Abdou Ousseni: Président mort-né ou plus exactement étouffé dans le silence abyssal du ventre d'une mère vorace et sans état d'âme
Cela fait plusieurs semaines que le Président de l’Assemblée nationale des Comores est France. Sa discrétion est totale et s’assimile à une véritable planque. Fait exceptionnel quand on sait qu’en France, les hommes politiques comoriens de passage ne se privent pas de la moindre occasion pour s’adresser à leurs compatriotes qui y sont installés et se soumettent volontiers à l’exercice. Fait également d’autant plus rare qu’Abdou OUSSENI vient d’annoncer sa candidature à la présidence de l’Union des Comores en 2021 au titre de la présidence tournante d’Anjouan à laquelle il reste très attaché, selon ses dires.
S’agit-il ici d’un profil de président à la Dhoinine Ikililou ? La comparaison serait osée puisque ce dernier, assurant un service minimum en matière de communication, prenait toujours la peine de rencontrer les compatriotes de la diaspora et répondait à leurs sollicitations. S’agit-il d’un manque de raffinement de la part de celui ambitionne de représenter les Comores à l’extérieur à partir de 2O21 ? Difficile de le croire quand on connait l’homme, celui qui s’est fendu d’un cours en matière de courtoisie et de protocole le jour de son rendez-vous manqué avec le gouverneur Salami, et qui ne boude aucunement les médias.
Officiellement, le président de l’Assemblée nationale est en France pour des soins après avoir inauguré avec faste aux côtés d’Azali, son nouvel allié, l’hôpital « émergent » de Bambao Mtsanga et ne souhaite pas que l’on trouble sa retraite sanitaire actuelle. Mais quelque part où il se trouve en France, il ne peut s’empêcher de parler de politique comorienne tellement la corruption qui gangrène le pays est un sujet qui le préoccupe au plus haut point. Evidemment cela prête à sourire de la part d’un homme élu président de l’Assemblée dans des conditions controversées, avec l’aide des militaires, et qui a besoin de comprendre que tout détournement de procédure est assimilable à une forme de corruption.
A son niveau, il participe à la corruption ambiante. Ce n’est pas un secret que le futur président des Comores s’inscrit paradoxalement dans le processus de mise à l’écart de la représentation du peuple au profit des Assises, au transfert sournois et anticonstitutionnel de la souveraineté du peuple acquise dans les urnes à des gens siégeant dans des Assises n’ayant pas vocation à faire des lois. Nous ne sommes pas en temps de crise, explique Azali ! Comment des Assises ne pouvant être alors érigées en Assemblée seraient-elles susceptibles de prendre le dessus sur la représentation nationale issues des urnes sous l’œil bienveillant du président de cette institution en plein exercice ?
Le futur président des Comores, en actant le principe des Assises souveraines sous la chicote, laisse s’installer une situation non constitutionnelle, et donne corps au coup d’Etat rampant que nous vivons. Mais cela n’est pas étonnant de la part d’Abdou qui a dévoyé le rôle de la représentation nationale. Cette dernière est improductive, avec très peu de loi, et celles-ci sont souvent folkloriques ! Mais surtout la représentation nationale actuelle troque le contrôle de l’action du gouvernement au profit d’un suivisme. Le pouvoir Azali attribue des marchés en violation de la loi parlementaire en la matière. Il se passe de loi de finance rectificative, ce qui n’est pas de nature à garantir la régularité et le sérieux dans l’exécution du budget. Le ministre de l’Intérieur porte atteinte aux lois parlementaires et constitutionnelles au quotidien et se met au-dessus de l’article 32 de notre constitution concernant le limogeage d’un ministre.
Quelques faits qui illustrent la responsabilité directe et avérée du futur président de l’Union des Comores dans ce qu’il dénonce. Ce qui est en cause ici ce n’est pas la Tournante. C’est son manque de responsabilité et le non-respect de l’institution qu’il dirige. Mais pourquoi alors ressasser le sujet de la corruption quand on y participe soi-même ? Faut-il voir une manifestation d’une forme de réalisme après avoir pris conscience d’une tare de la société et échoué à la corriger ? D’où la brutale discrétion dans laquelle s’emmure le futur président des Comores ? Peut-être ! Après tout le futur président de l’Union des Comores est capable de clairvoyance…
Mais l’hypothèse la plus probable pour expliquer sa soudaine discrétion, sa planque en France, et son refus inhabituel de communiquer est le recadrage dont Abdou Ousséni a fait l’objet de la part de la CRC qui n’accepte pas qu’un transfuge les représente en 2021. En effet, quelques jours après ses déclarations à la presse défendant la Tournante comme tremplin devant le conduire sans coup férir à Beït-Salam en 2021 comme candidat de la CRC, de manière fine et par le truchement de l’homme lige Moustadrane à ORTC, Azali douche les ambitions du président de l’Assemblée. Le tripatouillage en vue de la Tournante ne va pas dans le sens du suffrage universel indirect sur lequel il comptait bâtir sa victoire aux élections de 2021 , mais carrément dans celui de la prolongation et du principe du renouvellement du mandat présidentiel, un costume à tailler pour un autre…
Le président de l’Assemblée nationale suiviste serait donc dans une mauvaise posture. Le système qu’il a contribué à mettre en place est en train de le broyer, tel l’arroseur arrosé ! Peut-il se rebeller contre le système pour être honnête vis-à-vis des anjouanais à qui il a promis d’être le premier défenseur de la Tournante, il y a quelque temps ? Et se rallier à sa famille politique naturelle l’UPDC aujourd’hui dans l’opposition et assumer le statut de nouvelle première victime de la roublardise d’Azali ? Il a une petite faiblesse aisée à deviner et Abdou Ousseni semble déjà avoir choisi son camp, celui de se ranger et pour se ranger quoi de mieux que de se taire pour ne pas gêner le maître par une déclaration malencontreuse.
Vous aurez compris qu’Abdou Ousseni défendait bec et ongle une Tournante anjouanaise qui avait vocation à le propulser à la tête du pays, mais depuis le recadrage, le président de l’Assemblée nationale ne défend plus une Tournante anjouanaise en contradiction avec les ambitions d’Azali qui le tient par la barbichette. Abdou Ousseni est du coup un président mort-né ou plus exactement un président étouffé dans le silence abyssal du ventre d’une mère vorace sans état d’âme. Qui sera la prochaine victime de la roublardise d’Azali ? Il y a des vocations au kamikaze, c’est tout ce que je peux dire…
AHMED Bourhane