QUESTIONS ORALES AU GOUVERNEMENT - Souef Mohamed Elamine entendu par les parlementaires Question sur la répartition supposée inégal...
QUESTIONS ORALES AU GOUVERNEMENT - Souef Mohamed Elamine entendu par les parlementaires
Question sur la répartition supposée inégale des bourses d’études du Royaume du Maroc
Réponse : Je vous remercie, Mme la députée, de vous intéresser à la question de la répartition des bourses d’études offertes à notre pays dans le cadre de la formation des cadres nationaux. Parler aujourd’hui de bourses est, en réalité, un abus de langage. Il serait plutôt mieux indiqué de parler d’aides scolaires tant ces facilités de formation dont nous bénéficions de la part de pays amis n’incluent pas une prise en charge totale de l’étudiant.
Si les Comores ont pu bénéficier par le passé de vraies bourses d’études de la part de certaines organisations internationales comme l’OMS ou le PNUD, c’est parce que le nombre de bacheliers, donc de candidats, était très limité. Aujourd’hui, avec environ 6000 bacheliers chaque année et 200 bourses au total, l’équation est presque insoluble.
Je pense que la vraie question est de savoir quels sont nos besoins en matière de formation et comment allons-nous pouvoir satisfaire ces besoins? Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération reste disposé à appuyer les demandes sectorielles. C’est ainsi qu’après avoir été saisi officiellement par le ministère de la Santé, nous avons pu obtenir du gouvernement du Cuba des formations de spécialistes au profit des médecins comoriens. Le PNUD et l’OMS ont aussi financé la spécialisation de certains de nos médecins au Niger et en Suisse. Au titre du ministère de la Justice, nombreux sont les magistrats comoriens qui ont été formés à Madagascar et au Sénégal dans le cadre de la coopération bilatérale. Il appartient donc aux départements ministériels de formuler leurs besoins réels et le ministère des Affaires étrangères se fera le devoir de les accompagner.
Je parle ici des formations non disponibles aux Comores ou qui requièrent une spécialisation. Il va sans dire que pour les filières et disciplines enseignées à l’Université des Comores, le mieux serait que nos étudiants apprennent sur place. Reste à renforcer les moyens de notre université pour qu’elle puisse accueillir le plus grand nombre de bacheliers possible. Il en va de la sécurité et de notre pays et du monde.
Mme la députée, cette année, la répartition des bourses a non seulement été effectuée en partenariat avec la partie marocaine (en ce qui concerne les bourses du Royaume), mais elle a surtout tenu compte des besoins prioritaires des Comores en matière de formation et des choix exprimés par les candidats. Nous avons aussi pris en compte les disponibilités effectives des établissements universitaires en termes de places pédagogiques et, enfin, des conditions d’admission de ces mêmes établissements. La mission conjointe Affaires étrangères/Education nationale, dépêchée au Maroc pour discuter de la gestion de ces bourses, a réalisé, à cet effet, un travail formidable, qui mérite nos encouragements.
Quant à la question de savoir pourquoi l’information n’a pas été portée à la connaissance du public, je dois vous signaler que les premiers intéressés, en l’occurrence les étudiants, en ont bien été au courant. Ensuite, comment voulez-vous qu’on fasse trop de tapage sur un nombre si infime de bourses alors que les candidats se comptent par milliers ? Il y avait aussi un impératif de temps. Le ministère des Affaires étrangères a dû demander aux autorités marocaines de nous accorder un délai de deux semaines supplémentaires pour pouvoir examiner sereinement les dossiers. Le retard qu’on observe chaque année dans notre calendrier scolaire rend les choses encore plus compliquées, vous en conviendrez avec moi.
Question sur les types de formations techniques choisies ?
Répone : Par rapport à votre question relative aux choix des formations techniques et pédagogiques, nous avons tenu compte des impératifs nationaux en matière de formation professionnelle. C’est ainsi que l’on retrouve des formations en maintenance biomédicale, génies mécanique et électriques, génie civil, réseaux et télécom et, enfin, tourisme et hôtellerie.
Question sur le pourquoi on ne favorise pas les familles de revenu modeste ?
Réponse : Mme la députée, le niveau de pauvreté de la famille d’un étudiant ne peut pas être un critère exclusif dans la répartition des bourses. Il y a une série de critères objectifs que le candidat doit remplir pour être éligible. Pour votre information, certains établissements exigent parfois une mention. Je comprends parfaitement votre souci, que je partage par ailleurs, d’aider les familles les plus modestes qui, malgré des moyens très limités, ont pu assurer l’instruction de leurs enfants jusqu’au baccalauréat. Mais, nous travaillons avec des pays amis qui ont déjà défini leurs critères d’attribution de bourses et auxquelles nous ne pouvons imposer quoi que ce soit.
Je voudrais, enfin, profiter de l’occasion qui m’est ici offerte pour regretter certaines déclarations de responsables politiques qui, au sujet justement de la répartition des bourses, cherchent à semer le trouble. Il y a quelques semaines, le secrétaire général du gouvernorat de l’île de Ngazidja a saisi mes services pour déplorer le fait que Ngazidja n’ait pas été servi. Pas plus tard qu’hier, le commissaire à l’Education de l’île d’Anjouan adresse au gouvernement les mêmes reproches et joue la victimisation. Mais où sont allées donc ces bourses si chaque île se plaint de la sorte ?
Je dois vous signaler que le ministère des Affaires étrangères, dans ce dossier, n’est qu’un intermédiaire, une boite aux lettres. Par le passé, la gestion des bourses relevait d’une commission ad hoc, mais on s’est rendu compte finalement que les dossiers n’étaient pas assez travaillés. Les exécutifs des îles ont ensuite demandé à piloter le processus, le résultat n’était pas plus fameux qu’avant. C’est aujourd’hui la direction de l’enseignement, le service compétent, qui gère le dossier des bourses. Et on cherche à jeter l’anathème sur elle.
Il est grand temps de se ressaisir Messieurs les députés. Il ne sert à rien de jeter la suspicion sur les uns et les autres. Nous devons être dignes des responsabilités qui nous sont confiées et éviter de nourrir le ressentiment insulaire par des propos dénués de tout fondement. ©Mirex