Qu’on se le dise : l’Afrique est plus que jamais livrée à elle-même ; à en croire que sa souffrance dans ce bas-monde est une fatalité. A e...
Qu’on se le dise : l’Afrique est plus que jamais livrée à elle-même ; à en croire que sa souffrance dans ce bas-monde est une fatalité. A en croire que sa descente aux enfers est un destin dont personne ne pourra détourner la trajectoire. A en croire que l’africain, en naissant, a une mission spécifique : celle de ne jamais vivre dans la paix et la prospérité.
Que je suis indigné, que je suis révolté de voir qu’au 21ème siècle, l’Afrique continue à être réifié, domestiqué, assujetti, soumis à la souffrance, à la honte, à l’humiliation et à l’esclavage.
Que je me réjouis de la preuve, par le mutisme et l’inaction des frères arabes, occidentaux, maghrébins, que seul l’africain peut sauver un autre africain. Il n’y a pire idiot que celui qui ne veut rien comprendre. Pourtant, la réalité est là, elle nous éblouit, s’offre devant nos yeux comme pour nous culpabiliser. Elle s’est mise à nue pour attirer notre attention. Elle fait la danse du ventre pour nous tenir en haleine. Elle nous aguiche pour subjuguer notre regard.
Nous avons tous été « Charlie », puis « Orlando ou gay ! », ensuite « Paris » et j’en passe. Combien ceux, parmi les occidentaux, arabes, maghrébins, dénoncent les actes barbares commis à nos frères noirs ? Combien sont les médias étrangers qui diffusent les images de ces atrocités ? Ils préfèrent consacrer une édition spéciale à la démission des Chefs d’Etat africain, peut-être trop encombrants. Combien sont les résolutions prises au niveau international à ce sujet ? Combien sont ceux, parmi les organismes étrangers des droits de l’homme, s’insurgent contre ce fléau ?
Que celui qui aura les réponses à ces questions en fasse large diffusion, car nous autre, nous ne voyons rien, ni dans les réseaux sociaux, ni dans les médias. Silence radio. Et pour cause, la race noire est inférieure, c’est une chose qui doit obéir, subir, souffrir… Il a fallu une vente (acte public) pour que la conscience collective noire se réveille ! Mais pour combien temps ? Là encore j’ai besoin de réponses.
Pauvre africain. Depuis des siècles, sa souffrance persiste. Pauvres noirs, pauvres nègres. Pauvres damnés de la terre, c’est ainsi que Jean Paul Sartre nous qualifiait en disant : « Il faut affronter d’abord ce spectacle inattendu : le strip-tease de notre humanisme. Le voici tout nu, pas beau : ce n’était qu’une idéologie menteuse, l’exquise justification du pillage ; ses tendresses et sa préciosité cautionnaient nos agressions. Ils ont bonne mine, les non-violents : ni victimes ni bourreaux ! Allons ! Si vous n’êtes pas victime, quand le gouvernement que vous avez plébiscité, quand l’armée où vos jeunes frères ont servi, sans hésitation ni remords, ont entrepris un « génocide », vous êtes indubitablement des bourreaux. Et si vous choisissez d’être victimes, de risquer un jour ou deux de prison, vous choisissez simplement de tirer votre épingle du jeu. Vous ne l’en tirerez pas : il faut qu’elle y reste jusqu’au bout. Comprenez enfin ceci : si la violence a commencé ce soir, si l’exploitation ni l’oppression n’ont jamais existé sur terre, peut-être la non-violence affichée peut apaiser la querelle. Mais si le régime tout entier et jusqu’à vos non-violentes pensées sont conditionnées par une oppression, votre passivité ne sert qu’à vous ranger du côté des oppresseurs. »
Africains, unissons-nous ! Changeons le destin. Suivons l’appel de Senghor qui nous demandait de: « combattre avec vigueur, mordre d’une dent dure, pour se faire une place au soleil. Devant les préjugés des uns, les lâchetés des autres, les railleries, il faut frapper fort pour faire admettre notre culture au banquet de l’Universel. C’était la condition sine qua non de notre participation à l’édification d’un nouvel humanisme. Au demeurant, cette lutte culturelle doit se doubler alors d’une lutte politique »
Nous sommes un peuple avec des valeurs universelles, des humains au même titre que tous les autres du monde entier. Nous avons des terres et une richesse. Pauvre africain, il a déjà oublié son histoire. Une triste histoire, une accablante réalité mais qui est la sienne, la nôtre. La belle et attrayante vie qui vous fait traverser des déserts et des océans, n’est que le produit des biens provenant, en grande partie, des terres africaines. Lisez Sartre, s’adressant à ses semblables : « Vous savez bien que nous sommes des exploiteurs. Vous savez bien que nous avons pris l’or et les métaux puis le pétrole des « continents neufs » et que nous les avons ramenés dans les vieilles métropoles. Non sans d’excellents résultats : des palais, des cathédrales, des capitales industrielles ; et puis quand la crise menaçait, les marchés coloniaux étaient là pour l’amortir ou la détourner. »
Africains de toutes catégories, unissons-nous, battons-nous pour l’Afrique et son peuple. Créons de la valeur chez nous et restons-y fièrement.
IMAM Abdillah, un africain fier