On aurait envie de dire enfin, à la parution du décret présidentiel portant organisation des fameuses Assises, mais on a dû déchanter comme...
On aurait envie de dire enfin, à la parution du décret présidentiel portant organisation des fameuses Assises, mais on a dû déchanter comme vous le constaterez, à l'explication de texte que nous allons vous livrer.
1.
Un
texte bâclé pour détourner l'attention des bilans du pouvoir d'Azali
En effet, c'est un texte truffé de fautes, dont nous
relevons les plus savoureuses (Article 2 Les Assises Nationales.....ils
ont pour …., les principes républicaines, de l'Histoires du pays,
Art 5 le comité de pilotage........et composé comme suit, le budget de
Comité de …., Comité de pilotage issue, le présent décret.....publiée, sans compter l'abus de majuscules à tout va)
Ce n'est pas puéril de relever toutes ces incorrections,
car cette mauvaise forme dénote, en réalité sinon une incompétence, mais
certainement l'impréparation et l'affolement d'un pouvoir qui s'emballe et ne
sait plus où donner de la tête.
2.
Des
erreurs de fond qui dénotent les intentions réelles du pouvoir :
Le comité de pilotage « arbore une
neutralité face à l'État
et aux partis politiques », Le terme arborer veut dire présenter,
afficher ; on arbore un drapeau ; ici, il s'agit de façade, c'est à
dire que le comité n'aura de neutralité qu'en apparence et qu'en réalité, il
sera inféodé au pouvoir.
Deuxième grande erreur :
·
Article 5 :
« Le Comité de Pilotage des Assises Nationales élit son bureau Exécutif
(BE) qui assure sa direction et composé comme suit : - Un
président........ »
·
Article 7 :
« ….....Le (a) Président(e) est nommé (e) par le chef de l'État sur proposition
…......... »
Alors qui choisit le président du Comité et qui
commande le Comité de Pilotage ? Le comité ou Azali ?
Azali ici révèle tout bonnement ses
intentions de caporaliser les Assises, comme on va le voir :
·
Article 2 :
« Les Assises Nationales ont pour objet l'organisation d'un cadre de
réflexion pour consolider l'unité nationale et poser les bases d'une nouvelle
gouvernance propre à assurer le décollage économique et social dans la paix et
la sérénité en vue d'atteindre l'émergence. Ils ont pour mission essentielle
l'examen de l'ensemble des questions clés qui pèsent sur le devenir du pays et
d'impulser une nouvelle dynamique dans la conduite des affaires de l'État tout en respectant
les principes républicaines. »
Sur
l'objet des assises ainsi stipulé, on peut dire ceci :
1
Il n'est pas question de bilan de 40 ans
d'indépendance, n'en déplaise au groupuscule du M11, et de tous les naïfs,
embarqués dans cette vaste supercherie des Assises.
2
« Sur
la consolidation de l'unité nationale » : Azali vise ici, la
modification des institutions, de la tournante et de la constitution pour se
maintenir au pouvoir ; car s'il s'agit de l'amélioration du vivre
ensemble, ce qui compte c'est la pratique du pouvoir : respect de l'autre,
de l'autonomie la souveraineté et de la personnalité des îles, une politique de
justice et d'équité dans les dotations et dans le développement, autant de
questions sur lesquelles Azali a marché de ses grosses bottes.
3
« Une nouvelle gouvernance....une nouvelle
dynamique dans la conduite des affaires » Azali dénonce-t-il ici sa
mauvaise gestion des affaires qui freine l'évolution et le développement du
pays ? Sans doute, sinon pourquoi en chercher une nouvelle ?
4
« Le décollage …. en vue d'atteindre
l'émergence » Azali serait-il élu pour nous conduire à l'émergence, ce
nouveau « Rehemani » ?
Dans ce cas-là, il aurait fallu expliquer aux citoyens, ce que c'est
l'émergence et ce que cela implique pour le pays.
·
Dans
l'article 3, le décret précise les missions du Comité de pilotage …« -
Organise les consultations citoyennes nationales (CNN) ou ciblées et des
auditions sur les pages sombres de l'Histoire du pays » Voilà une mission très dangereuse et une
démarche peu propice à un « climat de paix et de sérénité » :
En effet,
quelles sont ces pages sombres de l'Histoire du pays :
– S'agit-il
de cette indépendance précipitée et pas suffisamment mûrie ?
– S'agit-il
du putsch du despote sanguinaire Ali Swalihi qui a cassé l'indépendance, moins
d’un mois après sa proclamation et qui a favorisé la rupture avec Mayotte,
livré le pays au mercenariat et instauré une dictature sanguinaire?
– S'agit-il
de réfléchir enfin sur les vrais fondements de la sécession de Mayotte, en
n’occultant aucunement la responsabilité des pouvoirs et du système en
place ?
– S'agit-il
de faire la lumière sur le phénomène dit « NDIMU » qui a consisté
en une vaste ratonnade à l'encontre des Anjouanais de Ngazidja, organisée par Azali pour perpétrer son
putsch de 1999 ?
– S'agit-il
de faire la lumière sur tous les putschs et tentatives de coups d'état qui ont
fait de ce pays, le champion de putschs toutes catégories confondues ?
– S'agit-il
de faire le bilan du pouvoir obscur de
Sambi qui a commis des crimes aussi ignobles que d'ouvrir le pays au chiisme
politique, bradé la nationalité comorienne au banditisme et à l'extrémisme
religieux et cassé une constitution, fruit de la concorde nationale, en abrogeant « l'autonomie des
îles », principe fondateur et intouchable de cette constitution ?
– S'agit-il
de faire la lumière sur la dictature rampante d'Azali qui met à mal le vivre
ensemble, en menant une politique injuste vis à vis des Anjouanais, et en
confisquant progressivement les libertés démocratiques au profit d'une violence
militaire intolérable ?
– Ou
s'agit-il de faire le procès des Anjouanais et du mouvement anjouanais, comme
cela semble être l'intention du pouvoir ?
Dans ce cas-là, qui a l'aura politique et humaine
pour jouer le rôle de Desmond Tutu dans
le mouvement « vérité et réconciliation» dans le groupuscule M11 ou
dans le pouvoir ?
Et si c'est
bien l'objectif visé, alors il faudra donner toute sa place au mouvement
anjouanais dans ces assises à parité, pour qu’il y ait un véritable débat juste et équitable aussi bien sur cette
période que sur les enseignements à en tirer au niveau des institutions.
En tout cas, il ne peut y avoir un véritable essor
dans le développement de ce pays, sans la prise en compte de l'insularité et
des spécificités propres à chaque île.
C'est pour ces raisons qu'il faut revenir aux
institutions issues des accords de Foumboni en 2001 consacrant une large
autonomie et une souveraineté des îles, avec la possibilité d'établir des
accords de coopération avec des régions ou des pays amis.
Vive
l’Union des États des
Comores et la souveraineté reconnue à chaque île !
La voix des Anjouanais en colère,
Anli Yachourtu JAFFAR