MSAFARINI OU PAS: QUI L’EST ET QUI NE L’EST PAS ? Après l’intervention du Ministre de la Jungle oups, pardonnez-moi, ‘ministre de la je...
MSAFARINI OU PAS: QUI L’EST ET QUI NE L’EST PAS ?
Après l’intervention du Ministre de la Jungle oups, pardonnez-moi, ‘ministre de la jeunesse’ qui fustigeaceux qui sont nés hors de capitales des Comores, j’ai jugé nécessaire de revenir sur un sujet qui marque les esprits des Comoriens. Tout d’abord, sachez que je ne rien à reprocher au ministre car les philosophes disent qu’à partir de la parole énoncée, vous pouvez juger l’énonciateur. Cela dit que malgré les excuses exprimées par le ministre, ces mots incarnent sa personnalité.
Ensuite, sachons que ce ministre-là a eu la malchance de faire cette déclaration en ce que l’on appelle, manière officielle surtout en tant que ministre mais sa pensée reste la pensée de beaucoup de comoriens qui se disent natifs des grandes villes. Je déclare cela en connaissance de cause car je suis né dans ‘une petite ville ou un petit village’ , ‘une ville ou un village’; cela va de soi mais j’ai eu la chance de sillonner l’Ile de Ngazidja en habitant certaines soi-disant ‘grandes villes’ où cette pensée de ‘MSAFARINI’ fait rage. L’expérience que j’ai eue en sillonnant la grande île et ses soi-disant ‘grandes villes’ est que d’un village à l’autre, les gens se prennent pour des citadins et le village à coté de vous est habité par des ‘ Wa Safarini’. Mais aussi, ceux qui se trouvent aux environs des capitales comme Moroni, se prennent pour des ‘Wa Staarab’ et ceux qui ont eu la malchance ou la bonne chance (cela va de soi) de naitre loin de la capitale sont les ‘Wa Safarini’. Mais maintenant que nous voyons comment le monde marche, à nous de nous demander:
Que signifient vraiment ces termes ‘Msafarini’ et son contraire que je ne connais pas ? En effet, malgré mon expérience vécue dans ce que les autres appellent grandes villes, je n’ai jamais su le contraire de ‘Msafarini’. Certainement, beaucoup pourront dire que le contraire de ‘Msafarini’ est ‘Mustaarab’, mais si c’est le cas donc, tout être humain né dans la capitale ou aux environs est un ‘Mustaarab’. Dans le cas contraire tout être humain né hors des environs de la capitale est un ‘Mdjinga’, car même si je n’ai pas étudié la linguistique, je crois que le mot Mustaarabpeut avoir comme antonyme ‘Mdjinga’. Cependant, faisons un peu de la linguistique comparée.
Msafarini ou Mmidji ndze et leur Equivalence en Français
Beaucoup de vocabulaires peuvent expliquer les sens que nous donnons à ces termes comoriens: Msafariniet Mmidji ndze. A l’origine, ‘Msafarini’ est cette personne dont pour aller chez lui, tu dois faire un ‘Msafara’ pour dire que tu dois faire un petit voyage pour aller chez lui. De la même chose que ‘MmidjiNdze’, c’est les villages loin de ton village. Cela dit,si tu te trouves dans le Mbadjini, Moroni est un MdjiNdze pour toi; de même que le Moronien est un Msafarini pour le Mbadjinien.
Toutefois, ces termes ont eu des connotations négatives après l’arrivée de la colonisation. De ce fait, l’arrivée de l’homme blanc en Afrique nous a fait découvrir qu’il y a deux catégories d’hommes: les citadins et les campagnards. Tout comme en Afrique, en français ces termes peuvent avoir des connotations négatives car à l’origine un citadin est un bourgeois et un campagnard est un paysan sauvage (barbare). Sans doute, tout être humain qui n’était pas bourgeois, était sauvage. Par conséquent, l’homme blanc en Afrique se considère comme le bourgeois et l’homme à la peau noire, est un campagnard sauvage (barbare). Et quand les noires commencèrent à devenir des ‘Peaux noires, Masques blancs’, ils trouvèrent à leur tour leurs campagnards sauvages (tout Africain qui ne suivait pas la culture de l’homme blanc).
C’est pourquoi, les termes Msafarini et Mmidji Ndzequi n’avaient pas des connotations négatives, sont maintenant employés pour offenser ceux qui sont nés loin de capitales comoriennes. Cependant, j’ai l’impression que mon pays et ses habitants ne suivent pas l’évolution de la civilisation humaine. Car des termes pareils ne s’utilisent qu’aux Comores.
Les Comoriens en Retard de 2 Siècles Derrière l’Humanité.
Parler de 2 siècles de retard pour la population comorienne est trop minimiser la gravité des choses. En effet, je pense que nous sommes en retard de beaucoup de siècles derrière l’humanité mais, ‘un peu de dignité’. Vous savez que les USA sont fondés à partir du 17e et 18e siècle par ce qu’ils appellent ‘the founding fathers’. Ces mêmes hommes fuyaient ce système qui consistait à classer les hommes par catégorie: Bourgeois, quand tu es du ligné du Roi ou tout au moins de la famille des grands religieux et barbare, si tu n’as pas du sang royale. Cela pour dire que les Américains se sont débarrassés de ces insultes il y a de cela des centaines d’années pendant qu’aux Comores, on se glorifie de telle pensée.
La civilisation humaine évolue au point que Citadin ou Campagnard n’ont pas de signification que pour situer l’emplacement des gens. Contrairement à l’ancienne, le citadin n’est pas le noble parmi les citoyens mais plutôt celui qui vie dans la ville. Et ce n’est pas parce que tu vies dans la ville que tu es intelligent, riche, noble, éduqué, etc. De même, le paysan est celui qui mène sa vie loin d’une ville ou village mais ce n’est pas forcement qu’il soit ignorant, pauvre etc.
Grâce l’évolution de l’humanité, il n’existe pas des campagnards au sens négatif sauf aux Comores. Si nous regardons très bien, les hommes riches préfèrent se réfugier hors de villes. Les grandes villes comme New York, Marseille, Londres etc. sont habitées en majorité par les pauvres et les non-instruits etc.
L’humanité évolue à tel point que ton destin n’est pas lié à ton lieu de naissance ni de ta lignée familiale sauf aux Comores. Ceux qui révolutionnent le monde sont nés dans les endroits les plus reculés de leurs pays la plus part de temps. Tout dépend de ta capacité à t’intégrer et la contribution que tu peux apporter dans le développement de ta nation sauf aux Comores.
Qui Sont les Vrais Wa Safarini aux Comores.
Pendant que dans tout le monde entier des tels termes comme Msafarini et Mmidji Ndze disparaissent, aux Comores, ils prennent d’ampleur jusqu’à ce qu’un malheureux Sinistre que vous appelez ministre les déclare officiellement. C’est pourquoi j’ai tantôt dit que nous sommes en retard plus de 2 siècles derrière l’humanité dans beaucoup des choses d’ailleurs. Mais maintenant, demandons nous qui sont les vrais ‘Wa Safarini’ aux Comores. Si on en tient aux connotations négatives bien sûr.
Avec la connotation négative, Msafarini ou Mmidjindze signifie celui qui n’est pas civilisé, ignorant, parfois même pauvre etc. Il arrive parfois que quelqu’un veut découvrir quelque chose qu’il n’a jamais vu avant ou juste le découvrir d’avantage, un vantard qui soit né peut être en ville mais pas forcement, te vexe en te qualifiant de ‘Msafarini’. Cette personne qui te qualifie ainsi fait comme s’elleest le fabricateur ou tout au moins son père est le fabricateur de cette chose. Elle oublie que si elleconnaisse telle chose, c’est parce qu’elle a eu à le découvrir une fois dans sa vie. On oublie souvent qu’aux Comores nous ne fabriquons rien et qu’il est normal que la personne qui voit une chose étrange la première fois sera impressionnée comme l’a été ce citadin la première fois.
Mais si nous regardons maintenant la situation aux Comores, la tendance commence à changer. Si ‘Safarini’ signifiait pauvreté, ignorance etc. force est d’admettre que les villages sont bien garnis que les villes. Nous vivons dans un tournant très radicale jusqu’à voir que les villageois sont beaucoup plus instruits que les citadins aujourd’hui. Alors, j’osais espérer que de telles pensées sortent dans la tête des gens car le monde est révolu.
Avant, on qualifiait les Moroniens et autres comme des ‘Malaba’ parce que avec la colonisation, les gens de la capitale étaient les plus affectés. Ils étaient déracinés et ils suivaient beaucoup la pensée de l’homme blanc et il était normale que les villageois les considèrent comme des ‘Malaba’ ou ‘Ma Gawu’.
Avons-Nous des Villes Vs Villages aux Comores?
Il m’a fallu voyager pour comprendre qu’aux Comores, les gens parlent pour ne rien dire. Beaucoup de gens sont pris pour des instruits mais quand vous êtes doté d’un peu d’intelligence, vous vous rendez compte que ces gens-là nous sortent des diarrhées nauséabondes. En effet, nos petits villages sont classés par catégories : d’une part les soi-disant villes et de l’autre part les villages. Mais quand vous regardez les vrais villes du reste du monde, vous vous demandez si Moroni même mérite le nom d’une ville. Ceux qui ont la chance de visité les grandes villes ou même les petites villes du monde entier savent que Moroni ne vaut pas la dimension d’un quartier et cela en population voir même en richesse ou autre chose. Cependant, je me demande vraiment si nous avons des villes aux Comores?
Anthoumani Moussa
PhD en ‘African and Post Colonial Studies’ UCAD