Comment améliorer le système éducatif comorien afin de lutter contre l’échec scolaire ?
Comment améliorer le système éducatif comorien afin de lutter contre l’échec scolaire ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour remédier ces processus enseignement/apprentissage du français langue étrangère ?
On s’accorde à dire en bloc que le système éducatif comorien est mal en point, mais on ne s’intéresse pas à scruter avec le plus grand soin les causes fondamentales qui constituent et jugulent les réalités pédagogiques, entre autres, les mécanismes d’enseignement/apprentissage des langues. Il est bon de noter que trois axes cardinaux structurent notre réflexion : la maîtrise de la langue française, le rôle de l’enseignant et le choix du programme mis en place par le gouvernement. Dès l’abord, il ne faut pas perdre de vue dans cette dimension que la maîtrise de la langue française et la stratégie didactique doivent correspondent aux deux priorités qui sous-tendent notre action aujourd’hui, la prévention de l’illettrisme et l’apprentissage de règles. Il est fort intéressant d’insister sur ce point que l’enfant est inscrit à l’école pour apprendre à lire et à écrire.
Il en est de même que l’école primaire est sans doute l’une de meilleurs au monde car elle joue un rôle de première importance pour assurer une maîtrise progressive du langage. En réalité, les enseignants doivent accompagner le jeune enfant dans cette voie, en créant de nombreuses situations d’échanges, en inscrivant le langage dans l’expérience ; ils l’aident à se servir du langage pour évoquer des évènements passés, à venir ou imaginaires. L’ouverture sur le monde de l’écrit est également au cœur de leurs missions : les enfants découvrent certaines fonctions sociales de l’écrit, tracent des écritures à travers les prises de conscience graphophonologiques, prennent conscience des réalités sonores de la langue, découvrent le fonctionnement du code scriptural et s’imprègnent d’une première culture linguistique et littéraire. Effectivement, ces versants pédagogiques fonctionnent de manière optimale dans un pays où le français est la langue maternelle.
Or il ne faut pas nier l’évidence que l’enfant comorien achève son cycle 3 avec de niveau d’acquisition lexicale très restreinte. Sa palette lexicale est limitée et il parvient à atteindre la classe de terminal avec des lacunes langagières significatives. En bref, il m’importe que la langue française doive être un domaine disciplinaire car il fait l’objet d’un enseignement spécifique, mais son apprentissage concerne aussi tous les champs disciplinaires de l’école. L’élève de terminal doit être capable de maîtriser et de structurer des énoncés corrects par l’entremise de l’enseignant qui veillera à mettre en jeu la conduite d’étayage et d’apporter de remèdes d’ordre sémantico-lexical, morphosyntaxique etc. L’objectif est d’obtenir une syntaxe plus assurée, une véritable agilité verbale, un vocabulaire plus précis, une orthographie appropriée, une bonne organisation rédactionnelle (notamment pour les accords en genre et nombre, les relations entre le sujet et le verbe), un usage des temps verbaux adéquat aux projets d’écriture.
En définitive, il est temps et opportun que le Ministère de l’éducation nationale examine, peaufine et vérifie si les différents programmes que ce soient la programmation de contenus d’enseignement, déterminée en conseil de cycle ou la programmation de classe correspond aux objectifs généraux, intermédiaires et spécifiques. Cela dit, ces objectifs liés à la didactique et à la pédagogique du français doivent se traduire par des besoins linguistiques, discursifs, pragmatiques, communicatifs, socioculturels, contextuels etc.
On attend par là que l’enseignant, détenteur, dispensateur du savoir-savant soit capable de savoir-faire, de savoir-faire communicatif organisés en vue d’accomplir une activité d’apprentissage souvent complexe. L’ensemble des compétences permet de former la capacité. C’est un savoir-faire en situation lié à des connaissances déjà intériorisées. On ne peut l’observer que par la réalisation des tâches demandées au moment de l’évaluation (performance ou comportement observable). L’enseignant doit procéder à l’évaluation formative ou formatrice afin qu’il puisse aider l’apprenant à réaliser les différentes tâches proposées (commentaires, dissertations, textes argumentatifs).
Il veillera à mettre en application la pédagogie différentielle, démarche déductive et appropriative puisqu’elle correspond à une approche active. Par conséquent le savoir est découvert par l’élève, par étapes : les élèves ont donc un rôle actif (participer, débattre, chercher) et le rôle d’enseignant est aider l’élève à résoudre les tâches proposées par étayage. Dans cette perspective, l’erreur n’est plus une faute mais une étape dans une démarche de découverte et elle est corrigée (par l’enseignant, en collaboration avec l’élève) au cours de l’apprentissage. En toute logique, l’élève devient un acteur social de son apprentissage selon l’approche communicative et actionnelle. Contrairement à cela, le système éducatif comorien se fonde essentiellement sur une démarche frontale ou magistrale puisqu’elle correspond à une démarche transmissive c’est-à-dire un ensemble des règles à apprendre, associée à un contrôle de connaissances. Le savoir-savant est donc transmis par l’enseignant.
Le rôle des élèves est d’écouter, prendre des notes, faire des exercices et préparer des contrôles. Ce qui importe ce que les enseignants comoriens ne se contentent pas de corriger les exercices, mais ils se polarisent leur savoir-faire sur des théories. Il faut prendre acte enfin que l’accès à l’éducation des enfants comoriens s’est amélioré ; mais la qualité de l’éducation a beaucoup souffert à cause notamment de l’incapacité du système éducatif à fournir des enseignants qualifiés et formés en nombre suffisant, ainsi que des programmes d’études répondant aux besoins d’un monde qui change.
BACAR AZIHAR ABDOU