Chaker Alhadhur, le Comorien qui ne veut plus regarder passer les trains
Sous contrat jusqu'en juin 2019 avec Caen, le latéral international comorien Chaker Alhadhur a été prêté sans option d'achat à Châteauroux en Ligue 2. Mis plusieurs mois de côté par son ancien entraîneur, Alhadhur a bien l’intention de relancer sa carrière. Et il compte aussi briller avec la sélection des Comores en éliminatoires de la CAN 2019.
Chaker Alhadhur avec le maillot de Caen, le 7 novembre 2015. CHARLY TRIBALLEAU / AFP |
Selon l'écrivain français Marcel Proust : « Il n’y a pas de réussites faciles ni d’échecs définitifs ». Une citation qui peut illustrer le parcours de Chaker Alhadhur, tombé dans la marmite du football à l’âge de 5 ans du côté de Nantes.
Alhadhur a connu des hauts et des bas. S’il a disputé son premier match de Ligue 1 avec les Canaris en 2013 face à Lyon à Gerland (après plusieurs apparitions en Ligue 2), tout n’a pas été rose pour le gamin de Loire-Atlantique. Il quitte sa ville natale à l’été 2015 pour s’engager avec Caen en Normandie, alors que Michel Der Zakarian ne compte plus sur lui. Un exil forcé, même si « le projet est bon ». Les débuts sont prometteurs, la première partie de saison se passe bien avec 10 matches dont 8 comme titulaire.
« Ça n’a pas été facile, je n’ai jamais voulu lâcher »
Ensuite, les choses se gâtent, la magie du football n’opère plus. « Je n’ai plus joué et franchement je cherche encore les raisons. C’était les choix du coach, c’est tout », soupire Alhadhur. Le temps du purgatoire dure 15 mois avec la réserve de Caen. Il ronge son frein, vivant « une situation compliquée » et attendant un hypothétique prêt pour rebondir. « J’ai fait une année blanche. Ça n’a pas été facile, je n’ai jamais voulu lâcher et j’ai continué à m’entraîner du mieux possible et toujours à fond », avoue-t-il. Deux entraîneurs qui lui sont hostiles à la suite, l'addition commence à être salée.
Après ces déboires, Chaker Alhadhur, 25 ans, savait pertinemment qu’il serait impossible de retrouver une place en Ligue 1 : « Les clubs aiment recruter des joueurs qui se sont illustrés la saison précédente. » Nouvel objectif : reprendre du plaisir avec Châteauroux (qui vient de remonter en Ligue 2) avant de penser à revenir dans l’élite du football français. « C’est le principal pour moi », lâche le défenseur, capable d'évoluer côté droit ou gauche. Le train passe rarement deux fois.
S’il s’épanche, prenant conscience qu’il a certainement ses torts, Chaker Alhadhur n’a pas l’impression d’avoir perdu du temps. « Au finale, avec cette situation délicate, j’ai beaucoup appris sur moi. Peut-être que je n’ai pas fait les choses nécessaires pour jouer en Ligue 1. J’ai sûrement négligé des détails, mais en croyant bien faire. A moi de donner le maximum pour revenir au premier plan. Aujourd’hui, je ne vais pas laisser passer cette chance », argumente-t-il.
« A chaque sélection je retrouvais le sourire »
Dans ces temps ponctués d’incertitudes et de doutes, Chaker Alhadhur a trouvé du réconfort avec la sélection des Comores. S’il avait pourtant hésité à dire oui aux Cœlacanthes, alors que papa et maman se posaient aussi des questions, aujourd’hui, il tire un coup de chapeau à la sélection nationale.
« Avec eux, j’ai pu rester en vie ! A chaque sélection ( la première en mars 2014) je retrouvais le sourire quand parfois c’était dur moralement. J’avais l’impression de m’évader et ça me faisait du bien. J’avais la chance de jouer et de faire de bonnes prestations. Ça m’a donné de la force », explique-t-il. « J’espère que notre football va continuer à grandir car le groupe compte beaucoup pour moi. Je crois que l’on fait des choses bien », ajoute-t-il alors que les Comores jouent la phase de qualification à la CAN 2019 dans le groupe des Marocains et des Camerounais.
Du coup, il n’y aura qu’un seul qualifié puisque le Cameroun reste pour le moment le pays organisateur de cette nouvelle CAN à 24. « Nous sommes ambitieux et soudés. Même si nous avons perdu le premier match face au Malawi (0-1) », lance-t-il.
Les Comores, emmenés par Amir Abdou, qui lui a aussi conseillé de « prendre le bon wagon », sont constamment en progression. Même si la nation « a peu de moyens », comme le souligne Chaker Alhadhur. « On joue pour la pays et pour rien d’autre », avance-t-il. Pour l’heure, entre Châteauroux et la sélection, Chaker Alhadhur a la possibilité de retrouver toutes les sensations d’un footballeur en activité. Moralité : ne jamais laisser un échec ruiner son futur. Par Farid Achache - RFI