Promouvoir la vanille pour le développement aux Comores
Nasmata Ahamada Djaé a intégré depuis deux ans la communauté des producteurs comoriens de vanille. A quarante ans passés, elle a délaissé l'uniforme de son quotidien pour faire ses premiers pas dans l’agriculture avec « Maesha ya lavani », la première coopérative du pays dédiée à la vanille.
« Maesha ya lavani » est la première coopérative du pays dédiée à la vanille. |
« Mes parents ne sont pas du tout issus du monde agricole. La coopérative m’a accompagné tout au long de cette démarche. J’ai eu un appui pour les lianes, les tuteurs et la plantation. J’y ai pris goût et j’en tire les bénéfices aujourd’hui », explique Nasmata.
Elle réserve ces activités aux samedis et dimanches, et travaille le reste de la semaine dans l'un des plus grands hôpitaux du pays. « Désormais, la vanille a une place incontournable dans ma vie. C’est aussi important pour l’éducation de mes enfants ».
Créée il y a trois ans, la coopérative regroupe 54 membres, dont une douzaine de femmes, tous répartis sur l’île de Ngazidja.
Pour sa part, Abdillah Mohamed Saïd, l’un des membres-fondateurs de la coopérative, gagne sa vie avec la vanille depuis son adolescence. « Mon père a guidé mon parcours et m’a poussé à m’investir davantage. Je n’ai aucun regret car la vanille me donne des revenus de loin supérieurs aux salaires des fonctionnaires », assure-t-il.
« Nos parcelles regorgent exclusivement de vanille. Les autres cultures sont vraiment très minoritaires. Personnellement, j’ai planté environ 10 000 lianes sur les trois quarts de ma parcelle. L’autre quart comprend des manguiers, orangers, cocotiers, mandariniers, citronniers… ».
La vanille est la deuxième épice la plus chère du monde après le safran. Les secteurs de la vanille, de l'ylang-ylang et du clou de girofle représentent 80% des exportations des Comores et emploient 45% de la population active de l'archipel - environ 123 000 personnes - plaçant ces secteurs au centre de la politique de développement du Gouvernement et faisant de leur promotion une priorité absolue.
Maesha ya lavani est soutenu par le PNUD et le Centre du commerce international (CCI) dans le cadre d'un projet visant à renforçer le savoir-faire technique et opérationnel des Comoriens dans ces secteurs.
Les coopératives de producteurs telles que Maesha ya lavani contribuent également à promouvoir une production conforme aux normes internationales de qualité, et visent la création de labels de qualité Comores.
En septembre 2016, le Gouvernement comorien a mis en place un Office National de la Vanille dans la capitale pour la promotion économique de l'industrie de la vanille. Cela comprend le développement des techniques et technologies de production et l'amélioration des conditions de travail des producteurs, préparateurs, et surtout des cueilleurs qui sont majoritairement des femmes.
Avec le soutien du PNUD, les opérations de l’Office de la vanille ont débuté le 17 juin 2017 lors d'un événement sous le haut patronage du Président Azali Assoumani.
« Nos agriculteurs en général et les acteurs de la filière vanille sont les véritables artisans du développement de l'Union des Comores », a témoigné le Président.
L'événement a également servi de journée de lancement pour la campagne de la vanille 2017 fixant le prix de la vanille verte ( juste après la récolte ) à environ 48 dollars américains (20 000 francs comoriens) par kilogramme. Cinq kilogrammes de vanille verte produisent un kilogramme de vanille préparée qui se vend à environ 465 $ US, au prix conventionnel.
« Notre appui à l’Office National de la Vanille comprend, entre autres, un siège vert fonctionnant à l’énergie propre, des équipements roulants et informatiques, du mobilier de bureau, de l’expertise, un conseiller, et des frais relatifs à diverses formations », a indiqué le Représentant Résident du PNUD, Matthias Naab.
Compte-tenu de l’importance de la vanille pour l’économie comorienne et de l’adaptation au changement climatique, le PNUD et le Fonds pour l'environnement mondial (GEF) contribuent à mettre en place des champs semenciers de vanille qui produiront plus de 10.000 lianes à partir d'octobre 2017, à travers le Projet « Renforcement des capacités d’adaptation et de résilience du secteur agricole aux changements climatiques en Union des Comores ». ©PNUD