Un ami et grand frère du M11 me somme de préciser ce que je veux... les Assises ou non? Je voulais croire à des Assises telles que le M11 l...
Un ami et grand frère du M11 me somme de préciser ce que je veux... les Assises ou non? Je voulais croire à des Assises telles que le M11 les avait conçues au départ: une opportunité historique d'examiner les 42 d'indépendance, pour voir ce qui freine le décollage socio-économique, et y remédier, le tout sur fond de réconciliation et vérité. Mais en même temps, j'avais gardé une lucidité.
C'était l'attitude du M11 en 2015 qui m'avait engagé à cette dernière... Je n'avais trouvé en lui ni la force ni le sérieux pour un tel dessein. La moindre des choses, le M11 devait marquer sa différence ou au moins s'émouvoir de la jurisprudence de la CC des Comores qui a réaffirmé la tournante dans sa dimension" insularisante". A partir de là le M11 s'est disqualifié et son existence, c'était plus un effet de mode que le signe d'un vraie lame de fond qui avait traversé la pays.
On ne pose donc pas la question de savoir si Ahmed Bourhane est pour ou contre les Assises. Cette dictature des Assises n'a pas sa raison d'être pour peu qu'on se figure qu'on ne doit pas surestimer des Assises, hypertrophier leur importance. Les Comores n'ont pas besoin d'Assises pour se reformer, mais d'une volonté, d'engagement politiques sincères de faire évoluer les Comores vers la construction d'un Etat de droit qui implique le respect de nos lois, de règles de fonctionnement de celui-ci. Ne vous en déplaise!
Ce qu'Azali fait avec la complicité du 21 n'augure rien de bon pour l'avenir. Les mêmes causes produisent les mêmes effets quel que soit le contexte. Mais au-delà de cet aspect des choses, mon ami et grand frère du M11 ne doit pas minimiser le risque et les conséquences d'une domestication des Assises... Une initiative politico- citoyenne, généralement n'a pas de place dans une constitution.
On y recourt parfois dans les situations de crise. Qu'on nous dise que c'est le cas ! Comment et par qui nous y sommes arrivés? Ai-je besoin de rappeler aux gens du M11 qu'Azali, qui s'est subitement découvert une vocation douteuse nouvel dans les Assises a plaidé la tenue de celles-ci en invoquant un contexte de stabilité.
Alors je suis clairement contre des Assises assimilées à un programme de gouvernement fléchées sur un concept vague et éthéré d'émergence, faisant l'objet d'un décret présidentiel. Les gens du M11 ne peuvent aucunement prétendre reformer les Comores avec de vieilles méthodes éloignées du respect de la constitution. Sur quoi Azali se base-t-il pour décréter des Assises non prévues par notre constitution? Macron a pris des décrets sur la loi Travail.
Mais il avait clairement annoncé avant son élection qu'en cas de victoire, il initierait une concertation avec les différents partenaires pour reformer le code du travail. Il y a eu légitimation à priori et non à postériori. De la part d'Azali décréter des Assises citoyennes pour contourner la loi alors qu'ils s'y était opposé, c'est se situer dans des conditions de décret proches du coup d'Etat.
Mon ami et grand frère me demande " pour faire quoi", "avec qui" et "avec quels moyens". Je le dis à lui et à ses pairs qu'il n'y a pas de fatalité des fausses assises, au point des les faire avec ceux qui violent la loi et les règles de la république, de troquer la nécessaire indépendance de celles-ci contre quoi que ce soit.
Non mon ami et grand frère, on ne peut faire des Assises de l'émergence comme cela est inscrit en filigrane dans l'article du dit décret. L'émergence, vous pouvez y croire, mais vous ne pouvez laisser celle-ci ériger en point focal des Assises devant être une occasion de mise en place des mécanismes politico-institutionnels. Les Assises devaient être le lieu d'une réflexion profonde, large et contradictoire sur le problème comorien.
La légitimation d'un programme de gouvernement telle que l'émergence doit s'opérer à travers les instruments prévus par la constitution: les urnes démocratiques. On peut faire confiance à l'intelligence des comoriens dans leur capacité à juger, à discerner et à acter l'émergence ou pas.
L'imposer à travers des Assises censées poser un regard pluriel sur le problème comorien est une tricherie, une aventure dangereuse. Le membres du M11 doivent s'en désolidariser sous peine d'être taxés de pyromanie, d'opportunisme politique, ou de quête maladive et existentielle.
Après tout qui a dit que les gens du M11 sont des sains, que le pauvre vieux Bezi Selim est Desmon Tutu? D'où vient cette auto-proclamation? C'est tout le sujet de ses Assises.
A.BOURHANE