Madagascar : détournement de fonds au sein des pharmacies publiques
Antananarivo, le vendredi 25 août 2017 - Alors que Madagascar est déjà l’un des pays les plus pauvres de la planète, occupant la 169e place sur 187 en matière d’indice de développement humain selon les critères du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), son gouvernement vient de révéler un vaste détournement de fonds au sein des pharmacies publiques des hôpitaux et des centres de santé communautaires. Au total, ce sont plus de 760 millions d’ariary (environ 220 000 euros) qui ont disparu des caisses de ces établissements depuis 2009, grevant profondément les budgets d’achat de médicaments.
Ces détournements qui ont été établis à la suite d’audits lancés par la direction de la Pharmacie, des laboratoires et de la médecine traditionnelle(PLMT) ont été perpétréspar plusieurs sociétés de prestation privées qui ont été appelées à gérer les services pharmaceutiques du secteur public il y a de cela presque 10 ans. D’après le docteur Nicole Mahavany, directeur du PLMT, citée par le quotidien en ligne L’Express de Madagascar, « ce phénomène a été constaté dans presque toutes les régions » et des poursuites à l’encontre des auteurs présumés ont d’ores et déjà été lancées par le ministère de la Santé publique. Même si certains d’entre eux ont déjà été condamnés, la plupart n’a pas remboursé les sommes détournées et il peu probable qu’elles le soient un jour.
Pénurie de pharmaciens fonctionnaires
Si l’Etat a dû se tourner vers le secteur privé pour sous-traiter la gestion des pharmacies internes à ses établissements de soins, c’est en grande partie à cause d’un manque important de pharmaciens fonctionnaires. Jusqu’à très récemment, seules 6 % des unités de pharmacie étaient en effet gérées par des agents du ministère de la Santé en raison d’une absence de cursus universitaire adapté au sein du système éducatif malgache. Jusqu’au début des années 2000, les étudiant de l’île souhaitant suivre une formation de pharmacien étaient donc obligés de s’exiler à l’étranger et très peu d’entre eux qui revenaient, diplôme en poche, étaient enclin à s’engager dans un secteur public très peu attractif sur le plan salarial.
Depuis quelques années, la tendance est heureusement en train de changer et l’Université d’Antananarivo, la capitale du pays, propose désormais une filière de formation aux métiers de la pharmacie. Bien qu’ils soient vivement incités à intégrer le corps de la fonction publiques, les premiers pharmaciens formés localement ne suffisent pas pour l’heure à combler le déficit accumulé au fil des années et l’Etat ne peut toujours pas se passer du service de prestataires extérieurs. A l’heure actuelle, il n’y encore que 12 pharmacies des hôpitaux du pays sur les 73 existantes qui soient tenues par des pharmaciens fonctionnaires. En attendant que ce chiffre augmente, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) qui est partenaire du ministère de la Santé malgache a émis de recommandations pour améliorer la gestion des pharmacies publiques et renforcer la surveillance de leurs comptes.
Benoît Thelliez ©jim