pays est, en soi, un projet salvateur. L’idée de bienfai...
Rares sont les wakomori qui osent se demander si l’introduction des orphelinats au pays est, en soi, un projet salvateur. L’idée de bienfaisance de ce qui parait offrir une chance à des enfants en besoin de secours cache, pourtant, le dessein de transformer des petits innocents en futurs coupables.
A l’origine, les orphelinats étaient gérés par des congrégations religieuses, en termes d’hospices pour des enfants mineurs arrachés à leurs parents, soit par la pauvreté extrême, soit par la mort et notamment en situation de guerre. L'idée est abandonnée aujourd’hui dans ses pays d’origine et devient foyers de l’enfance gérés par les services publics.
Cette évolution n’est pas l’indicateur de la modernisation d’une vieille idée, c’est plutôt le signe de changement de mentalités à l’épreuve des expériences malheureuses vécues.
Il s’est révélé, en effet, que les orphelinats étaient sujets à des polémiques âpres. Les familles se plaignaient des abus, de maltraitances et des conditions de vie de nature à détruire l’enfance soumise à une vie autoritaire effrénée. Il a été constaté, également, que beaucoup d’orphelinats au bénéfice des petits musulmans étaient des lieux de reconversion religieuse chrétienne et surtout un réservoir florissant pour les sectes.
Dans les pays musulmans qui se sont appropriés le projet d’orphelinat, suite à la guerre du golfe persique de 1980 à 1988 avec plus de 1 200 000 morts, des organisations caritatives ont mis en place ces structures d’accueil, des initiatives saluées par beaucoup et justifiées par l’état catastrophique de l’après-guerre. C’est dans cet ordre d’intervention humanitaire que notre pays a bénéficié des structures aux buts similaires même si nous ne sommes pas concernés par la même situation de causalité. Mais, le projet a été utilisé par des ONGs religieuses à des fins confessionnelles d’obédience soit chiites soit wahabites voire des foyers de recrutement pour la radicalité religieuse.
Dans notre pays, il s’agit aussi d’un mécanisme d’extirpation qui peut frapper de plein fouet notre structure sociale. L’orphelinat est un concept mythique chez nous même si beaucoup d’enfants ont malheureusement perdu leurs parents biologiques. Les promoteurs de l’orphelinat ignorent, peut-être, qu’en terre Komori, un enfant sans parents, cela n’existe pas. Ici, le terme parent ne se réduit pas à la mère et au père, d’où la sagesse « mwana tsi wamdzima ». C’est toute une famille organisée autour des valeurs sûres, de patrimoine reconnu et des liens solides retransmissibles.
Imagine-t-on dire à un enfant qu’il n’a plus de parents alors qu’il a été élevé par son oncle paternel ou maternel qu’il appelle tendrement mbaba ou mdjomba, sa tante qu’il appelle affectueusement mmangu, une grand-mère qu’il appelle poliment koko ou un grand-père à qui il dit tous les jours mgu naunusuru ? Lui dire qu’on le prend en charge parce qu’il n’a plus de parents, c’est absurde et insensé. Que va-t-on faire de ses terrains, de son bétail, de ses bijoux, de son yinya, de son quartier et de son muji lorsqu’on voudra l’envoyer au supplice des enfants sans attaches donc pour se faire une autre cause d’existence ?
D’aucuns diront que c’est une bonne chose de porter assistance à des enfants en difficultés. C’est d’accord. Dans ce cas, que l’on comprenne que ce n’est pas forcement en ayant perdu une mère ou un père qu’un enfant soit en difficulté. Il y’en a plusieurs qui le sont par la dureté de la vie et par l’injustice qui s’abat sur beaucoup de familles. Il aurait été responsable de mettre en place des structures d’encadrement et d’internat pour les enfants en difficultés, lesquelles structures sont à gérer par les services publics avec une mission pédagogique et éducative bien définie et très bien encadrée. Livrer nos enfants à des orphelinats gérés par des organisations étrangères dont la philosophie et les démarches sont en cause, c’est être coupables de non-assistance à des famille en danger. Dini NASSUR